
René Samson, sa famille.
D’où vient ce projet ?
« L’idée vient de notre contexte sociolinguistique, ici à l’Isle Madame, dit René Samson. Moi je suis Acadien de souche. Mes parents, mes grands-parents et mes arrières grands parents étaient tous Acadiens. »
M. Samson raconte que ses arrière-grands-parents ont élevé tous leurs enfants en français. Ensuite, du côté de ses grands-parents, un côté à continuer en français et l’autre a switché à l’anglais. Si bien que la majorité de ses oncles et ses tantes n’ont pas élevé leurs enfants en français.
René raconte que, parmi tous ses cousins et cousines, environ 40, il n’a seulement qu’une cousine qui élève ses enfants en français.
Papa depuis moins d’un an, René Samson tient lui aussi à élever son enfant en français. « Je pense que l’amour de la langue française me vient surtout de ma mère. Elle a écrit Complainte d’une grand-mère, une chanson qui parle de comment, en seulement trois générations, ils ont perdu la langue. »
Comment est-ce que le projet a commencé ?
Vers 2009, alors qu’il était à l’Université Sainte-Anne, M. Samson a fait un projet de recherche qu’on peut retrouver sur YouTube intitulé La langue française à l’Île Madame. Il s’agit de neuf vidéos d’environ 10 minutes où René Samson a interviewé des gens plutôt connus de la communauté. « Depuis, ç’a vraiment été ma mission d’essayer de sensibiliser les jeunes à la réalité du déclin de notre langue en tant qu’Acadien. Il faudrait que les gens le réalisent avant qu’il ne soit trop tard. »
« C’est impossible pour une langue de survivre, si on n’est pas en train de la cultiver, de la parler, et de la vivre », affirme-t-il.
M. Samson confie qu’il comprend que les gens veulent parler en anglais. Il admet que lui-même éprouve des défis à toujours s’exprimer en français, même avec ses frères.
1 : Roman Jeunesse
Pendant plus de six mois, René Samson a travaillé sur une trilogie avec des élèves de 6e, 7e et 8e années. « Le but était d’écrire à un niveau que les Acadiens pouvaient comprendre ; parce que la majorité des œuvres en français sont écrites par des Français ou des Québécois, on voulait offrir quelque chose dans un langage accessible aux Acadiens. »
À cette fin, ils ont fait usage de plusieurs approches linguistiques, telle l’adoption d’un champ lexical partagé par le français et l’anglais.
2 : Programme précollège
« L’idée était d’offrir des cours universitaires en ligne, en français, pour essayer de motiver les jeunes à vouloir étudier en français après le secondaire », explique René Samson.
« Selon les statistiques, si un élève a l’opportunité d’aller faire des études supérieures en français, il y a de bonnes chances qu’il garde sa langue ! »
3 : Engagement social
Pour Acadien en Action, René Samson aimerait avoir un site Internet et des médias sociaux. « Le but serait d’avoir un engagement social. On cherche des leaders, des jeunes ou des adultes engagés, qui comprennent comment sérieuse et grave est la situation de notre langue acadienne. »
Il veut essayer de sensibiliser les gens et atteindre le plus de personnes possible. «Y’a pas un Acadien qui veut perdre sa langue. »
Tout n’est pas perdu
Même s’il croit que beaucoup d’Acadiens n’ont plus l’habitude de parler en français, il pense que tout n’est pas perdu. Il fait notamment référence à l’hébreu, « une langue qui avait été presque complètement perdue, mais à cause qu’ils sont tellement forts dans leur culture, ils ont décidé qu’ils allaient se réapproprié leur langue, et aujourd’hui ils parlent encore leur langue ».
En conclusion
« On pourrait laisser l’anglais nous engloutir complètement, dit René Samson, mais si on perd notre langue, on perd qui on est. Et le plus de langues qu’on parle, le plus d’opportunités qu’on a. »