Lors d’un entretien avec Le Courrier, M. Nadeau a fait une rétrospection sur l’idée du CMA qu’il avait en tête et a lancé en 1988, lors d’un souper au homard tenu en Alberta sous l’organisation de la Société acadienne de l’Alberta.
«Quand j’ai lancé cette idée, c’était pour répondre à des demandes incessantes de gens, surtout d’Acadiens en France, au Québec, au Canada, en Belgique, en Suisse, etc., qui aspiraient à devenir membres de la SNA, explique-t-il. Jamais, et ça fait déjà 30 que ça existe, je n’aurais cru que les CMA prennent autant d’ampleur et suscite autant de retombées positives.»
Par ailleurs, M. Nadeau souligne que deux de ses idées pour le CMA n’ont pas fait leur chemin. D’une part, il souhaitait qu’en plus du caractère festif des réunions de famille, qu’il y ait de grands moments de réflexions communautaires sur la pérennité de l’Acadie. «En fait, ce que je voulais, c’était de petites conventions nationales. Seule la première édition du CMA 1994 a rempli cette mission. Par après, ce fut le calme plat», souligne-t-il.
D’autre part, l’idéateur du CMA souhaitait la création d’un Fonds mondial acadien de développement économique et culturel. «Ça se réalisera peut-être dans une autre vie», relate-t-il.
Même si toutes les attentes de Jean-Marie Nadeau ne sont pas comblées, il croit dur comme fer que tous les CMA ont rempli leur mission, soit de mettre en œuvre de grands rassemblements festifs et des réunions de famille, mais surtout de renforcer l’identité acadienne.
Des régions comme «modèles de résilience»
«J’ai assisté à tous les CMA, même celui de la Louisiane, et je ne voudrais surtout pas manquer l’édition 2024 de la Nouvelle-Écosse, déclare M. Nadeau. L’organisation du CMA 2024 a eu l’amabilité et la gentillesse de m’inviter officiellement, comme idéateur des CMA, c’est-à-dire celui qui a lancé l’idée des CMA à Edmonton en 1988.» M. Nadeau sera en Clare et en Argyle, du 10 au 13 août, et il sera logé à la résidence universitaire.
En effet, M. Nadeau connait l’Acadie de la Nouvelle-Écosse, particulièrement Clare, comme le fond de sa poche. «Je venais en Nouvelle-Écosse trois à quatre fois par année, surtout dans Clare, mais aussi à l’Isle-Madame, Chéticamp et Halifax, précise-t-il. J’ai eu beaucoup d’amis acadiens en Nouvelle-Écosse.»
Selon le lauréat de la Médaille Léger-Comeau en 2014, il avait et a encore des relations très étroites avec plusieurs figures de proue de l’Acadie de la Nouvelle-Écosse en raison de plusieurs postes qu’il a occupés. «J’ai eu le bonheur d’être secrétaire général de la Société nationale de l’Acadie, de 1985 à 1989, sous la présidence du Père Léger Comeau, un ami et un mentor, se rappelle-t-il. Je suis probablement un des leaders acadiens du Nouveau-Brunswick qui connait le mieux l’Acadie de la Nouvelle-Écosse.»
Le rapport qu’entretient M. Nadeau aux personnalités importantes de l’Acadie de la Nouvelle-Écosse est non seulement profond, mais aussi ne date pas d’hier. «J’ai étudié au collège eudiste de Bathurst, les mêmes eudistes qui étaient à l’Université Sainte-Anne, précise-t-il. Veut, veut pas, une telle situation était propice à créer des liens.»
Selon l’auteur de L’Acadie possible: La constance d’une pensée, il allait parfois en Argyle afin de visiter le Père Maurice LeBlanc et le Père Clarence D’Entremont, deux prêtres, éducateurs et militants acadiens très connus en Nouvelle-Écosse.
Force est de constater que Jean-Marie Nadeau a une affinité particulière avec le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse. Pour lui, Clare et Argyle sont des régions acadiennes qui ont un cachet particulier, «surtout cette route dans Clare qui longe la mer», précise-t-il.
«Ces deux régions, comme modèles de résilience, méritent amplement la tenue du CMA 2024. Ce que je souhaite profondément, comme pour les autres régions où s’est tenu un CMA, c’est que la fierté acadienne augmente de façon exponentielle.»
En plus de l’aspect géographique, celui qui porte l’Acadie dans son cœur est aussi fasciné par le français du sud-ouest. «C’est fascinant de constater que, malgré l’usure du temps, le français s’est maintenu avec force, avec son accent si enchanteur», conclut-il.