le Vendredi 14 février 2025
le Lundi 20 janvier 2025 9:00 Rubrique - Le fil d'Ariane

L’industrie du textile se met à poil!

Laine de mouton fraichement tondue, New-Ross Farm.  — PHOTO : Ariane Gleize
Laine de mouton fraichement tondue, New-Ross Farm.
PHOTO : Ariane Gleize
Avec la mode éphémère et bon marché, l’achat de vêtements a grimpé de 40 % en 15 ans. Pourtant, l’industrie textile est l’une des plus polluantes au monde.
L’industrie du textile se met à poil!
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De quoi réfléchir sur des solutions plus respectueuses, et d’acheter en pleine conscience.

Quelques chiffres

L’industrie textile émet environ 10 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. La fabrication d’un jean en coton, par exemple, nécessite 9000 litres d’eau douce, soit près de 285 douches. Celle d’un teeshirt, 2700 litres.  

Elle est responsable de près de 20 % de la pollution mondiale de l’eau, à cause des teintures et des produits chimiques tout au long de son processus. 4 % de l’eau potable dans le monde est utilisée pour produire les vêtements. 

Elle relâche 35 % de microfibres plastiques dans les océans, par l’entretien et le lavage des vêtements synthétiques. 70% des vêtements chimiques (synthétiques et artificiels) sont issus du pétrole.

Moins de la moitié des vêtements usagés est collectée pour être réutilisée ou recyclée et moins de 1 % est recyclé en vêtements neufs, car les technologies ne permettent pas de séparer les matériaux des vêtements en fibres synthétiques et chimiques. 

Les matières premières

Les matières synthétiques (acrylique, élasthanne, nylon…) sont issues du pétrole, une énergie fossile non renouvelable et polluante, source d’émission de gaz à effet de serre. 

Les matières artificielles (viscose, rayonne, bambou, eucalyptus) sont issues de ressources naturelles, comme la cellulose de bois, le soja et le maïs, qui utilisent des produits chimiques dans le processus de fabrication. Chaque année, 200 millions d’arbres sont coupés pour faire des matières artificielles. 

Les textiles infroissables, antitaches et imperméables nécessitent de multiples apprêts augmentant l’impact écologique du vêtement.

Le bambou nécessite peu d’eau, d’engrais et de pesticides pour pousser. Par contre, sa transformation en viscose ou en rayonne implique une succession de bains chimiques enlevant son caractère écologique. 

Le Tencel ou le Lyocell sont des matières issues de la pulpe d’arbres variés (bambou, eucalyptus, feuillus). Ces arbres proviennent de plantations certifiées FSC (Forest Stewardship Council). La transformation implique un seul bain chimique et les eaux usées sont réutilisées.

Le coton représente 24 % de la production mondiale des fibres textiles. Pour pousser, il nécessite beaucoup d’eau et de pesticides. Pour la teinture, il requiert des traitements chimiques aux métaux lourds, sans oublier les impacts que cela crée sur la biodiversité, la santé des agriculteurs et les problèmes éthiques. 

La culture biologique du coton nécessite 10 fois moins d’eau que le coton conventionnel. La culture préserve les sols, car elle applique le principe de rotation de culture. Enfin, elle garantit un travail équitable à ces travailleurs.

Le chanvre demande entre quatre à dix fois moins d’eau que le coton et ne nécessite pas d’engrais ni de pesticide. C’est l’une des premières sources de textile dans l’histoire de l’humanité. C’est une matière résistante, donc durable. Le chanvre possède de nombreuses propriétés: antifongiques, antibactériennes, anti-UV, thermorégulatrice.

Le lin ne nécessite pas d’irrigation et il est également cultivé sans pesticide ni intrant chimique. C’est une fibre écologique qui est résistante, absorbante et légère.

Les matières animales sont à éviter, car les animaux sont issus d’élevages intensifs déplorables (enclos trop petits, sous-alimentation, maltraitance). Ensuite, la laine est traitée et teintée chimiquement. La fabrication du cuir nécessite l’utilisation de chrome et d’autres produits chimiques. 

Teinture naturelle sur laine de mouton, New-Ross Farm. 

PHOTO : Ariane Gleize

Pour des choix éclairés et judicieux

En premier, pour réduire son propre impact environnemental, le meilleur choix est de réduire sa consommation de vêtements, de favoriser la réutilisation (échange de vêtements entre amis), d’acheter dans des friperies, de réparer et de moderniser ses vêtements. 

Vous pouvez choisir d’avoir moins de vêtements, mais les choisir de qualité. Les vieux vêtements tachés ou abimés, de leur côté, peuvent être transformés en chiffon ou en guenille. Ils peuvent être transformés en tawashi, une éponge japonaise très facile à faire.

En second lieu, les certifications fiables sont à privilégier, comme les certifications équitables (Transfair Canada ou Max Havelaar), ou biologiques (Global Organic Textile Standards (GOTS), USDA NOP Organic). Vous aurez l’assurance, par exemple, de ne pas avoir de coton génétiquement modifié, puis qu’aucun engrais ou pesticide chimique n’aient été utilisés.

Vous pouvez soutenir des boutiques locales qui mettent en place des alternatives en concevant à partir de matières recyclées. C’est le cas, par exemple, de Méversible à Lunenburg, 

Ensuite, vous pouvez faire le choix de fibres naturelles autre que le coton conventionnel, comme le coton biologique, le chanvre, le lin ou l’asclépiade. Certaines petites entreprises essaient de trouver des solutions et proposent des alternatives locales, comme, par exemple, Vegeto au Québec avec l’asclépiade ou la fibre de chanvre.

Si vous souhaitez des vêtements en laine, en cachemire ou en mérinos, assurez-vous qu’ils soient éthiques. 

Si vous souhaitez porter du synthétique ou de l’artificiel, portez-les longtemps et achetez les d’occasion. 

Quelques adresses à travers la Nouvelle-Écosse: Laura Chenoweth Organic Fabrics à Halifax, TapRoot Fibre & Yarn Mill à Wolfville, Tallulah Freelove à Bridgetown, LaHave Weaving Studio à Conquerall Bank. 

Enfin, bien entretenir ses vêtements permet de les garder plus longtemps et en bon état. Cela passe par l’utilisation raisonnée de détergent biodégradable, du lavage à l’eau froide, du séchage à l’air libre et d’éviter le nettoyage à sec.

Alors, ça vous dit d’organiser des échanges de vêtements en Nouvelle-Écosse?