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le Vendredi 29 septembre 2023 6:59 Actualités provinciales

Apprendre le Mi’kmaw au CSAP, un mot à la fois

 L'Ave Maria en écriture hiéroglyphique mi'kmaw. 
 — PHOTO - Wikiversity
L'Ave Maria en écriture hiéroglyphique mi'kmaw.
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Pouvez-vous parler une langue autochtone ? Les initiatives pour apprendre les premières langues du continent sont beaucoup plus nombreuses qu’auparavant. Au Conseil scolaire acadien provincial, on apprend le Mi’kmaw un pas à la fois avec le « Mot Mi’kmaw de la semaine ».
Apprendre le Mi’kmaw au CSAP, un mot à la fois
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Jean-Philippe Giroux – IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse

En collaboration avec Stéphanie Comeau, coordinatrice des communications du Conseil scolaire acadien provincial (CSAP), Danielle Root, qui travaille au sein du conseil scolaire à titre de coordinatrice des programmes et services mi’kmaw, a eu le goût de faire rayonner la langue. 

L’initiative a fait du chemin depuis ses débuts en 2021, surtout dans les écoles. « Quand je vais dans les écoles, je vois que les gens les impriment pis les utilisent, raconte Mme Root. C’est une façon facile de valoriser la langue. » 

Pour ce faire, elle trouve un mot qui a un lien avec ce qui se passe dans la vie quotidienne. Au moment de rédiger cet article, la dernière publication sur les réseaux sociaux présente le mot Wimumkewiku’s, soit « septembre » en Mi’kmaw. 

La langue a connu une croissance depuis les deux dernières décennies, notamment grâce à la création de Mi’kmaw Kina’matnewey (MK), une autorité scolaire du Cap-Breton qui œuvre pour promouvoir l’épanouissement de la langue et de la culture. 

Les données du dernier recensement démontrent que la connaissance du Mi’kmaw est en hausse de 5,9 % depuis 2016, avec 8 195 personnes dans les provinces atlantiques qui affirment pouvoir le parler. En Nouvelle-Écosse, on parle de 5 505 individus. 

Le dernier « Mot Mi’kmaw de la semaine » du CSAP. 

PHOTO - Instagram - CSAP

À l’échelle nationale, le portrait linguistique est un peu différent, avec une baisse de 4,3 % du nombre de locuteurs qui affirment pouvoir parler une langue autochtone. 

On peut attribuer cette évolution en Nouvelle-Écosse à l’influence de diverses innovations, dont les applications mobiles comme L’nui’suti, conçu par MK, pour promouvoir l’apprentissage linguistique chez les allophones. Elle comprend l’orthographe et la prononciation des noms d’animaux, de couleurs, de vêtements, etc. 

C’est justement l’un des outils à la disposition de la coordinatrice du CSAP. « À cause du mot mi’kmaw de la semaine, j’utilise plus les applis comme L’nui’suti, dit-elle, pis je demande beaucoup plus à des membres de la communauté [de m’aider]. » 

Elle a l’appui du Dr Bernie Francis, le linguiste qui a cofondé le système d’orthographe Smith-Francis, qui est le plus largement reconnu par les Mi’kmaq de la Nouvelle-Écosse. 

Un apprentissage pour tous

Si ce projet aide les autres à cheminer, Danielle Root remarque qu’elle en tire profit également. « J’apprends plus la langue, à cause de ce mot mi’maw-là de la semaine, lance-t-elle. C’est plus que d’aller chercher sur L’nui’suti ou sur [Mi’kmaw Online]. C’est aussi de comprendre que ces mots-là sont plus que des mots. Des fois, c’est des phrases, des concepts. C’est difficile de traduire de cette langue-là au français pour lui donner justice. » 

L’équipe de MK a développé d’autres applications ludiques et éducatives, qui soutiennent les jeunes apprenants ainsi que les parents et les enseignants des communautés. 

L’épanouissement de l’école d’immersion de Eskasoni, qui est basée au Cap-Breton, a également eu une influence sur la revitalisation de la langue sur le territoire. 

Mme Root mentionne qu’il n’y a pas beaucoup de ressources accessibles en français, car la plupart des Mi’kmaq ont été colonisés pour apprendre l’anglais. La grande majorité du contenu qu’elle produit doit être traduit. 

Le 17 juillet 2022, le gouvernement de la Nouvelle-Écosse a proclamé une loi reconnaissant le Mi’kmaq comme première langue de la Nouvelle-Écosse. Elle est entrée en vigueur le 1er octobre. Selon Mme Root, cette loi donne aux Mi’kmaq une base sur laquelle s’appuyer pour poursuivre leurs efforts. 

La coordinatrice des programmes et services mi’kmaw du CSAP, Danielle Root, lors de la cérémonie de la Journée de la Vérité et de la Réconciliation de 2022. 

PHOTO - CSAP

D’autres possibilités 

Le CSAP offre le cours de sciences Netukulimk, nommé d’après un concept culturel qui explore le savoir-faire et la perspective mi’kmaw face à la protection et la gestion des ressources et de l’environnement. Il est enseigné par un professeur à l’École secondaire du Sommet en collaboration avec des ainés et des membres de la communauté mi’kmaw. 

Danielle Root explique qu’il y aurait plusieurs défis à relever pour développer un cours sur la langue mi’kmaw, car bien qu’il y ait de multiples outils pour l’apprendre, ce sont surtout des personnes d’expression anglaise qui sont derrière la production du contenu. 

La coordinatrice se demande qui pourrait venir enseigner le Mi’kmaw en français, lorsque les éducateurs parlent premièrement l’anglais. Or, elle est d’avis qu’il y a des moyens de commencer à petite échelle avec par exemple la création d’un lexique à partir des mots de la semaine. 

Porter de l’orange 

Cette année, le CSAP commémore pour la troisième fois la Journée nationale de la Vérité et de la Réconciliation et la Journée du chandail orange, le 30 septembre, avec la contribution des élèves ainsi qu’un membre de la communauté Unama’ki. 

La cérémonie, qui aura lieu au Centre scolaire Étoile de l’Acadie à Sydney, sera d’une durée d’environ 20 minutes. Elle sera diffusée en direct dans les écoles du CSAP. 

La Journée du chandail orange, qui a pour objectif de sensibiliser aux séquelles et à l’héritage des pensionnats, est l’initiative de Phyllis Webstad, une survivante du système des pensionnats autochtones et membre de la Première Nation de Stswecem’c Xgat’tem.