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le Jeudi 1 juin 2023 11:00 Actualités provinciales

Les élèves immigrants des écoles francophones en Nouvelle-Écosse dans le viseur de Malanga-Georges Liboy

  PHOTO - CDC (Unsplash)
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Les élèves immigrants des écoles francophones font l’objet de beaucoup de difficultés au Canada, particulièrement en Nouvelle-Écosse. Plusieurs chercheurs en éducation s’intéressent à leur situation, dont Malanga-Georges Liboy, qui est actuellement professeur agrégé à l’Université Sainte-Anne. Le Courrier l’a rencontré pour une entrevue exclusive sur les résultats de ses recherches dans le système éducatif en Nouvelle-Écosse.
Les élèves immigrants des écoles francophones en Nouvelle-Écosse dans le viseur de Malanga-Georges Liboy
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 Le chercheur Malanga-Georges Liboy

PHOTO - Jean Junior Nazaire Joinville

Au cours de cette entrevue, il a exposé son parcours et son intérêt pour la recherche. Son travail porte, entre autres, sur l’interculturalité dans les milieux scolaires, l’intégration scolaire et sociale des élèves issus de l’immigration, l’homophobie à l’école, l’intégration sociale des jeunes issus de l’immigration et les compétences numériques des parents d’élèves issus des communautés ethniques à Halifax. Il a déjà réalisé plusieurs études à ce sujet, d’autres sont en cours. 

« À travers mes recherches, je réalise que les problèmes rencontrés par ces élèves immigrants en Nouvelle-Écosse sont énormes, a-t-il dit. Parmi lesquels je peux citer : manque d’information sur le parcours migratoire; barrière linguistique des élèves et des parents; manque de sessions d’information destinées aux parents et nouveaux arrivants et manque de ressources dans les écoles ainsi que dans les communautés. » 

Selon le chercheur, l’un des problèmes majeurs de ces élèves immigrants, c’est leur barrière linguistique. Certes, le Canada reçoit une kyrielle d’élèves immigrants, mais il n’y a aucune préparation académique pour les accueillir. « Je connais des familles qui arrivent en Nouvelle-Écosse avec cinq ou six enfants, a-t-il mentionné. Ils parlent tous arabe. Ils ne peuvent pas communiquer avec l’école. » 

Il a ajouté : « Le pire [c’est qu’il] n’y a aucun agent de liaison pour les aider à s’impliquer dans les écoles, où les cours se font en français. Non seulement ces élèves ne comprennent pas réellement ce qu’ils font en salle de classe, mais aussi leurs parents ne peuvent pas les aider, car ils sont tous allophones sur le territoire. »  

Le chercheur estime aussi que les enseignants ne sont pas préparés à la gestion de la diversité culturelle. À rappeler que certains élèves étaient en situation de guerre dans leur pays d’origine avant de venir au Canada. « Il y a des enseignants qui ont peur de communiquer avec les parents parce que leur culture est différente, a-t-il déclaré. Pour certains enseignants, cette différence culturelle peut créer des conflits. J’enseigne un cours sur l’éducation en contexte interculturel à Sainte-Anne, mais il y a beaucoup d’enseignants en Nouvelle-Écosse qui n’ont pas suivi ce cours pendant leur formation. » 

Selon M. Liboy, les élèves immigrants, une fois arrivés sur le sol, sont traités comme des Canadiens et le système ne tient pas compte de leur culture. « Non seulement le formulaire d’inscription des écoles ne fait aucune considération pour les immigrants, mais aussi le curriculum de l’éducation au Canada se fait uniquement pour les Canadiens, a-t-il précisé. L’élève immigrant, peu importe son pays d’origine, est dans l’obligation de s’adapter automatiquement au système canadien dès son arrivée. »

En dépit de tous les problèmes relevés de ses recherches, M. Liboy croit qu’il y a de grandes améliorations qui se font dans le système éducatif en Nouvelle-Écosse depuis sa dernière étude qui remonte à deux ans. Le gouvernement et les organismes concernés commencent à trouver des solutions à certains problèmes mentionnés qui étaient le résultat de ses recherches, mais d’autres problèmes existent encore. 

À rappeler que l’une des recherches récentes de M. Liboy avait comme titre L’école francophone en milieu minoritaire est-elle apte à intégrer les élèves immigrants et réfugiés récemment arrivés au pays ? de concert avec Judith Patouma, une autre chercheuse en éducation. Cette étude a permis de formuler des recommandations au Conseil scolaire acadien provincial en vue de faciliter la réussite scolaire des élèves immigrants. 

Parmi les autres recherches liées aux élèves immigrants, on peut citer, entre autres, Comment favoriser la communication école-familles immigrantes en Alberta ? Des solutions proposées par les parents immigrants, en 2014, et Enseignants non immigrants et enseignants immigrants : convergences et divergences autour de la relation entre école et familles immigrantes avec Paulin Mulatris, en 2016.

Malanga-Georges Liboy est professeur agrégé à l’Université Sainte-Anne depuis plus de dix ans. Après avoir décroché une maitrise en administration à l’Université de Sherbrooke en 1997, il a choisi l’éducation et en a fait un baccalauréat et une maitrise à l’Université de l’Alberta, respectivement en 2001 et 2004, puis un doctorat à l’Université de Sherbrooke en 2009. 

Pendant toutes ses études et jusqu’à maintenant, il s’intéresse toujours au sort des élèves immigrants dans les écoles francophones au Canada.