le Lundi 25 septembre 2023
le Vendredi 8 septembre 2023 15:35 Éditorial

L’héritage acadien, un patrimoine à reconnaitre

Le Spectacle du Quinzou 2023.  — Jean-Philippe Giroux
Le Spectacle du Quinzou 2023.
Jean-Philippe Giroux
Lors des célébrations du Quinzou de cette année, la province de la Nouvelle-Écosse a déclaré que, dès 2024, août sera le Mois du patrimoine acadien, soit 31 jours dévoués à la reconnaissance de 400 ans d’histoire, de culture, de langue et de traditions. C’est une bonne nouvelle en soi, puisqu’il s’agit d’une occasion pour éduquer et célébrer de plus belle les apports des Acadiennes et Acadiens.
L’héritage acadien, un patrimoine à reconnaitre
00:00 00:00

Or, je ne peux m’empêcher de me poser des questions sur tout ce qui entoure et précède cette annonce. Rappelons qu’en avril dernier, la Société Nationale de l’Acadie (SNA) a constaté, à sa grande déception, que l’enveloppe de 500 000 $ destinée au financement des célébrations de la Fête nationale de l’Acadie ne sera plus l’année prochaine. Dans un article d’Acadie Nouvelle, le journaliste Alexandre Boudreau dévoile que le financement supplémentaire et temporaire au programme du Canada en fête ne sera pas renouvelé, a confirmé Patrimoine canadien par courriel. 

Quel dommage, car l’Acadie a pris un bel élan, grâce à l’ajout de ce financement. Pour ceux qui ne le savent pas, la subvention en question était fort utile pour divers organismes communautaires, qui recevaient entre eux la moitié de la somme afin de poursuivre leurs efforts. D’ailleurs, la SNA revendique la création de ce financement depuis longtemps. 

Le reste permettait de réaliser les grands spectacles télévisés à Radio-Canada, dont Havre au tchai à Pubnico, qui ont tout un impact sur les communautés qui les organisent ainsi que les communautés environnantes. 

Mon inquiétude est que cette coupe arrive à un moment stratégique. L’année prochaine, nous nous préparons à fêter l’Acadie en grand nombre en Nouvelle-Écosse, plus précisément en Argyle et en Clare, dans le cadre des célébrations du CMA 2024. Compte tenu de son ampleur, le manque de ressources financières pour les festivités habituelles a le potentiel de ne pas se faire ressentir autant, voire même passer inaperçu dans certains cas. Pourriez-vous imaginer si l’annonce avait été faite en 2022, la différence que ça aurait faite pour nous cette année ? 

Depuis la découverte de ce trou dans le budget fédéral, des députés acadiens ont tenté de rassurer leurs concitoyens en leur disant que le financement reviendra. Mais, à ce jour, il n’y a toujours pas de promesse. C’est beau l’espoir, mais sans confirmation, on joue à pile ou face.  

De retour à la Nouvelle-Écosse et son annonce du Mois du patrimoine acadien. Malgré son impact positif, je me demande sincèrement si on parle d’une coïncidence ou bien d’une annonce stratégique. Depuis quand est-ce que la province souhaite créer ce mois ? Pourquoi l’annoncer et le mettre en place maintenant ? Est-ce en préparation pour le prochain CMA ? 

Peu importe la raison, ce seront les organismes communautaires qui vont être les plus touchés. Un Quinzou ne se réalise pas deux semaines avant le jour. Ça prend des mois de préparation et de l’argent pour faire avancer les choses. Avec une perte de financement, les organisateurs doivent agir en conséquence, car il n’y a pas de temps à perdre. Pas de temps de jouer avec une cenne pour connaitre la suite. 

Et soyons honnêtes : il n’y aurait pas eu autant de silence si cette coupe avait été faite pour les festivités de la Saint-Jean-Baptiste. 

Pourquoi est-ce que la Fête nationale de l’Acadie n’est pas incluse sur la liste des activités de Canada en fête ? Est-ce que l’Acadie ne contribue pas à l’enrichissement de la culture canadienne ? Je vois en cette absence que, encore une fois, on dit aux communautés acadiennes et francophones en situation minoritaire qu’ils ne sont pas sur le même pied d’égalité, et ça me fait de la peine. 

C’est plus qu’une question d’argent. C’est une question de reconnaissance. L’héritage acadien est un héritage canadien, et c’est le temps qu’on le valorise davantage. 

Jean-Philippe Giroux 

Rédacteur en chef