le Mercredi 18 septembre 2024
le Vendredi 9 février 2024 7:00 Éditorial

L’engagement communautaire : en crise ou en évolution ?

L'extérieur de l’une des maisons de bouteilles d'Édouard Arsenault, à l'Île-du-Prince-Édouard, construite avec toutes les bouteilles de verre de sa communauté, accumulées au fil de plusieurs années afin de créer la fameuse maison. Un vrai exemple de travail collectif !  — PHOTO : Jean-Philippe Giroux
L'extérieur de l’une des maisons de bouteilles d'Édouard Arsenault, à l'Île-du-Prince-Édouard, construite avec toutes les bouteilles de verre de sa communauté, accumulées au fil de plusieurs années afin de créer la fameuse maison. Un vrai exemple de travail collectif !
PHOTO : Jean-Philippe Giroux
L’engagement communautaire veut dire bien des choses et se manifeste différemment pour chaque personne. Si vos voisins sont des bénévoles dévoués, vous êtes peut-être le responsable d’un organisme ou d’un business qui a pour objectif d’améliorer sa communauté, un projet ou une entreprise à la fois. Cela dit, quand on pense à une personne engagée, on a certainement une image en tête.
L’engagement communautaire : en crise ou en évolution ?
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D’après le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF), pour assurer l’engagement communautaire, il faut une « augmentation de la participation, de la collaboration et de la parole accordée aux communautés pour générer des résultats plus efficaces ». Communauté est bel et bien le mot clé à retenir, peu importe la manière d’aborder ce sujet, et pour en construire une, il faut la participation de plusieurs. 

La perception de l’engagement communautaire est en constant changement, car la vie en communauté l’est aussi. Tel que présenté dans des documentaires comme The Social Dilemma (2020), qui mettent en lumière les graves enjeux liés à la dépendance aux réseaux sociaux et aux technologies de l’ère numérique, nous avons aujourd’hui des générations qui ne se souviennent pas de ce qu’était la vie avant Internet, lorsque le réseautage ne se faisait qu’en personne. Plus de temps est consacré en ligne à former des communautés virtuelles ou à organiser des mouvements sur diverses plateformes, dans le confort de sa maison. Les frontières se brouillent et la vie communautaire peut dépasser les bornes de délimitation d’un village. 

Je m’égare. Ce que j’essaie de dire, c’est qu’on est en train de perdre ce que j’appelle la génération volontariat. Pensez à tous les bénévoles de votre entourage comme feu Stan Surette, qui ont consacré des heures et des heures de leur vie au communautaire. Pour la génération de nos parents et grands-parents, la journée ne se terminait pas après avoir « punché out ». Il y avait des comités et des activités à organiser. Peut-être même de la pression sociale pour s’impliquer, afin de maintenir en vie les nombreuses organisations qui ne peuvent survivre qu’avec le soutien des bénévoles. 

Un rapport de l’étude 2022 sur le capital social au Canada a déterminé qu’il y a deux défis majeurs pour les communautés du 21e siècle : l’insécurité économique, qui mène à l’isolation sociale, et le déclin de l’engagement communautaire. Les individus dans la pauvreté font face à une panoplie de difficultés qui les empêchent de se focaliser sur les autres étages de la pyramide de Maslow. « La dure réalité est que plus une personne est économiquement vulnérable au Canada, moins elle a de contacts avec sa famille, ses amis et ses voisins », résument les auteurs du rapport. 

Le deuxième point met l’accent sur la baisse du nombre de personnes qui participent depuis les dix dernières années, ce qui coïncide, oserais-je mentionner, avec la montée en puissance et en popularité des réseaux sociaux comme Facebook, Twitter (X), Instagram, etc. 

J’entends parfois des échos dans les communautés acadiennes qu’il y a un manque d’engagement communautaire depuis les dernières années et que les gens ne sont plus autant impliqué que dans le bon vieux temps, ce qui me semble assez vrai, selon mes observations. Or, j’ai vraiment l’impression qu’il ne s’agit pas du tout d’un enjeu acadien, mais bien d’un enjeu humain, qui dépasse souvent notre libre arbitre. 

Ce qui m’amène au Congrès mondial acadien de 2024. On entend souvent dire qu’on ne sait pas ce qui se passe, qu’il n’y a pas autant d’emballement qu’en 2004, qu’on n’en entend pas assez parler dans Le Courrier, etc. 

Il y a deux défis. Premièrement, on ne peut que documenter ce qui a lieu et, en ce moment, il n’y a pas une myriade de choses qui se passent pour aller chercher des informations. Deuxièmement, le Courrier ne peut pas faire le job du CMA ou des organisateurs communautaires qui s’occupent des activités connexes au CMA. Les médias sont là pour les documenter, pas pour les mener. 

En toute transparence, oui, il est difficile et frustrant d’extraire des informations liées au CMA. Mais je me permets de faire une autre remarque : il n’y a pas non plus beaucoup d’activité concernant le CMA en dehors du CMA. Oui, ce serait bien d’avoir plus d’informations sur le CMA, mais j’aimerais aussi avoir plus d’informations sur tout ce qui l’entoure : les projets des citoyens, les attentes des participants, les initiatives et contributions, etc. 

Je pense qu’il faut reconnaitre qu’il y a une corrélation entre le silence ressenti et le manque général d’engagement communautaire dans la société. 

Ce n’est pas pour pointer du doigt, car on est tous dans le même bateau. C’est tout simplement un rappel que la réussite du CMA 2024 dépendra énormément de l’engagement communautaire, puisque, au bout du compte, ce n’est pas le CMA, mais notre CMA. 

La situation actuelle avec le CMA – qui n’est qu’un exemple – est un rappel de la nécessité de l’implication et de la différence qu’elle fait. Peu importe ce qui arrivera en aout, il ne faut pas oublier que la vie communautaire continue après la fête, et ce, grâce à l’engagement. 

Alors, quelle est votre contribution ? Comment souhaitez-vous participer ? 

Jean-Philippe Giroux 

Rédacteur en chef