
10 des 60 réserves nationales de faune du pays sont en Nouvelle-Écosse.
Jean-Philippe Giroux
IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse
Il s’agit de l’ile Country près de Torbé, où habite une forte population d’oiseaux nicheurs et un habitat qui est particulièrement vulnérable au dérangement, l’ile Haute dans la baie de Fundy et l’ile Saint-Paul, à 24 km au nord-ouest de l’le du Cap-Breton.
Elles sont ajoutées à la liste des réserves nationales de faune (RNF) du Canada, dont 10 se retrouvant en Nouvelle-Écosse.
Environnement et changement climatique Canada (ECCC) a comme mandat de conserver les habitats des oiseaux migrateurs, des espèces antérieures et les habitats fauniques importants, informe Karel Allard, biologiste et coordonnateur des aires protégées pour le Service canadien.
Pourquoi le gouvernement agit-il maintenant? À cause des pressions croissantes que subissent les écosystèmes, répond M. Allard, surtout dus au développement et aux changements climatiques. «Afin d’adresser les vulnérabilités, on a voulu agir et aller de l’avant avec des mesures de protection», explique-t-il.
L’ensemble des RNF, rendu à 60 avec les trois nouveaux acquis, sont l’un des outils complémentaires aux partenariats autochtones, aux fonds de conservation de l’habitat et aux refuges d’oiseaux migrateurs, dont Port Joli et Port Hébert.
Ces aires protégées constituent, dans un premier temps d’une «police d’assurance», c’est-à-dire un mécanisme en place afin d’assurer une priorisation de certains habitats et une limitation de l’activité humaine.

L’ile Haute se retrouve dans la baie de Fundy. Elle est longue de trois kilomètres, couvre 20 hectares et possède des falaises de 100 mètres.
«Une deuxième fonction, c’est la fonction de point de référence, un repère qui nous permet de comparer un peu ce qui se passe à l’intérieur, dans des endroits où on limite la gamme d’activités qui peuvent avoir lieu, versus les endroits où on est plus actif», élabore le biologiste.
De plus, ces réserves sont une source de rétablissement. «Si tout fonctionne bien à l’intérieur d’une aire protégée, on peut s’imaginer que la biodiversité et les fonctions qui s’y trouvent peuvent s’étendre ailleurs sur le territoire.»
M. Allard rappelle que les nouvelles désignations sont le fruit de travaux qui ont été entamés il y a une centaine d’années, remontant aux premiers efforts liés à l’établissement ou à l’examen de la possibilité de protéger l’ile Saint-Paul en particulier.
Les récits relatant des évènements héroïques et parfois tragiques, mais aussi la longue histoire d’utilisation de ces iles par les Européens et les peuples autochtones rappellent l’importance historique et culturelle de ces territoires, raconte le coordinateur.
D’un point de vue écologique et géologique, ce sont également des iles intéressantes, dû à leur isolement et à leur exposition. «Elles sont loin de la côte et très exposées aux conditions, décrit-il. L’isolement, l’exposition ont vraiment façonné leur caractère physique, ce qui contribue à façonner aussi les communautés biologiques qui s’y associent.»
Les premières RNF ont été créées en 1968 à Blue Quills, dans le centre-est de l’Alberta, et à Bradwell, au sud-est de Saskatoon (Saskatchewan). Cette désignation n’est faite que sur les terres appartenant au gouvernement fédéral.
Nova Scotia Nature Trust, de son côté, est un organisme voué à la protection des terres privées de la province, en travaillant très collaborativement avec d’autres partenaires, comme ECCC, Conservation de la nature Canada et le gouvernement provincial.
«C’est toujours génial de voir les expansions du réseau de conservation, surtout lorsqu’il s’agit des iles côtières», commente Jaimee Morozoff, directrice de la conservation de Nova Scotia Nature Trust. La désignation fédérale, selon elle, met l’accent sur l’importance de ces terres pour la biodiversité.

Jaimee Morozoff, directrice de la conservation de Nova Scotia Nature Trust.
La synergie sur le plan de la conservation est due au fait qu’il y a beaucoup d’intérêt à faire reconnaitre et à protéger l’héritage naturel de la Nouvelle-Écosse. Mme Morozoff précise que la province «est vraiment unique dans sa volonté de travailler ensemble, de collaborer et d’avoir ces dialogues ouverts».
Des groupes collaboratifs continuent de mettre de la pression sur Halifax pour atteindre ses objectifs législatifs, soit la protection de 20 % de ses terres humides, de son eau et de son territoire d’ici 2030.
Chaque groupe a ses forces. Il y a une protection améliorée et appliquée dans les zones nationales, notamment pour les oiseaux qui font leur nid.
Mais il y a aussi beaucoup d’avantages à avoir accès à des terres privées. «On est beaucoup plus rapide que les gouvernements provinciaux et fédéraux, soutient-elle. On est donc vraiment opportuniste. Si une incroyable opportunité de conservation arrive, on peut souvent aider à protéger ces terres.»
«Certains propriétaires de terres ne veulent pas travailler avec le gouvernement, pointe-t-elle, voulant plutôt travailler avec une plus petite entité, à l’échelle locale.
Elle insiste sur le fait que les objectifs de conservation sont semblables, mais que les outils en main pour les atteindre sont différents.
Et avoir même une seule ile supplémentaire de protégée dans les voies de migration atlantique fait une grande différence, puisqu’il s’agit de sites de refuge et de repos pour les oiseaux, après des dizaines de milliers de kilomètres de vol.