Jean-Philippe Giroux – IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse
Être un bon citoyen numérique est semblable à être un bon citoyen hors ligne. C’est naviguer dans les environnements numériques de manière responsable et sécuritaire et être soucieux de l’influence de ses gestes sur les autres.
L’objectif est d’aligner les valeurs pour que les entités numériques et réelles se ressemblent. «La citoyenneté numérique est un terme qu’on va commencer à entendre plus souvent parler. On n’a pas le choix de passer par là», avertit le consultant et conférencier Sam Côté.
Ce dernier achève ses visites dans les écoles acadiennes de la province. Même s’ils utilisent les mêmes applications, la réalité des jeunes en région urbaine et rurale diffère, remarque-t-il, d’où l’avantage d’aller en tournée pour prendre le pouls de la situation.
À titre d’exemple, en région, il y a des endroits où il y a de longs conflits non résolus. «En étant dans une bulle francophone, dans un milieu anglophone, en étant isolé un petit peu, en vivant ce phénomène-là d’exclusion, on se ramasse avec des jeunes qui sont ensemble, qui se voient d’année en année dans les mêmes classes depuis longtemps, raconte M. Côté, et ça, ça amène à des différents types de conflits […] qui sont plus comme des conflits familiaux.»
Lors de sa présentation, il mentionne qu’autour de 80 % des cas de cyberharcèlement qu’il a vus ont un lien avec des discussions de groupes (group chats).
Dans de nombreux cas, l’élément déclencheur, tel que le partage d’images intimes ou du contenu inapproprié, est à l’origine d’un drame qui prend de l’ampleur et mène à la cyberintimidation. «Les group chats cultivent trop souvent cet environnement toxique.»
Il essaie de montrer aux jeunes que le comportement civique en ligne va au-delà de ce qu’on partage en clavardant. Il faut aussi justifier la raison pour laquelle on demeure dans un groupe de discussion lorsqu’on est témoin d’intimidation et la raison pour laquelle on s’y sent à l’aise.
D’après M. Côté, il faut diviser l’apprentissage en trois phases, selon les étapes de développement. À compter du moment où les élèves du primaire ont accès aux tablettes et aux autres technologies à l’école, l’accent devrait être mis sur les concepts de base de la citoyenneté numérique, dont la protection de la vie privée et des mots de passe.
Plus tard, arrivé à la 7e année, ce serait d’amener des concepts que les jeunes peuvent appliquer et intégrer rapidement. «On tombe dans une phase de l’adolescence où on fait beaucoup d’erreurs en ligne, dit-il. Quand on se fait donner de la technologie à cet âge-là, on est particulièrement vulnérable et téméraire.»
Les enjeux sociaux plus avancés comme le trafic de la personne, la manipulation en ligne et la fraude propulsée par l’intelligence artificielle, qui peut maintenant imiter la voix de ses proches pour faire de l’hameçonnage, peuvent être abordés en plus grands détails à partir de la 10e année.
Mais au-delà du cadre scolaire, la citoyenneté numérique doit être discutée à la maison, défend le conférencier, car si elle est introduite à l’école, «on est déjà un pas en arrière».