Pour ceux qui ne le savent pas, le Yukon était le seul endroit au Canada en 2022 où le nombre de personnes parlant le français à la maison n’était pas en déclin, faisant de ce territoire le 3e endroit le plus bilingue au pays après le Nouveau-Brunswick. C’est un contexte très particulier, dû en partie aux circonstances de l’évolution démographique du Yukon, mais aussi du travail de ses membres. On a beaucoup à apprendre du développement de cette communauté et de ses institutions.
Ce qui m’a sauté le plus aux yeux, c’est à quel point la communauté est tissée serrée. C’était un choc, j’avoue, car en Nouvelle-Écosse, on a souvent l’impression que le monde est tissé, mais pas comme un tricot. Plus comme une guirlande d’anneaux en carton, où le lien est visible, mais les écarts le sont aussi. Au Yukon, je me sentais comme si la grandeur des espaces rapproche beaucoup les gens, ce qui nourrit la culture locale, embrassant le savoir autochtone et allochtone.
En fait, j’avais l’impression qu’on ne pouvait pas les dissocier. C’est pour cette raison, selon moi, que l’Aurore boréale (Yukon) est un exemple parfait de ce qu’un journal francophone peut faire pour rapprocher les gens. Il a réalisé plusieurs reportages qui touchent, entre autres, à la Vérité et à la Réconciliation, à l’intersectionnalité, à la mode et à l’art autochtone ainsi qu’aux enjeux territoriaux et environnementaux. C’est lors du Congrès annuel de Réseau.presse que j’ai réalisé combien Le Courrier aurait à gagner à renforcer ses liens avec les communautés mi’kmaq, qui ont une mine de connaissances à offrir. C’est notre angle mort sur lequel il faut travailler.
Le plus beau joyau de ce Congrès est de constater que chaque communauté est unique et a beaucoup à offrir aux autres. Ce qui marche ici pourrait marcher ailleurs. On peut toujours s’inspirer des bons coups des autres journaux, voir comment on peut reprendre l’idée et le faire à sa façon, d’une manière qui convient aux besoins de sa communauté.
Je pense qu’il ne faut pas perdre la possibilité de renforcer notre solidarité et notre collaboration avec les autres provinces. Une partie de moi croit qu’on serait plus fort si on se focalisait davantage sur les francophonies canadiennes dans son ensemble, au lieu d’y aller de province en province, de ville en ville, de village en village. On a plus en commun qu’on le pense, et parfois, ça prend juste un congrès ou un rassemblement de quelques jours pour s’en rendre compte.
Je retire de mon voyage au Yukon un amour encore plus grandissant pour l’écoute, la curiosité, la découverte et l’apprentissage. J’adore ce que les autres journaux de Réseau.presse réalisent, des balados thématiques de La Liberté à la chasse au trésor dans les pages du Nunavoix, une source d’inspiration et d’optimisme pour moi et l’équipe du Courrier.
La force, c’est nos idées. Notre force, c’est nos différences.
Alors, découvrez les journaux de notre beau pays, partez à l’aventure! Vous n’allez pas le regretter. Promis, juré.
Jean-Philippe Giroux
Rédacteur en chef