Daniel Paul et sa famille étaient indissociablement liés aux Premières Nations. Né le 5 décembre 1938 à Indian Brook, en Nouvelle-Écosse, M. Paul était non seulement un écrivain, mais aussi un chroniqueur et un militant des droits de l’homme.
Il est né dans une cabane en bois rond d’Indian Brook, dans la Première Nation de Sipekne’katik. Cette dernière est composée de quatre réserves mi’kmaq, situées dans le centre de la Nouvelle-Écosse. Son frère, Lawrence Paul, a été pendant 28 ans (1984-2012) chef de la Première Nation de Millbrook.
Grâce aux recherches de M. Paul, les politiciens de la Nouvelle-Écosse ont été convaincus que des statues, des écoles et un navire de la garde côtière ne devraient plus porter le nom d’Edward Cornwallis. C’est ce qui allait donner une dimension hors du commun à sa carrière d’historien.
Edward Cornwallis a été le premier gouverneur britannique de la Nouvelle-Écosse, récompensant les auteurs des scalps contre les Autochtones. Ces derniers ont été victimes de nombreuses méchancetés de la part des colons européens, dont les britanniques au pouvoir à l’époque. D’ailleurs, Bounty, un film réalisé dans l’État du Maine aux États-Unis, dépeint l’histoire du scalp des premiers peuples.
Pour marquer la réconciliation avec les Premières Nations, suite aux recherches et recommandation de M. Paul, la statue de Cornwallis, érigée à Halifax, a été retirée en janvier 2018.
We Were Not the Savages (en français : Ce n’était pas nous, les sauvages) est l’un des essais phares de l’historien. Dans cet ouvrage, il estime que le gouverneur britannique attaquait délibérément les civils mi’kmaq non armés. Même la maison d’édition Fernwood, qui a édité et publié cet essai, affirme que We Were Not the Savages a eu un impact important et durable sur la société néo-écossaise.
Considéré comme le choc entre les civilisations européennes et autochtones, cet essai a révélé comment l’histoire européenne n’a jamais dévoilé les tactiques brutales utilisées par les gouvernements coloniaux pour détruire le peuple mi’kmaw.
M. Paul prenait aussi des positions en faveur des Premières Nations dans sa chronique du Chronicle Heraldet dans ses nombreuses apparitions publiques. Il a publié en 2017 son premier roman, Chief Lightning Bolt, où il raconte l’histoire d’un chef mi’kmaw qui a un comportement héroïque face à l’arrivée des colons européens.
Durant son vivant, M. Paul a reçu une kyrielle de prix. Il obtient en 2013 un diplôme honorifique en droit de l’Université Dalhousie. En 2005, il est nommé membre de l’Ordre du Canada. Le jour de son intronisation, il a été qualifié de « défenseur acharné et passionné de la justice sociale et de l’éradication de toutes les discriminations raciales ».
En 1997, il a reçu de l’Université Sainte-Anne un doctorat honorifique en lettres et, en 2002, il a été décoré de l’Ordre de la Nouvelle-Écosse.
Outre ces prix, M. Paul a animé des conférences dans des écoles et universités dans tous les recoins du Canada et ailleurs.