Située au nord-est des États-Unis, la Nouvelle-Angleterre est une région composée de six États : Connecticut, Maine, Massachusetts, New Hampshire, Rhode Island et Vermont.
Outre l’anglais qui est la langue dominante dans cette région, d’autres langues, particulièrement le français, y sont très présentes. D’ailleurs, lors d’un recensement en 2011, environ 25 % des habitants du Maine, New Hampshire et Vermont ont déclaré avoir une identité francophone.
Au fait, d’où vient cette identité francophone très présente dans cette région ? Quelle est la situation de la langue française aujourd’hui en Nouvelle-Angleterre ? Les réponses à ces deux questions, dans les lignes qui suivent, constituent la toile de fond de cette chronique.
D’entrée de jeu, il est utile de souligner qu’au cours des 16e et 17e siècles, les yeux des explorateurs français étaient rivés sur la Nouvelle-Angleterre. En conséquence, le Vermont a été exploré par Samuel de Champlain en 1609. C’est ce dernier qui lui a même donné le nom de « Verd Mont ». Dès lors, il y a une forte présence française dans cette région.
La déportation des Acadiens en 1755 a renforcé la présence française en Nouvelle-Angleterre. Si plusieurs États ont accueilli des Acadiens lors de cet évènement, selon le Centre de la Francophonie des Amériques, 1 700 Acadiens ont été déportés directement en Nouvelle-Angleterre. Ils étaient répartis dans plusieurs États.
La France a cessé d’occuper l’espace de la Nouvelle-Angleterre en 1763, après la signature du traité de Paris. Ce dernier met fin à la guerre territoriale entre ce pays et l’Angleterre. Toutefois, 13 ans après, soit en 1776, les États-Unis sont devenus indépendants.
Un autre événement majeur, qui a ouvert la voie à la francophonie en Nouvelle-Angleterre, c’est la migration d’environ un million de Canadiens français en quête d’une vie meilleure, du milieu du 19e siècle au début du 20e siècle, avant la grande dépression.
Dans son essai Mille après mille : Célébrité et migration dans le Nord-Est américain, l’historien Pierre Lavoie fait ressortir un aspect très significatif de ce mouvement migratoire. L’auteur montre comment Mary Travers, Jean Grimaldi et Rudy Vallée, des personnalités célèbres, ont eu des rapports avec la Francophonie, au cours de cette période migratoire, par l’entremise de leur visibilité médiatique et des pratiques transnationales.
Selon le natif de L’Isle-Verte, les migrants ont créé en Nouvelle-Angleterre des institutions sociales et interétatiques non seulement dans le but de renforcer leur solidarité, mais aussi de participer à l’invention de l’ethnie aux États-Unis.
Aujourd’hui, le français est la langue parlée à la maison par une partie de la population de la Nouvelle-Angleterre. En outre, en raison des frontières comprises entre cette région et le Québec ainsi que le Nouveau-Brunswick, deux provinces où le français est très présent, nombreux sont des habitants de la Nouvelle-Angleterre habitant dans ces localités frontalières connaissant le français.
De plus, la Nouvelle-Angleterre compte encore des Franco-Américains. Selon Louise Péloquin dans son article Une langue doublement dominée : Le français en Nouvelle-Angleterre, les Franco-Américains sont caractérisés par trois éléments principaux : l’origine canadienne-française, la langue maternelle française et la religion catholique.
Aujourd’hui, la Nouvelle-Angleterre compte plus de 2 millions de Franco-Américains. Certains d’entre eux ne cessent de revendiquer leur identité. Plusieurs établissements dans cette région proposent un enseignement bilingue français et américain.
En vue de renforcer leur revendication, il existe, entre autres, dans cette région des sociétés généalogiques, des livres, des programmes universitaires, des publications et surtout des organismes sociaux locaux.