le Mercredi 9 octobre 2024
le Jeudi 18 mai 2023 9:00 Rubrique - Aux mille couleurs de Kjipuktuk… avec HD

Un sens de communauté… avec la radio

Après tout le travail d'installation… au travail, dans un studio tout neuf !  — PHOTO(S) - Henri Dominique-Paratte
Après tout le travail d'installation… au travail, dans un studio tout neuf !
PHOTO(S) - Henri Dominique-Paratte
Quand je suis arrivé à Ottawa, en 1972, mon premier déjeuner était accompagné d’un jingle – oups, excusez-moi, une ritournelle publicitaire – qui proclamait « Tout l’monde le fait, fais-le don » et ajoutait, au cas où des esprits espiègles auraient eu la mauvaise idée, « Écoute CKCH ».
Un sens de communauté… avec la radio
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La rue Portland donne une vue splendide sur un quartier de plus en plus animé.

CKCH, radio AM fondée en 1933 et passée au FM en 1970, n’existe plus depuis 1994 – la suite a été reprise dans la région de la Capitale-Nationale par CIMF, devenue au fil du temps Rock-Détente, Rouge FM, et j’en passe. 

Les radios changent et sont forcées de s’ajuster, mais il reste une évidence : elles ont, en 2023, leur importance dans notre univers de réseaux sociaux et de communications planétaires. Elles constituent un élément important dans l’élaboration de communautés souvent dispersées dans des environnements linguistiquement, socialement et humainement complexes.

CKRH, radio communautaire francophone couvrant Halifax-Kjipuktuk et ses environs, n’a pas disparu, mais est au contraire bien vivante. Approuvée par le CRTC (Conseil de la radio et des télécommunications du Canada) en 2006, Radio-Halifax entrait en ondes en octobre 2007, et avec beaucoup de bénévolat, de mécénat en plus de subventions de départ et un minimum de publicité, elle se maintenait assez pour changer de nom et devenir « Oui FM » en 2016. 

Les amateurs d’histoire de la radio peuvent se rendre sur le site de l’Histoire de la radiodiffusion canadienne pour avoir une idée non seulement des changements, mais aussi des difficultés. 

Produire le pourcentage d’émissions requises n’était pas évident, malgré un travail continu d’animateurs et animatrices bénévoles. Établir une playlist intéressante était un défi constant. Réussir à assurer un financement, un souci permanent. Pourtant, le studio de la rue Cogswell s’était donné un profil qui amenait volontiers du public aux activités que notre espace permettait d’organiser. 

Arrive la pandémie, et les années 2020 et suivantes. Une décision s’impose : avec les changements urbains constants au centre-ville d’Halifax, déménager est indispensable. Les studios de la radio quittent le quartier nord de la ville pour traverser vers la rue Portland à Dartmouth. Et, simultanément, on décide de confier la direction générale à un directeur du Nouveau-Brunswick, Jason Ouellette, ce qui aidera à rétablir les finances et à entrer en réseau avec trois radios communautaires dans la province voisine – l’aboutissement étant la création en 2022-2023 de CMédias, qui s’affiche comme Le Géant Acadien puisqu’il regroupe quatre radios entre Fredericton, Miramichi, Saint-Jean et Halifax. 

Cela ne veut pas dire, pour autant, que le sens de communauté ne soit pas fondamental. La radio aide à bâtir une communauté : en retour, la communauté contribue de mille manières à la vie de cette radio. Une communauté qui n’est pas forcément limitée à ce qui serait un ghetto d’auditeurs et d’auditrices francophones, bien au contraire. 

À cet égard, la rue Portland se révèle un choix judicieux pour les quelques prochaines années, en attendant l’ouverture d’un centre francophone promis, cette fois, du côté Halifax. Boutiques de disques, pubs, pizzerias et petits restaurants, et accès à la bibliothèque toute proche d’Alderney Landing représentent des avantages certains. 

Au dernier marché fermier, jour de la fête des Mères, on a pu entendre un premier concert « latin » d’excellents musiciens de flamenco et de musique occitane. Aucune raison que l’on n’en parle pas dans une radio francophone, au contraire !  

L’un des avantages de la collaboration entre radios a été d’avoir des animateurs et animatrices payés en plus des bénévoles pour émissions et « jasettes » : les noms de Valentin Alfano, de Guillaume Couture, de Sébastien Beltran et maintenant d’Adèle Grosperrin se sont ajoutés à notre présence et notre mémoire collective. 

Une hirondelle ne fait cependant pas le printemps, et c’est uniquement par un travail d’équipe que l’on progresse. Surtout, dit Serge Desjardins, l’un des pionniers de CKRH, que « nous avons une population francophone très diverse, et si certaines radios sont heureuses de diffuser une playlist de country, ce n’est pas ce qui ira chercher une communauté aux goûts bien plus divers ».  

Les éléments à souligner vont comme suit : un changement d’étage aux studios sur la rue Portland, plus de 50 heures de travail, des milliers de dollars de nouveau matériel, le déplacement de deux personnes du Nouveau-Brunswick, de nouveaux bureaux, la réparation d’une fuite d’eau imprévue, de nouveaux micros, un son d’émetteur boosté, une console réglée et un téléphone fonctionnel. Il faut mentionner également le nouveau directeur Laurent de Lavenne, le journaliste et technicien Sébastien Caron et les indispensables compétences bénévoles de David Vanier. La qualité du studio ainsi que les liens améliorés avec le réseau et leur participation à celui-ci sont directement liés à la qualité du matériel. 

Reste maintenant à ce que les émissions reviennent non seulement en direct comme c’était souvent le cas dans les studios de la rue Cogswell, mais en podcasts à travers le réseau, en ligne sur Facebook ou sur le site Internet

Vous voulez vous impliquer, qu’on parle de vous ? Les nouveaux studios vous attendent au 44-46 rue Portland, 5e étage.