Jean-Philippe Giroux – IJL Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse
En janvier 2021, la Fédération culturelle acadienne de la Nouvelle-Écosse (FéCANE) a reçu des fonds d’urgence de Patrimoine canadien afin d’aller au-delà de la programmation régulière.
Sachant que tout le monde était en train de produire des vidéos, en contexte pandémique, la FéCANE voulait mettre sur pied une initiative pour présenter les projets vidéos des organismes membres.
C’est alors qu’elle a conçu la première version de la plateforme TÉLÉNÉ, lancée en mai 2021. Comme sur Netflix, on peut choisir des projets des quatre coins de la province qui touchent, entre autres, la cuisine, la musique et les récits humains.
TÉLÉNÉ a maintenant son propre site Internet. Initialement, il y avait une vingtaine de vidéos produites. Deux ans plus tard, l’offre de cette chaine communautaire s’est multipliée, avec des œuvres qui mettent en valeur les jeunes et les aînés, dont les documentaires Raconte-moi un souvenir et La Mame de Pomquet.
Vidéothèque acadienne
Depuis la fin de la pandémie, il semble y avoir un peu moins d’engagement sur la plateforme, explique Luc d’Eon, directeur général de la FéCANE, puisque les membres ont dorénavant le choix de faire que des spectacles en personne.
Par contre, il remarque que certains font encore des diffusions en direct ou des captures vidéos. « On dirait qu’il y a quand même quelque chose qui a resté, depuis ces temps-là, de 100 % en ligne et en vidéo. »
Il trouve bien que TÉLÉNÉ peut servir d’archives des divers contenus réalisés durant la pandémie. « Ça serait peut-être facile à oublier, si on les mettait pas dans un lieu [où] le monde peut facilement aller les chercher », fait remarquer le directeur général.
C’est aussi une chance unique de découvrir ce qui se passe dans d’autres communautés, ce qui n’était pas toujours possible de faire auparavant. « Tu peux pas tout voir, lance M. d’Eon, tu vis dans une place ! Tu connais ce qui se passe dans ta communauté ou tu suis un petit peu les nouvelles de toute la province, mais d’aller voir les vidéos qui ont été produites dans chaque communauté, c’est pas mal cool ! »
Le partage ne se limite pas aux partenaires. En fait, n’importe qui avec un lien YouTube peut soumettre sa vidéo à la FéCANE afin de l’ajouter à TÉLÉNÉ. Aujourd’hui, on y découvre même des épisodes de balado de L’Acadjonne et CTRLZ.
M. d’Eon aimerait bien que plus de monde fasse du contenu en français pour élargir l’offre. Or, il reconnait que produire des émissions, c’est beaucoup de travail, surtout à un rythme hebdomadaire.
L’année prochaine, la FéCANE songe à réaliser d’autres vidéos, dont un projet cet hiver dans la région acadienne de Chéticamp sur la chanson traditionnelle, « qui est très importante dans leur culture et encore très vivante, à ce jour ».
Un amour pour la vidéographie
Plusieurs des vidéos sur TÉLÉNÉ sont réalisées par le directeur général. À un jeune âge, Luc d’Eon jouait avec les appareils photo de son père. Plus tard dans la vie, il a commencé à produire du contenu vidéo pour des spectacles de Noël, lorsqu’il était enseignant de musique à l’École Bois-Joli. Il a aussi réalisé une série de capsules avec des jeunes de l’école, durant cette même période.
M. d’Eon a beaucoup appris sur le tas, mais aussi des vidéographes comme Anthony Poulin. Il n’y a pas beaucoup d’opportunités en région afin de devenir vidéaste professionnel, mentionne-t-il, donc il s’est senti chanceux de pouvoir suivre une formation avec lui.
Et maintenant, d’autres personnes apprennent de lui. Il se souvient notamment des jeunes avec qui il a travaillé lors du tournage de Raconte-moi un souvenir, curieux de comprendre ce qu’il faisait avec sa caméra. Peu de temps après, M. d’Eon a appris que ces jeunes venaient tout juste de suivre une formation avec l’Académie du cinéma.
Selon lui, il faudrait faire un suivi avec ces élèves et nourrir cet intérêt, car il manque de la main-d’œuvre qualifiée. « On cherche toujours des personnes à nous appuyer dans nos projets pis, des fois, c’est difficile de trouver quelqu’un. »
Il ajoute que la FéCANE serait heureuse d’appuyer les nouveaux apprenants et de leur donner des chances de se pratiquer.