Farida Agogno
IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse – Atl
Depuis 2021, l’Alliance des femmes de la francophonie canadienne (AFFC) pilote un projet de cinq qui repose sur l’étude des besoins spécifiques des femmes immigrantes francophones dans quatre provinces, dont la Nouvelle-Écosse.
Flore Assougouma, agente administrative et coordonnatrice du projet intégration des nouvelles arrivantes, avance que les défis auxquels sont confrontés les femmes immigrantes francophones sont multiples.
De manière générale, Mme Assougouma affirme que ces femmes font face à des difficultés en matière de logement, d’employabilité, de barrière linguistique, d’accès aux services en français, des places en garderie et de discrimination.
Ajouté à cela, le rapport produit par l’Alliance des femmes de la francophonie canadienne mentionne la nécessité de connaitre le droit du travail, le droit au logement et l’égalité juridique entre les femmes et les hommes.
Elle cite également d’autres besoins spécifiques, tels que l’appui aux mères pour la réussite scolaire des enfants à l’école, les services adaptés pour les victimes de violences et la lourde charge de famille.
Il est important de noter que, selon le rapport, durant les quatre premières semaines suivant leur arrivée, les services sont exclusivement offerts en anglais, ce qui pose des difficultés particulières pour les francophones unilingues. Et, les services destinés aux francophones sont nettement moins nombreux comparés aux services en anglais, qui sont plus complets et facilement accessibles.
Concernant les barrières linguistiques, Mme Assougouma explique que l’exigence du bilinguisme limite l’accès à de nombreux emplois bien rémunérés. Les cours de langue sont offerts, mais sans pratique régulière, il est difficile pour les femmes francophones de maitriser l’anglais au niveau nécessaire pour certains postes.
Pour l’employabilité, elle souligne que trouver un emploi est compliqué, d’autant plus pour les femmes, souvent soumises à des responsabilités familiales importantes. Le manque d’expérience canadienne et la reconnaissance des diplômes étrangers posent également problème, surtout pour les professions règlementées.
D’après Mme Assougouma, bien que la langue dominante en Nouvelle-Écosse soit l’anglais, certains services essentiels, notamment dans les domaines de la santé, des finances et du droit, nécessitent un accès en français. Cela reste difficile, ce qui peut engendrer des malentendus et des complications pour les femmes francophones.
«Le manque de places en garderies francophones, combiné aux listes d’attente dans les garderies anglophones, complique l’intégration des femmes avec de jeunes enfants», dit-elle.
Elle poursuit que la discrimination, bien que difficile à prouver de manière tangible, est souvent ressentie par les femmes. Certaines estiment que leur candidature est rejetée ou que leur recherche de logement est plus difficile en raison de leur appartenance à une minorité visible.
D’après le rapport, beaucoup de femmes trouvent les services d’Immigration Services Association of Nova Scotia (ISANS) et ceux d’Immigration francophone Nouvelle-Écosse (IFNÉ) plus utiles à leur intégration.
Parmi les suggestions du rapport pour améliorer l’intégration des femmes francophones immigrantes, on peut citer l’élargissement des ateliers d’apprentissage de l’anglais et réviser l’appui offert aux réfugiées.
Dans le cadre du projet, Mme Assougouma indique que l’Alliance a mis en place un plan de renforcement des capacités pour les organismes d’établissement. Ce plan comprend des outils et des ressources pour mieux comprendre et répondre aux besoins des femmes.
Par exemple, des ateliers sur l’intersectionnalité et l’autoévaluation sont organisés pour sensibiliser les organismes à la manière dont les oppressions multiples peuvent affecter chaque femme de façon unique.