Jean-Philippe Giroux
IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse
Du 14 février au 22 mars, dans le cadre d’une consultation en ligne, les membres de la communauté acadienne, y compris les résidents de la Nouvelle-Écosse et les personnes hors du pays, pourront se prononcer sur le sujet.
Le lien pour voter sera diffusé sur de multiples plateformes. Un seul vote par adresse IP sera permis.
Nous avons voulu mettre en place un processus crédible et rigoureux afin de favoriser une réflexion basée sur des critères objectifs et diversifiés, et, bien entendu, engager la population dans cette réflexion.
Le Groupe de travail sur le nouveau nom de l’Université a tranché, sélectionnant trois options de nom: Université d’Acadie, Université francophone Atlantique et Université Nouvelle-Acadie.
«Nous avons voulu mettre en place un processus crédible et rigoureux afin de favoriser une réflexion basée sur des critères objectifs et diversifiés, et, bien entendu, engager la population dans cette réflexion», déclare Lise Ouellette, porte-parole du Comité citoyen.
Pour que le vote soit crédible, le comité s’est fixé un objectif d’au moins 5000 répondants.
À la fin de la période de consultation, le résultat du vote sera envoyé, en avril, à la direction de l’Université, qui le rendra public en même temps, pour une demande de réévaluation de la question.
«On n’a pas de plan au-delà de la réunion d’avril du Conseil de l’Université, précise Mme Ouellette. On verra à ce moment-là. On est conscient que c’est un travail qui demande une grande patience. Ce n’est pas un changement qui est facile. Donc, nous, on accepte la nécessité d’un processus.»
«C’est une loi privée, la charte de l’université, donc il faut que l’université elle-même se prononce sur la question», ajoute-t-elle.
Depuis plus de 60 ans
Le Comité citoyen pour un nouveau nom milite depuis plusieurs mois afin que «l’Université cesse d’honorer le nom d’un des grands responsables de la Déportation des Acadiennes et des Acadiens».
L’usage de Moncton, tiré du nom de la ville où se situe le campus principal, mais aussi de l’administrateur colonial britannique Robert Monckton, l’un des hommes à la tête de la Déportation, a été critiqué à maintes reprises depuis la création de l’université par des comités, des commissions et des gens influents.
C’est maintenant au tour du Comité citoyen de tenter de changer la situation. L’objectif est toujours le même: donner à l’institution un nouveau nom, qui reflète mieux la population desservie.
Rappelons qu’en novembre 2023, à la suite de la circulation d’une pétition la même année ayant recueilli environ 1400 signatures ainsi que de la pression de la part de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick, la politologue Stéphanie Chouinard et l’historien Maurice Basque ont déposé un rapport dans lequel l’on conclut qu’un changement de nom couterait jusqu’à 4,6 millions de dollars.
Le Conseil de l’Université a alors mis fin au débat, proposant plutôt de développer une stratégie et des outils pour mettre en contexte l’origine du nom de l’université.
Selon le Comité citoyen, qui a demandé en avril dernier à quatre experts d’évaluer à leur tour les couts, il faudrait beaucoup moins d’argent pour effectuer la tâche, soit 1,2 million de dollars.
Le nom idéal, selon les critères
Lise Ouellette explique que l’automne a été une saison consacrée à deux initiatives majeures: la progression des travaux du groupe de travail pour le choix du nouveau nom de l’université et la planification d’une initiative pour engager la population dans ce choix.
Autour de 260 personnes ont fait part de leurs suggestions et commentaires lors d’une consultation en automne, permettant de faire le tri parmi 72 noms, en se fiant à neuf critères.
On voulait un nom qui reflète l’acadianité et la mission francophone de l’institution, un nom efficace et neutre et «un nom qui évite les effets de mode et qui sera toujours pertinent dans 25 ans». Par exemple, l’on a mis de côté les suggestions en lien avec un personnage historique.
Adrien Bérubé, porte-parole du Groupe de travail sur le nouveau nom de l’Université, a dévoilé, le 23 janvier, le rapport d’étape, qui comprend les critères et l’analyse des noms proposés au cours des dernières décennies, avec un bilan pour et contre pour chacun.
Quelque 42 noms figurent dans le rapport. Ce sont les propositions de nom qui répondent à au moins deux des neuf critères.
Parmi la sélection, cinq options répondent à au moins six des neuf critères. De ceux-ci, trois ont été retenus.
Le Comité citoyen, qui s’est formé pour la première fois en mai 2024, a eu sa première conférence de presse au début de l’automne dernier afin de collecter les informations nécessaires pour organiser la consultation d’octobre et le rapport d’étape.
C’est une institution communautaire importante, mais vraiment pour l’ensemble de la communauté. C’est notre université.
Questionnée sur la contribution de la communauté universitaire lors de la consultation, Mme Ouellette précise que le comité n’a pas fait de distinction d’où viennent les personnes qui ont fait des commentaires.
Mais elle insiste sur le fait que «l’université appartient à toute la communauté» et que tous les contribuables et anciens étudiants universitaires ont leur mot à dire.
«On est un groupe de six personnes, tous des bénévoles, tous des anciens de l’Université de Moncton, qu’on considère comme notre université, et qu’il est important de l’aimer, de la protéger», ajoute M. Bérubé.
«C’est une institution communautaire importante, mais vraiment pour l’ensemble de la communauté. C’est notre université», conclut-il.
Plus d’informations sont disponibles sur le site d’Opération Nouveau Nom.