le Jeudi 21 septembre 2023
le Vendredi 11 juin 2021 10:13 Environnement/Agriculture

Les citoyens au service de la science

Nick Knutson, coordonnateur de l’engagement des bénévoles auprès de l’IRMT, sur le terrain à l'Île North Brother à Pubnico, N.-É. — Ted D’Eon
Nick Knutson, coordonnateur de l’engagement des bénévoles auprès de l’IRMT, sur le terrain à l'Île North Brother à Pubnico, N.-É.
Ted D’Eon
CLARE : L’Institut de recherche Mersey Tobeatic (IRMT) mène toutes les décennies un projet de recherche visant à étudier les reptiles et les amphibiens en Nouvelle-Écosse. Cette année débute une mise à jour du projet, à laquelle les citoyens sont invités à participer via l’application iNaturalist. Pour les curieux et les amateurs de nature, c’est l’occasion de faire d’une pierre deux coups!
Les citoyens au service de la science
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Gracieuseté Ian Manning – iNaturalist

L’herpétologie est l’étude des reptiles et des amphibiens. C’est de là que l’Atlas de l’herpétofaune de la Nouvelle-Écosse (Nova Scotia Herpetofaunal Atlas ou Nova Scotia Herp Atlas) tire son nom. 

La dernière mise à jour de ce projet a eu lieu de 1999 à 2003. Il est de retour en 2021, rassemblant déjà plus de 1000 observations cette année : « L’objectif principal est d’accroître la base de connaissances collectives sur les reptiles et les amphibiens. Cependant, il est tout aussi important de faire participer des non-scientifiques de tous âges et de toutes capacités, dans toutes les régions de la province, à l’étude et à la conservation de la nature », peut-on lire sur le site Web du projet, qui se déroule via la plateforme iNaturalist.

Les données actuelles recueillies permettront aux chercheurs environnementaux d’étudier « la distribution et l’abondance des amphibiens et des reptiles en Nouvelle-Écosse », explique Nick Knutson, coordonnateur de l’engagement des bénévoles auprès de l’IRMT. 

En raison de la pandémie, l’Institut a choisi d’adapter la cueillette des données à la sphère virtuelle :

On a choisi d’utiliser [l’application gratuite] iNaturalist. Ça veut dire que les bénévoles sont super importants parce que ce sont eux qui collectent toutes les observations de nature qu’on a besoin.

— Nick Knutson

Les gens des diverses régions de la Nouvelle-Écosse sont donc invités à contribuer au projet en ajoutant des clips audio et des photos de tortues, grenouilles, salamandres et serpents à l’Atlas 2021. Tous les ajouts sont encouragés, que l’animal soit vivant ou non.

À partir de là, d’autres gens et des professionnels utilisent les données téléchargées sur l’application pour identifier les espèces et leur habitat, entre autres détails importants aux études environnementales.

Ce projet-ci et iNaturalist en général, ça fonctionne vraiment bien pour quand le monde est dehors en train de profiter de la nature! Quand ils voient une espèce qu’ils aimeraient identifier, ils peuvent utiliser l’application.

— Nick Knutson, coordonnateur de l’engagement des bénévoles auprès de l’IRMT
Gracieuseté Dan Robichaud)

Contribuer à une communauté

Un citoyen de la région de Clare, Dan Robichaud, contribue aux observations sur la plateforme iNaturalist au quotidien. Il était autrefois guide en nature, avant que sa vie ne soit « interrompue par une grave maladie ».

L’application iNaturalist lui apporte de la joie : « Ça me permet de contribuer quand même et ça me donne quelque chose à faire », dit-il.

Lorsqu’il va se promener en nature, il s’assure d’apporter son téléphone intelligent ou sa caméra afin de photographier son environnement pour en apprendre davantage au sujet des animaux qui en font partie : « Si je vois quelque chose que je ne connais pas, que ce soit de l’herbe, un arbre ou une mouche, je prends une photo! » 

Dan ajoute qu’il est reconnaissant de pouvoir partager ses observations avec la communauté sur iNaturalist, où les autres utilisateurs peuvent réagir et aider à identifier l’espèce photographiée : 

C’est très dynamique.

— Dan Robichaud, citoyen de Clare et contributeur sur iNaturalist

Il avoue que depuis une chirurgie récente, il n’est pas à jour dans les nouvelles. Jusqu’à très récemment, il participait à l’application sans même se rendre compte qu’il contribuait en même temps au projet d’Atlas de l’herpétofaune de la Nouvelle-Écosse!

Fier de pouvoir appuyer les recherches de l’IRMT, il se réjouit que les photos qu’il a partagées sur iNaturalist auront encore plus d’impacts qu’il s’en attendait.

Cette année, c’était « la première fois que je voyais une [couleuvre à collier américaine]. Les serpents verts, j’en avais vu en masse, et les [couleuvres rayées] on les voit en masse! Mais [une couleuvre à collier américaine] c’était une première pour moi et, fiou, elle était grosse! » raconte Dan avec enthousiasme.

Ses trouvailles sont accompagnées d’une peur des serpents qui lui « fait prendre quelques pieds de recul pas mal vite ». Dan Robichaud explique que « si c’est une photo de serpent, je ne l’ai probablement pas prise avec mon [téléphone intelligent] ».

Puisqu’il se promène aussi avec sa caméra à portée de main, ses captures sont détaillées et rapprochées, même quand il se tient à distance. Il faut en effet garder une distance afin de ne pas déranger les animaux ni leur habitat, précise le Guide d’identification et d’information : espèces en péril en Nouvelle-Écosse de l’IRMT. 

« Je lui laisse faire ce qu’elle avait à faire et moi je me trouve de quoi d’autre à faire », conclut Dan.

Gracieuseté

Reconnaître les espèces en voie de disparition

Originaire de la Baie Sainte-Marie, le coordonnateur de l’engagement des bénévoles auprès de l’IRMT, Nick Knutson, connaît bien la biodiversité de la région. À ses yeux, le projet d’Atlas permettra à la fois de nourrir les recherches herpétologiques et aussi de familiariser les habitants de Clare avec la faune et la flore de la région. 

L’expert met l’accent sur la tortue mouchetée, suggérant aux gens d’être conscients de sa présence et de partager leurs observations sur iNaturalist : « Je pense qu’on a juste cinq populations de tortues mouchetées en Nouvelle-Écosse. Elles sont toutes proches du sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, autour [du parc national et lieu historique] Kejimkujik. » 

Nick Knutson souligne aussi que ces tortues peuvent être vues au fond des bois, en arrière de Clare : « Il y a beaucoup de biodiversité là, ce qui fait que c’est vraiment une place pour aller voir pour ces espèces-là. »

Stimuler la curiosité

L’utilisateur et contributeur Dan Robichaud recommande iNaturalist à tous les gens ayant l’esprit curieux. Pour lui, contribuer à l’application est une sorte de thérapie, tout en stimulant une curiosité pour la nature : « Je trouve ça absolument fascinant », ajoute-t-il.

Lui-même photographe, Dan se rend compte que de plusieurs personnes prennent des photos de toutes sortes de choses dans la nature au quotidien. « Pourquoi ne pas contribuer? » suggère-t-il.

Dan Robichaud a observé plus de 300 espèces en Nouvelle-Écosse, dont 10 reptiles et amphibiens. Son compte rassemble aussi plus de 600 observations provenant de photos accumulées au fil des années. Ces dernières viennent de Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick, de l’Île-du-Prince-Édouard, des Îles de la Madeleine, de France et de Belgique.

Gracieuseté Dan Robichaud