C’est à Guysborough, à près de trois heures de Halifax, que ce port, largement appuyé par le fédéral, pourrait être construit. Depuis que ce sujet fait son retour, il ne cesse d’inquiéter des acteurs de l’industrie maritime. Force est de remarquer que ces critiques pleuvent de part et d’autre.
Ce grandissime projet, sous l’ordre du groupe Melford International Terminal inc., serait un terminal maritime de 315 acres sur les rives de la ville de Guysborough. Pour mieux comprendre la dimension spatiale de ce projet, il faut dire que cette surface représente environ 240 terrains de football, soit presque le triple de la ville-État du Vatican, en Europe. Ce groupe se compose de plusieurs hommes d’affaires, dont plusieurs sont originaires de la Nouvelle-Écosse.
Évaluée à au moins 350 millions de dollars canadiens, cette construction, qui serait située à plus de 200 kilomètres au nord-est du port d’Halifax, bénéficierait de l’appui du gouvernement fédéral. Après sa construction, ce port s’ajouterait aux trois autres ports de conteneurs dans l’est du Canada, notamment avec ceux de Montréal, dans le fleuve Saint-Laurent, d’Halifax et de Saint John, au Nouveau-Brunswick.
Ce nouveau port concurrencerait tous les ports du Canada et certains des États-Unis. Mais le premier port qui peut payer les frais est celui d’Halifax, qui est considéré comme l’un des plus importants du Canada. En étant le troisième plus grand port du Canada après celui de Vancouver et de Montréal, le port d’Halifax est la destination principale de l’Atlantique Nord et un important centre de transport pour les produits manufacturés, les produits agricoles, les produits miniers et les produits de la pêche.
Si ce mégaprojet est dans le collimateur du gouvernement fédéral, il fait l’objet d’enjeux majeurs, voire d’obstacles, selon des experts dans le domaine, dont Jacques Roy, spécialiste en logistique à HEC Montréal.
Ces spécialistes estiment que ce projet ne se situe pas dans un endroit commercial qui est stratégique. D’abord, situé à l’est d’Halifax, ce port est loin des marchés entre l’Europe et l’Amérique. En raison de cela, il contribuera davantage à la pollution, puisque les camions et les trains devront parcourir plus de kilomètres pour y accéder.
En outre, ce projet d’envergure n’a aucune liaison avec la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada, contrairement aux ports de Montréal et d’Halifax. Il faudrait faire d’énormes investissements pour effectuer cette liaison.
Les spécialistes sont d’avis qu’il faudrait attendre plusieurs décennies avant que ce projet devienne rentable pour l’industrie. Ce serait un investissement qui ne vaut pas la peine d’être fait, selon eux.
Outre ces facteurs et bien d’autres, lesdits spécialistes remettent en cause la raison d’être du projet Melford, en raison du fait que les autres grands ports avoisinants ont beaucoup plus d’espaces pour accueillir de grands navires et pour garder des marchandises.