Farida Agogno – IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse – Atl
Le 2 juillet, à East Preston, Twila Grosse, députée provinciale de Preston, a annoncé un fond pour le projet Environmental Noxiousness, Racial Inequities and Community Health (ENRICH), ou Nocivité environnementale, inégalités raciales et santé communautaire en français.
Fondé en 2012 par la Dre Ingrid Waldron, ENRICH se concentre sur la sensibilisation et la lutte contre le racisme environnemental ainsi que les inégalités liées au changement climatique dans les communautés autochtones, noires et autres communautés racialisées.
La Dre Waldron affirme qu’ENRICH a reçu l’année dernière une subvention pour les communautés durables. Grâce à ce financement, 12 ateliers sur la préparation au changement climatique ont été organisés dans 12 communautés afro-néo-écossaises.
«Lorsque j’ai appris l’existence du financement de 1,7 million de dollars par un courriel à la fin de l’année dernière, j’ai décidé de renforcer le projet d’atelier de l’année dernière, en le considérant comme une phase un et une phase deux», explique-t-elle.
«La première phase comprend les 12 ateliers tenus l’année dernière, et la phase deux, financée par les 1,7 million de dollars, inclura des ateliers dans 13 autres communautés afro-néo-écossaises», ajoute-t-elle.
En plus, ENRICH prévoit d’utiliser ce financement pour élaborer des plans communautaires de résilience climatique, embaucher un coordinateur de projet et un assistant de projet, et collaborer avec des organisations locales pour soutenir le renforcement de la résilience aux changements climatiques dans les communautés afro-néo-écossaises.
Selon Mme Waldron, une série de modules intitulée Programme des ambassadeurs de la justice climatique sera lancée dès l’année prochaine. Ce programme sera composé de 12 modules mensuels pour les individus qui ont participé aux 25 ateliers.
Ensuite, ces participants seront encouragés à s’investir dans les 12 modules mensuels, pour lesquels ils recevront une rémunération. Ces modules seront proposés à travers une approche multimédia, comprenant des vidéos de 10 minutes, des interviews de balados de 30 minutes, des exercices de simulation, ainsi que des activités interactives en petits groupes, comme des présentations PowerPoint de 20 minutes par l’instructeur et des discussions en grands groupes.
De plus, chaque module comportera des projets expérientiels. Les participants exploreront des sujets liés au climat dans leurs communautés.
Mme Waldron prend l’exemple de l’inondation. Pour un sujet comme celui-ci, ils devront recueillir des informations sur les préoccupations de leur communauté et présenter les résultats sous diverses formes, telles que des assemblées publiques, des présentations ou des vidéos.
L’objectif est de partager des informations avec les membres de la communauté qui ne participent peut-être pas aux discussions sur le changement climatique et d’augmenter leur implication.
«À la fin des modules, nous aiderons chacune des 25 communautés à élaborer un plan de résilience climatique communautaire. Ce plan décrira les stratégies nécessaires pour renforcer leur résilience face au changement climatique», précise-t-elle.
Selon cette dernière, l’objectif est de former un groupe de leadeurs climatiques prêts à influencer les politiques environnementales, à protéger leur communauté en cas d’impact du changement climatique et à collaborer avec d’autres membres pour partager les connaissances nécessaires.
«Je veux voir des Néo-Écossais d’origine africaine prêts pour le climat, avec plus de connaissances qu’ils n’en ont jamais eues, prêts à gérer et à combattre les urgences climatiques, mentionne-t-elle. Je veux aussi qu’ils se sentent à l’aise pour discuter avec les décideurs politiques en matière de climat pour partager des informations sur le changement climatique, sur les politiques climatiques.»
Les communautés bénéficiaires de ce travail comprennent Yarmouth, Greenville (comté de Yarmouth), Shelburne, Liverpool, Weymouth, Digby, Bridgewater, Kentville, Windsor, Upper Hammonds Plains, Lucasville, Beechville, Halifax, Spryfield, Dartmouth, Cherry Brook, North Preston, East Preston, Truro, Amherst, New Glasgow, Antigonish, Upper Big Tracadie (comté de Guysborough), Whitney Pier et Glace Bay.
Les problèmes soulevés lors de la première phase
La Dre Ingrid Waldron souligne que le changement climatique pèse lourdement sur les communautés noires à cause de la pauvreté, donc un manque de ressources financières pour reconstruire après les catastrophes climatiques.
Elle rapporte que grâce à la phase un du programme, les participants de l’année dernière et de cette année ont également beaucoup parlé de l’insécurité alimentaire, qui est liée aux problèmes socioéconomiques.
Ils ont noté qu’ils étaient en situation d’insécurité alimentaire même avant les impacts du changement climatique. Cependant, l’année dernière, ceux-ci ont observé que la chaleur et les inondations nuisaient à leur capacité à cultiver des récoltes ou à entretenir des jardins potagers.
Un autre obstacle important mentionné est le manque de connaissances sur le changement climatique. Ils ont exprimé que ce projet était la première fois que quelqu’un leur fournissait des informations sur le sujet.
Ces participants révèlent aussi que les communautés afro-néo-écossaises, étant rurales, souffrent de maladies aggravées et d’un mauvais accès aux soins de santé. Les maladies comme la maladie de Lyme augmentent avec la prolifération des tiques due au climat plus chaud, accentuant les préoccupations en matière de santé et d’accès aux soins.
Le racisme environnemental, un problème systémique
La ministre Twila Grosse souligne que les communautés afro-néo-écossaises sont particulièrement vulnérables aux effets des changements climatiques en raison d’iniquités systémiques, comme le racisme environnemental.
D’après la Dre Ingrid Waldron, le racisme environnemental est différent du changement climatique. Alors que le changement climatique concerne le climat et les conditions météorologiques, le racisme environnemental implique des problèmes tels que la contamination de l’eau et la pollution de l’air. Bien que la pollution de l’air soit liée au changement climatique, ce sont des problèmes distincts.
Elle définit ce concept comme étant une «tendance des gouvernements et des industries à placer des industries dangereuses, telles que les incinérateurs, les décharges, les sites d’enfouissement et les pipelines, dans les communautés autochtones et noires. Dans ce contexte, les communautés afro-néo-écossaises sont affectées de manière disproportionnée par l’implantation de ces sites de déchets.»
Selon Mme Waldron, Africville, Shelburne et Lincolnville sont des exemples pour mieux comprendre ce problème.
Africville est une ancienne communauté qui n’existe plus en Nouvelle-Écosse. Les résidents ont été expulsés et soumis au racisme environnemental dans les années 1960. À Shelburne, la communauté afro-néo-écossaise subit les effets d’une décharge depuis 1942.
Lincolnville, une autre communauté afro-néo-écossaise, a eu une décharge depuis 1974, avec une deuxième génération de décharge placée au-dessus de la première en 2006.
«Le gouvernement s’engage à rectifier ces injustices historiques en aidant ces communautés à faire face aux défis climatiques, à renforcer leur capacité à résister aux impacts climatiques, et à saisir les occasions de se préparer et de s’adapter efficacement aux changements environnementaux», a souligné la ministre Grosse dans communiqué de presse gouvernementale.
Récemment, le gouvernement a annoncé la nomination de leadeurs communautaires, experts pour diriger un comité sur le racisme environnemental. Ce comité formulera des recommandations pour combattre le racisme environnemental, soutenant l’engagement du gouvernement à lutter contre les changements climatiques en Nouvelle-Écosse.