le Samedi 14 septembre 2024
le Vendredi 7 avril 2023 7:00 Actualités provinciales

Les effets de la hausse du salaire minimum 

  John McArthur (Unsplash)
John McArthur (Unsplash)
Le 1er avril a été marqué par une augmentation du salaire minimum dans trois provinces de l’Atlantique, y compris la Nouvelle-Écosse, ainsi qu’une hausse du salaire minimum fédéral. C’est une période d’adaptation pour plusieurs, notamment les entrepreneurs et les organismes communautaires. 
Les effets de la hausse du salaire minimum 
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Jean-Philippe Giroux – IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse

Au début du mois, le salaire minimum de la Nouvelle-Écosse est passé de 13,60 $ l’heure à 14,50 $ l’heure, soit une hausse de 90 ¢. 

Dans son rapport de 2021, le Comité d’examen du salaire minimum de la Nouvelle-Écosse a recommandé au gouvernement provincial d’augmenter le taux à 15,00 $ l’heure à compter du 1er avril 2024. Depuis lors, la province a annoncé que cette hausse aura lieu, et ce, dès le 1er octobre de cette année. 

De plus, le gouvernement a déclaré qu’il accepte la recommandation du Comité d’augmenter le salaire minimum annuellement en fonction du pourcentage de variation de l’Indice des prix à la consommation (IPC), en incluant un supplément de 1 %, à partir du 1er avril 2024. 

Notons que l’année dernière, la variation de l’IPC a augmenté de 6,8 %, selon la revue annuelle de Statistique Canada. En 2021, cette progression était de 3,4 % et, en 2020, 0,7 %. 

Depuis 2011, le gouvernement provincial se fie au seuil de faible revenu (SFR) pour fixer le salaire minimum des travailleurs à temps plein. Or, l’analyse du Comité provincial a démontré qu’un changement en fonction de l’IPC permettra « au taux de suivre les augmentations du coût de la vie ». 

Les auteurs du rapport avaient recommandé également une augmentation supplémentaire qui est représentative de la croissance économique soutenue de la Nouvelle-Écosse. 

En janvier 2022, des experts se sont prononcés sur l’enjeu des salaires en Nouvelle-Écosse, demandant une augmentation plus élevée, soit de 18 à 22 $ l’heure, afin de suivre l’inflation. 

Durant la période d’avril 2020 à mars 2021, 8,1 % des travailleurs en Nouvelle-Écosse ont touché le salaire minimum, surtout dans le secteur du commerce de détail, dans le domaine de l’alimentation et de la restauration ainsi que dans les industries d’hébergement. 

De gauche à droite : Gwen LeBlanc, gestionnaire des services en développement économique communautaire, André LeBlanc, gestionnaire des services en affaires et en entrepreneuriat, et Francine Thimot, gestionnaire des opérations – Clare et Argyle, Chéticamp et Isle Madame pour les services à l’emploi. 

Jean-Philippe Giroux

Au-delà de l’augmentation

Pour certaines petites et moyennes entreprises, l’une des préoccupations est l’influence de la hausse du salaire sur ces activités, ce qui pourrait mener, entre autres, à une réduction des heures de travail ou même à des pertes d’emploi. 

Le Courrier a tenté de rejoindre des entreprises pour avoir leur point de vue sur les changements du salaire minimum, mais n’a pas eu de retour.  

Mis à part l’augmentation, il y a d’autres facteurs à considérer, fait remarquer André LeBlanc, gestionnaire des services en affaires et en entrepreneuriat au Conseil de développement économique de la Nouvelle-Écosse (CDÉNÉ). Il y a notamment les effets négatifs de la pandémie sur le rendement des entreprises qui sont encore dans une période de récupération.

D’après lui, il faut tenir compte non seulement des besoins des travailleurs, mais aussi des préoccupations des entreprises. « Les petites entreprises sont confrontées au défi de trouver un équilibre entre s’assurer d’offrir des salaires équitables, dans ces temps ici, et, en même temps, maintenir la rentabilité de leur entreprise. » 

M. LeBlanc rappelle qu’il y a aussi la question du manque de main-d’œuvre au sein des petites et moyennes entreprises et, en milieu rural, les ressources humaines sont encore plus limitées. Dans certains cas, l’employeur n’a pas le choix d’offrir une rémunération qui surpasse le salaire minimum pour attirer des travailleurs. 

Lisette Bourgeois, directrice générale des Trois Pignons

de gracieuseté - Lisette Bourgeois

Du côté des organismes 

L’augmentation pose aussi un problème pour les organismes communautaires. Ceux qui ont accès à des projets d’été pour les jeunes doivent augmenter non seulement le salaire minimum des étudiants, mais aussi celui des employés de longue date. 

Lisette Bourgeois, directrice générale des Trois Pignons, avoue qu’il n’est pas évident de trouver un budget équilibré. « C’est devenu difficile et dispendieux de le faire, mais on n’a presque pas le choix. » 

Divers organismes devront s’adapter. Elle mentionne comme exemple l’organisme communautaire qui gère le club de golf de Chéticamp. Ce dernier compte plusieurs employés dont le salaire est plus bas, puisque le budget est limité. 

Selon la directrice générale, il y a peut-être une solution. « Le consensus semble être que s’il y avait au moins un montant à l’heure qu’on pourrait payer un étudiant avant qu’il ait l’expérience nécessaire, d’au moins commencer plus bas, cela nous permettrait de continuer à payer nos adultes un salaire abordable », explique-t-elle.