le Samedi 14 septembre 2024
le Lundi 27 mai 2024 11:00 Rubrique - Le fil d'Ariane

Les PFAS, polluants éternels

Différents types de PFAS. — PHOTO: Ariane Gleize
Différents types de PFAS.
PHOTO: Ariane Gleize
Les substances chimiques ou PFAS sont partout : en nous, dans nos objets du quotidien, dans l’eau potable, l’air, le sol, les océans… Ils menacent donc notre environnement et notre santé. À notre niveau, les éliminer est très compliqué, puisque nous n’avons pas d’emprise sur l’industrie. Cependant, nous pouvons avoir une action dans notre quotidien.
Les PFAS, polluants éternels
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Qu’est-ce qu’un polluant éternel?

Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), les PFAS (per- et polyfluoroalkylés) regroupent environ 10 000 substances chimiques d’origine anthropique. 

Les PFAS sont utilisés depuis les années 50 pour leurs propriétés antiadhésives, imperméabilisantes, résistantes, isolantes…

Ils sont appelés polluants éternels, car les liaisons chimiques entre les atomes de carbone et de fluor sont difficiles à casser. Ils ne sont donc pratiquement pas dégradables.

Leur dégradation dans l’environnement peut prendre des siècles, voire des millénaires. Dans le corps, ils sont extrêmement persistants, ce qui peut entraîner des problèmes de santé.

Quelles sont les conséquences pour l’environnement?

À ce jour, aucune réglementation n’existe sur la présence de PFAS dans le sol et dans les airs. En Europe, en 2023, dans le cadre de l’enquête Forever Pollution Project, 17 000 sites contaminés à des niveaux jugés inquiétants ont été répertoriés.

Les nappes phréatiques sont souvent contaminées et, dans certains endroits, les municipalités ont dû arrêter les captages de la nappe, car l’eau est devenue impropre à la consommation.

Les sites présentant le plus de risque de contenir des PFAS sont, entre autres, les décharges, les stations d’épuration, les endroits où il y a eu de la mousse ignifugée, les usines chimiques, les stations-service, les imprimeries et les usines de fabrication de plastique et de peinture.

Comme les PFAS sont mobiles et bioaccumulables, leurs larges utilisations entraînent une pollution à tous les niveaux : sol, océan, eau de surface, eau souterraine et air.

Différentes solutions sans PFAS.

PHOTO: Ariane Gleize

Quelles sont les conséquences pour la santé?

La population se contamine en buvant, en mangeant, en respirant des poussières ou par contact avec la peau. Ces polluants s’accumulent dans le corps et l’organisme les élimine très lentement.

Les personnes les plus à risque sont celles qui les manipulent au travail ainsi que les femmes enceintes, leur fœtus et les jeunes enfants.

Selon Santé Canada, certains PFAS sont toxiques pour le foie, les reins et le métabolisme. Ils peuvent affecter le système nerveux et immunitaire, favoriser l’obésité (dès l’enfance), le diabète de type 2 et être cancérogènes. 

Où les trouver et comment les éviter?

Côté cuisine, il y en a dans les emballages alimentaires, les boîtes de pizza, les pailles et les tasses en carton, les ustensiles en silicone et les revêtements antiadhésifs en téflon des poêles et des casseroles.

Saviez-vous que les poêles antiadhésives ne doivent pas être chauffées à plus de 260°C? De plus, si elles sont rayées, elles doivent être jetées parce qu’elles transmettent aux aliments les particules nocives. 

Pour pallier le problème, n’en achetons plus et privilégions des ustensiles, des poêles et des casseroles en inox, en fonte, en cuivre, en fer, en acier…

Pour éviter les emballages en plastique, favorisez les produits bruts et en vrac. Mettez votre repas dans une boîte en verre ou un pot Mason et optez pour une paille et une tasse en inox.

Côté alimentation, les PFAS sont essentiellement dans les crustacés puis dans les fruits et légumes traités aux pesticides.

Pour en avoir moins, la consommation de poissons gras, de fruits de mer, de viande, de produits laitiers et d’œufs devra être réduite. Les produits issus de l’agriculture biologique doivent être favorisés.

Côté vestimentaire, les polluants sont dans les cuirs et textiles imperméables, anti-transpirants, anti-tâches et déperlants. Nous les éviterons et nous privilégierons des tissus biologiques en lin, en chanvre ou en coton.

Pour éviter d’avoir leur contact avec la peau, les vêtements neufs seront lavés avant d’être portés pour éliminer le plus possible de PFAS. Par contre, les PFAS seront dans votre système d’assainissement!

La meilleure solution est de se tourner vers des vêtements d’occasion qui ont été maintes fois lavés pour ne pas avoir de PFAS.

Des filtres récupérateurs de PFAS dans les laveuses n’existent pas encore. Il commence à exister des laveuses qui filtrent les microparticules de plastique. La même innovation pour filtrer les PFAS permettrait d’éviter leur mobilité dans la nature.

Côté soins personnels, ils se retrouvent dans le maquillage, soit tout ce qui est étanche (waterproof) et résistant, le fil dentaire, le désinfectant pour les mains ainsi que certaines crèmes hydratantes et certains dentifrices.

Dans un premier temps, lisons les étiquettes et n’achetons plus de produits contenant des composés perfluorés.

Ensuite, nous pouvons fabriquer nos propres produits à partir d’ingrédients naturels et biologiques. Puis, si nous préférons acheter le produit, nous allons privilégier des produits labellisés biologiques avec peu d’ingrédients. Sinon, être au naturel est tendance!

Côté loisir, ils sont par exemple dans les farts de ski, les lignes de pêches et certaines cordes de guitare. Nous pouvons choisir des skis de fond à écailles et, pour la musique, des cordes métalliques. Sinon, mettez-vous au pipeau!

Côté maison, ils sont dans les extincteurs, les isolants de câbles et de fils électriques, les revêtements de murs et de sols, le contreplaqué, les peintures pour le sol, les murs ou le plafond, les détergents, les revêtements en plastique, les pesticides pour le jardin ou pour lutter contre les moustiques ainsi que le gazon artificiel. 

Nous éviterons autant que possible d’acheter des produits transformés, contenant des composés perfluorés et du plastique. 

Ensuite, pourquoi ne pas se tourner vers des maisons écologiques et avec des matériaux biosourcés? Nous pouvons choisir de construire une maison en matériaux sains (chanvre, paille, fibre de bois recyclée), opter pour des matériaux certifiés et peindre nos murs avec de la chaux ou de l’argile. Le guide américain Building a Better World – Eliminating Unnecessary PFAS in Building Materials présente des techniques et des solutions pour des alternatives aux PFAS lors de la construction.

Côté industriel, ils se retrouvent dans l’industrie automobile, la transformation des aliments et la construction. Les PFAS sont non seulement dans les produits finis que vous achetez, mais aussi dans les déchets industriels issus de leur fabrication. Les employeurs peuvent faire une analyse de risque et proposer des solutions adaptées à leurs salariés.

Côté environnement, la mousse anti-feux est jetée lorsqu’il y a des feux de forêt. Celle-ci contient de nombreux PFAS. Les sols et les nappes phréatiques sont contaminés par la suite. Au Japon, des recherches et essais sont en cours pour créer des mousses anti-feux à base de matière naturelle, comme le savon. À suivre!

Gestion des produits contaminés

Au Canada, comme ailleurs dans le monde, il n’y a aucune exigence particulière relative à l’acceptation et à l’élimination des déchets contenant des PFAs. Santé Canada précise que les PFAS dans les sites d’enfouissement ne semblent pas être surveillés.

Il n’y a pas encore de filière de récupération ou de recyclage de vos produits contaminés. La seule alternative est de ne pas en acheter.

La question des PFAS n’est pas simple, car ils sont absolument partout, et à taille moléculaire. À notre niveau, nous pouvons changer notre mode de consommation, choisir uniquement des produits issus de l’agriculture biologique et naturels. Nous pouvons aussi porter à la connaissance de nos élus nos questionnements pour changer les lois et les règlements.