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le Mardi 6 août 2024 11:00 Actualités provinciales

Qu’est-ce qui mène à un avis d’ébullition?

  PHOTO: Swanky Fella - Unsplash
PHOTO: Swanky Fella - Unsplash
En fin juin, la Municipalité régionale d’Halifax a émis un avis d’ébullition pour plusieurs secteurs de la région, pratique courante lorsque l'eau potable est potentiellement insalubre. S’il est évident pourquoi on doit mettre notre verre de côté durant une telle période, la science derrière l’avis prend un peu plus d’effort à maitriser.
Qu’est-ce qui mène à un avis d’ébullition?
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Jean-Philippe Giroux – IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse

L’eau publique fait l’objet de tests réguliers. C’est souvent lorsqu’on découvre des problèmes de chloration ou d’autres formes de désinfection qu’on sonne l’alarme, mais une hausse du montant de bactéries coliformes peut également mener à un avis. 

La Dre Monika Dutt, une médecin hygiéniste de la Nouvelle-Écosse, précise qu’il y a différents processus de filtrations et traitements de désinfection auxquels les municipalités ont recours pour s’assurer que l’eau est potable. La lumière UV, le chlore et l’ozone sont certains des outils disponibles pour purifier l’eau. 

Avant que l’eau n’arrive au robinet, un certain nombre de tests sont mis en place pour détecter la présence de produits chimiques et de microorganismes nocifs tels que des bactéries, des virus et des parasites. dont l’injection entrainent des symptômes sévères. 

On parle, entre autres, de la diarrhée, de la nausée, du saignement et du vomissement chez les personnes plus vulnérables, soit les enfants, les personnes plus âgées, les femmes enceintes et les personnes avec une immunodéficience. 

Un avis d’ébullition est donc émis lorsque les autorités sanitaires soupçonnent ou reçoivent la confirmation que l’eau publique pourrait avoir un impact sur la santé. «Nous recherchons également d’autres signes, pour être franc, de contamination par des crottes ou des excréments […] et si nous voyons une indication de ce type, cela peut être un signe plus général de contamination de l’eau», explique la Dre Dutt. 

«Un avis d’ébullition de l’eau est très spécifique pour essayer de montrer qu’il pourrait y avoir des organismes dans l’eau et que l’ébullition pourrait aider à s’en débarrasser.» 

Le dernier avis à Halifax était une mesure de précaution, à la suite d’une rupture dans le système. Les tests ont permis de conclure qu’il n’y avait pas d’organismes menaçants pour la santé publique.  

D’autres avis sont émis lorsque l’eau ne peut pas être purifiée par ébullition. Dans ces cas, on avertit de ne pas utiliser l’eau pour la consommation ou pour se laver. 

S’il s’agit d’un avis d’ébullition, il est recommandé de suivre les recommandations de Santé Nouvelle-Écosse tout simplement. L’ébullition, un «désinfectant non spécifique», détruit tous les organismes après un minimum d’une minute. 

La Dre Dutt insiste sur le fait qu’on peut être plus vigilant en tout temps, et ce, en se familiarisant avec notre eau, peu importe la source. Il s’agit d’une compétence à développer, en amont d’évènements météorologiques tels que des inondations soudaines ou d’autres catastrophes. 

Les défis liés à l’eau

Graham Gagnon, directeur du Centre d’études sur les ressources en eau (CWRS) de l’université Dalhousie, a découvert le centre lorsqu’il a commencé son travail à l’université, vers la fin des années 90. 

«L’eau est tellement importante pour les Néoécossais et les Canadiens que j’ai pensé que faire partie d’un centre comme celui-ci, où nous étudions des projets de recherche appliquée susceptibles d’aider notre communauté, était vraiment passionnant», confie le directeur. 

Dans les provinces atlantiques, les plus gros défis sont liés à la consommation, mentionne M. Gagnon. Le Centre a travaillé avec de multiples municipalités à travers la région, mais aussi au Canada et aux États-Unis, pour répondre aux questions relatives à la sécurité de l’eau. 

Ce ne sont pas toutes les bactéries qui sont dangereuses pour les humains, rappelle M. Gagnon. Au sein de la famille des bactéries coliformes, certains organismes sont relativement bénins. Mais puisqu’on détecte l’ensemble des bactéries et qu’elle est liée à la contamination fécale, ce type d’échantillonnage sert principalement de guide pour détecter une contamination. 

En lien avec les avis d’ébullition, le Centre apporte une valeur ajoutée en abordant des questions à long terme. Par exemple, ils peuvent travailler avec des communautés qui sont soumises à un avis d’ébullition pendant une longue période. 

M. Gagnon tient à préciser qu’il y a également le traitement des questions concernant l’utilisation de l’eau à des fins récréatives et à des fins de traitement des eaux ainsi que la quantité et la disponibilité de l’eau. 

Selon le directeur, la qualité de l’eau en Nouvelle-Écosse a changé depuis les dernières décennies, surtout l’eau provenant des lacs. Dans les années 80, les lacs se sont acidifiés, ce qui a mené à un taux de pH trop faible, raconte-t-il. Plusieurs organismes ne pouvaient pas vivre dans ces écosystèmes. 

Grâce aux changements politiques de l’époque pour améliorer la qualité de l’air, les lacs sont maintenant en voie de rétablissement. Une bonne nouvelle pour certains organismes, mais une mauvaise nouvelle pour la famille des mammifères, car d’autres organismes comme les algues nuisibles se multiplient. 

La technologie pour surveiller la qualité de l’eau et déployer le traitement d’eau a fait du chemin également. «Nous pouvons maintenant faire des choses que nous ne pouvions pas faire auparavant, ce qui est très excitant», conclut le directeur.