le Mercredi 27 septembre 2023
le Vendredi 17 février 2023 9:00 Éditorial

Dire non sans culpabiliser

  PHOTO - Ahmed Zayan (Unsplash)
PHOTO - Ahmed Zayan (Unsplash)
Avez-vous déjà eu peur de dire non ? Avez-vous déjà dit oui, sachant très bien que votre cœur vous dit non merci ? N’étant pas quelqu’un qui aime beaucoup le conflit, j’ai souvent tendance à dire oui et à esquiver les situations où il faut que je réponde avec un non catégorique, car j’ai de la misère à mentir. Le résultat : un nombre de tâches qui ne correspond pas toujours avec mon horaire de travail… mais un calendrier hyper multicolore, grâce aux marques de surligneur qui le décorent.
Dire non sans culpabiliser
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Quand on travaille pour un journal, les offres abondent dans sa boîte de réception. Il y a une myriade de possibilités qui se présentent, toutes intéressantes et alléchantes. Le problème, c’est que le temps et les ressources ne se multiplient pas au même rythme. Si les médias comme Radio-Canada sont des paquebots avec un immense équipage, les petits médias sont comme des ensembles de chaloupes avec nautoniers qui font leur possible pour suivre le même trajet que le bateau de croisière. 

Donc, il faut apprendre à trancher, faire la part des choses et, le plus difficile, apprendre à dire non sans culpabiliser. De se répéter quotidiennement, tel un mantra, les mots je ne peux pas tout faire, on ne peut pas tout faire et on fait notre possible. Car seul dans une chaloupe, on ne peut pas aller partout, malgré nos ambitions. 

Même en tapant ces dernières lignes, je me demande ce que j’aurais pu faire dans cette dernière heure au lieu de rédiger un éditorial : de la recherche, répondre à des courriels, faire des appels téléphoniques, mener des rencontres, travailler sur des projets spéciaux, etc. Il y a un petit sens de culpabilité, sachant qu’il y a toujours une tâche ou un dossier qui manque d’attention de ma part. 

Et j’ai un peu honte de cette culpabilité, car en fin de compte, c’est un sentiment que j’ai créé moi-même. Donc, pour m’en sortir, je dis à voix haute que je ne peux pas tout faire, on ne peut pas tout faire et on fait notre possible, jusqu’à ce que ça passe. 

Et je remonte dans ma chaloupe pour reprendre la route. 

 

Jean-Philippe Giroux 

Rédacteur en chef