D’entrée de jeu, par Asie-Pacifique, il faut entendre, un ensemble géographique constitué de l’Extrême-Orient, du sous-continent indien et de l’Océanie.
Notamment, l’Asie-Pacifique, par l’entremise de Norodom Sihanouk, roi du Cambodge, fait partie des fondateurs de la Francophonie. Le roi Sihanouk est l’un des Pères fondateurs de la Francophonie, au côté de Léopold S. Senghor du Sénégal, de Hamani Diori du Niger et de Habib Bourguiba de la Tunisie.
Selon Christophe Prémat dans son ouvrage Pour une généalogie critique de la francophonie, « le roi Sihanouk a donné une caution plus internationale au projet francophone en le décentrant de l’Afrique. C’est un acteur incontournable de l’évolution du Cambodge. Il a su rejoindre les aspirations des autres Pères fondateurs, car il a souhaité maintenir une neutralité vis-à-vis des deux hyperpuissances de l’époque. »
Le français et le multilinguisme en Asie-Pacifique
Si le mandarin reste la langue ayant le plus de locuteurs en Asie-Pacifique, voire dans le monde, cette région connait un multilinguisme important. À cet effet, Phoeurng précise, dans l’article mentionné ci-haut, que « l’Asie est un continent vaste aux multiples langues qui a adopté l’anglais comme langue de communication, mais qui s’oriente vers le multilinguisme ».
Il a ajouté que « sur les 6 000 langues existantes dans le monde, dont 90 % sont parlées par moins de 5 % de la population mondiale, plus de 2 000 existent en Asie ».
En dépit de ce multilinguisme, dans cette région, quatre pays sont membres à part entière de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), à savoir le Cambodge, le Laos, le Vanuatu et le Vietnam. La Nouvelle-Calédonie est membre associé, tandis que la Corée du Sud et la Thaïlande sont les pays observateurs.
À noter que cette région connait un faible pourcentage de locuteurs francophones au regard de la population totale.

Le drapeau du Vietnam.
L’ancienne Indochine française
On ne peut nullement parler de la francophonie en Asie-Pacifique sans mentionner l’ancienne Indochine française. Cette dernière est un territoire de l’ancien empire colonial français, fondé en 1887 et disparu en 1954. Indépendants, les pays formant l’ancienne Indochine française ont rejeté le français, au profit de l’anglais ou d’autres langues locales. Devenu indépendant en 1953, le Cambodge a conservé le français comme étant langue d’enseignement jusqu’en 1967. Depuis 1974, le français est enseigné comme une langue étrangère.
Au Laos, un autre pays de l’ancienne Indochine française, le français a été pendant de longues années une langue véhiculaire. Jusqu’au début des années 1970, le français était non seulement la langue d’enseignement dans le cycle secondaire, mais aussi la langue de travail dans l’administration ainsi que la diplomatie. Cependant, le français a perdu ce statut au profit de la langue lao en 1974.
Le Vietnam est le premier de ces trois pays indochinois à avoir éliminé le français comme langue véhiculaire. En raison de la guerre qu’a connue ce pays entre 1946 et 1954 et la présence américaine dans le Sud, l’anglais a pris le dessus sur le français comme langue étrangère.
Sommet de la Francophonie en Asie
Il importe de mentionner que le 7e Sommet de la Francophonie, entre 14 et 16 novembre 1997, a été organisé en Asie, précisément à Hanoï, capitale du Vietnam. Lors de ce Sommet, le poste de secrétaire général de l’OIF a été créé. À celui-ci, l’Égyptien Boutros Boutros-Ghali, ex-secrétaire général des Nations unies, a été accédé.
Le nouveau secrétaire a annoncé trois objectifs : d’abord, faire de la Francophonie une institution connue et reconnue sur la scène internationale, ensuite, élargir et enrichir le concept de développement économique et social dans l’espace francophone, et, enfin, faire de la diversité culturelle et du dialogue des cultures un véritable instrument au service du règlement pacifique des conflits et de la promotion d’une culture de paix.
Selon l’équipe de Perspective monde, ce 7e Sommet a été aussi marqué par « l’adoption d’une Charte de la francophonie, la création d’un Observatoire de la démocratie, la mise en œuvre d’un plan d’action sur les inforoutes élaboré auparavant ainsi qu’un plan de relance du français dans les organisations internationales ». C’était un Sommet grâce auquel l’Asie, particulièrement le Vietnam, a resserré ses liens avec la Francophonie.
Selon l’OIF, l’apprentissage du français est maintenu grâce aux pays de l’Asie-Pacifique, à savoir le Cambodge, le Laos et le Vietnam. Selon cet organisme il y a un nombre important d’apprenants du français dans des pays asiatiques fortement peuplés comme la Chine, l’Inde, ou le Japon.
Si la première partie de cette chronique se veut un survol de la francophonie en Asie-Pacifique, sa deuxième partie présentera la francophonie dans cette région sous un regard économico-politique.