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le Jeudi 30 mai 2024 11:00 Communautaire

Une consultation publique pour discuter de la «vision pour Africville»

Vue aérienne d'Africville, montrant son emplacement sur le bassin de Bedford, avec l'extrémité nord d'Halifax et les Narrows en arrière-plan. — PHOTO: Bob Brooks - Nova Scotia Archives, 1989-468, vol. 16. 1965
Vue aérienne d'Africville, montrant son emplacement sur le bassin de Bedford, avec l'extrémité nord d'Halifax et les Narrows en arrière-plan.
PHOTO: Bob Brooks - Nova Scotia Archives, 1989-468, vol. 16. 1965
Ignite Consulting, embauché par la municipalité régionale d’Halifax, a mené une séance d’information publique, le 27 mai, à la Bibliothèque publique Halifax North Memorial, afin de demander aux anciens résidents et descendants d’Africville ce qu'ils souhaitent à long terme pour cette zone de la ville.
Une consultation publique pour discuter de la «vision pour Africville»
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Jean-Philippe Giroux – IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse

Une autre séance a eu lieu le samedi 25 mai au Musée Africville afin de lancer la phase 1 du projet Africville Visioning, dont le but est d’avoir l’avis des membres de la communauté concernant le développement de la zone où se situait Africville. 

Comme la rencontre de lundi, la séance au Musée Africville a été marquée par «beaucoup de frustration, beaucoup de douleur, mais à juste titre, et on s’y attendait, souligne DeRico Symonds, président et cofondateur de Ignite Consulting. Je pense qu’il est important que les gens l’expriment.» 

Cette petite communauté noire du North End, qui a existé pendant plus de 120 ans, a été démolie par la Ville de Halifax dans les années 60. Les anciens résidents, ses descendants et les organismes clés qui soutiennent la cause d’Africville militent depuis des décennies pour rectifier les injustices. Certains parlent d’indemnisations, notamment l’obtention de terres. 

Notons que l’ONU a qualifié, en 2004, l’expropriation des résidents d’Africville et la destruction de cette communauté de crime contre l’humanité. À ce jour, les descendants et les personnes déplacées réclament toujours des compensations.

La présence des Noirs en Nouvelle-Écosse ne date pas d’hier. Il faut remonter au début des années 1600 pour découvrir les premiers visages de la communauté afro-néo-écossaise. 

À lire aussi : «Nous sommes ici en tant qu’Afro-Néo-Écossais depuis plus de 400 ans» – Andrea Davis

DeRico Symonds, président et co-fondateur de Ignite Consulting. 

PHOTO: Jean-Philippe Giroux

«J’espère donc que leur voix sera entendue»

La consultation se voulait une occasion de se pencher sur divers enjeux tels que le transport actif, l’utilisation de la zone actuelle et les possibilités à l’avenir pour la région. 

Ignite Consulting a la tâche de créer un rapport, Ce que nous avons entendu, pour le Conseil régional avant de procéder aux prochaines phases, qui comprend un plan d’action détaillant les recommandations du public et des groupes d’intérêt, dont Africville Heritage Trust, la Fondation Africville Legacy et la Société de généalogie d’Africville. 

Le processus permettra à la municipalité régionale d’Halifax (MRH) d’analyser l’information et d’adopter des mesures, informe DeRico Symonds. 

«Je souhaite vraiment, vraiment, vraiment que les anciens résidents, les descendants et les habitants d’Africville obtiennent ce qu’ils demandent, commente le président. Je pense que cela fait un certain temps qu’ils ont adhéré à ce processus, et j’espère donc que leur voix sera entendue dans ce rapport.»

En 2021, une motion a été mise en œuvre et adoptée afin de réaliser un rapport municipal pour «développer un processus de collaboration», qui inclut, entre autres, une réexamen de l’accord d’Africville de 2010 et des engagements respectés ainsi qu’un recensement des projets municipaux ayant un lien avec Africville et ses environs. 

Le document mentionne aussi que la MRH s’engage à bonifier et à faire un retour sur le plan directeur de la rue Bayne (2003) tout en collaborant avec les partenaires communautaires, en vue d’inclure des terrains destinés aux descendants d’Africville. 

Pas d’unanimité

L’appréhension face au processus entamé se ressentait parmi certaines personnes présentes lors de la consultation. Les voix les plus critiques doutaient de l’efficacité du processus, que le rapport sera un autre document abandonné par la municipalité et que l’initiative ne mènera pas à un changement concret. 

Or, ils ont réussi à dresser un portrait de leur Africville idéal : l’installation de lampadaires pour les visites en soirée, la construction de toilettes publiques et d’une scène extérieure afin de rendre le parc plus vivant, un centre communautaire et des espaces communs, etc. 

Il y a le sentiment que le parc Africville, près du musée et du site historique, n’est pas le leur, car il faut une permission de la Ville pour y organiser des événements spéciaux, en vertu du règlement P-600, Respecting Municipal Parks

Pour aller de l’avant, certains veulent que les partenaires communautaires, qui ont la confiance des membres, soient au cœur du changement et qu’on appuie davantage les initiatives menées par et pour la communauté. 

À la suite de l’accord d’Africville de 2010, le fruit de négociations entre la MRH et la Société de généalogie d’Africville, Halifax a créé le Bureau d’intégration des affaires afro-néo-écossaises (ANSAIO), dont le rôle est de «bâtir des relations, des partenariats et des alliances solides au sein des communautés afro-néo-écossaises de la municipalité».