le Jeudi 21 septembre 2023
le Vendredi 30 juillet 2021 8:56 Acadie et Francophonie

Le bilinguisme en Nouvelle-Écosse pas épargné par la COVID-19

Marie-Claude Rioux.   — Gracieuseté
Marie-Claude Rioux.  
Gracieuseté
Dans son rapport annuel 2020-2021, le commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge, souligne une augmentation des plaintes liées à l’absence de traduction des« communications urgentes relatives à la sécurité ».
Le bilinguisme en Nouvelle-Écosse pas épargné par la COVID-19
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Dans son rapport annuel 2020-2021, le commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge, souligne une augmentation des plaintes liées à l’absence de traduction des « communications urgentes relatives à la sécurité ». 

    Au total, 1870 plaintes ont été déposées au Commissariat aux langues officielles (CLO) entre le 1er avril 2020 et le 31 mars 2021. Près de 700 sont reliées aux « Communications avec le public et prestation des services », soit environ 37 %.

« Il y a un relâchement »

Pour Marie-Claude Rioux, directrice de la Fédération acadienne de la Nouvelle-Écosse (FANE), le manque de traduction au sein des services publics viendrait du relâchement des efforts du gouvernement fédéral. 

« Il y a un relâchement quant à l’importance que l’on accorde à la deuxième langue officielle. À cause de ce relâchement, on subit les conséquences au niveau provincial […] Il est important, en tant que minorité, de continuer à progresser, car si on s’assoit sur nos lauriers, on fera un retour en arrière », estime Marie-Claude Rioux.

Selon elle, même s’il est important de mettre l’accent sur la valorisation du multiculturalisme et de l’amélioration des conditions de vie des peuples autochtones, il ne faut pas non plus oublier les victoires acquises au fils des années par les autres communautés marginalisées, notamment les francophones en milieu minoritaire.

Pierre Roisné, directeur général de Réseau Santé, souligne qu’il n’existe pas de données concrètes pour déterminer si le relâchement du bilinguisme à l’échelle fédérale a eu un impact direct sur la province. Il avoue tout de même avoir été surpris par l’absence de traduction du plan de relance. 

«Depuis le début du confinement, il y a eu de gros efforts de la province pour traduire les documents en français […] J’étais donc étonné de voir que cela n’a pas été fait pour le plan de déconfinement », explique-t-il.

La province pas tenue de traduire tous les documents

Selon une étude de Statistique Canada parue le 25 mars 2019 et intitulée La langue française en Nouvelle-Écosse, 2001 à 2016 : faits et chiffres, le pourcentage de travailleurs disant utiliser le français régulièrement au travail comme langue secondaire a augmenté de 5,3%. Le pourcentage de travailleurs qui utilisent conjointement le français a égalité avec une autre langue a pour sa part augmenté de 10,1%.

Comme l’indique l’article 13 du Règlement sur les services en français, la province n’est pas tenue de produire les documents officiels dans les deux langues. Entré en vigueur le 31 décembre 2006, ce Règlement « décrit les mesures que les ministères, les offices et les organismes du gouvernement doivent respecter pour améliorer les services en français offerts par la province ».

La directrice de la FANE salue les efforts fournis par le gouvernement provincial, même si elle regrette le manque de traduction de certains documents officiels. Marie-Claude Rioux affirme être optimiste pour la suite : 

« Nous, la Fédération acadienne, suivons le dossier [du bilinguisme] de très près. Je dois dire que nous sommes très satisfaits du travail que le gouvernement fait pour traduire tous les documents, mis à part le plan de relance. Même lorsque l’on regarde les communiqués de presse, on se rend compte qu’ils essayent de produire des infographies bilingues », ajoute-elle. 

Des enjeux qui persistent 

Pour la FANE, une amélioration des services publics dans la province passera nécessairement par une refonte complète de la Loi sur les services en français. 

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En 2016, l’organisme a soumis au gouvernement provincial une série de propositions de modifications concernant cette loi. Ces modifications viseraient notamment l’augmentation du personnel bilingue dans les services de premières lignes, la création d’un conseil communautaire, la création de centres de services bilingues et bien d’autres. 

Selon la FANE, le gouvernement étudie le dossier.

Marie-Claude Rioux souligne « les gens ne devraient pas avoir à se poser de question sur les ministères offrant des services en français […] Ce que la FANE demande est que tous services touchant la population soient accessibles dans les deux langues ».

Du côté de Réseau Santé, les enjeux majeurs pour améliorer l’accessibilité aux services de santé en français restent la sensibilisation du public et la promotion du personnel médical bilingue déjà en poste : « Il faut continuer de sensibiliser les populations sur les langues maternelles et leur impact sur la communication entre le personnel médical et les patients […] 

L’autre enjeu majeur est l’identification du personnel de santé bilingue […] On a déjà accès à des services en français, cependant il faudrait systématiser les procédés pour mieux aider les populations francophones», conclut Pierre Roisné.