La différence entre « Acadiens de souche » et « Acadiens » n’ouvre-t-elle pas la voie à une forme d’exclusion sociale ? « Ce débat est délicat », souligne Natalie Robichaud, directrice générale de la Société acadienne de Clare (SAC).
« Pour nous, à la Société acadienne de Clare, nous n’utilisons pas vraiment le terme “souche”, précise-t-elle. Certes, le terme acadien peut être utilisé à désigner les personnes de descendance acadienne. On peut l’utiliser comme ça, si on le souhaite, certainement dans un contexte historique, mais pour nous, à la Société acadienne de Clare, nous utilisons ce terme pour désigner toutes personnes qui s’identifient comme Acadien, et surtout ceux qui participent activement au projet sociétal de l’Acadie. »
Quant à Allister Surette, recteur et vice-chancelier de l’Université Sainte-Anne et président du comité organisateur du Congrès mondial acadien (CMA) 2024, il rejette d’un revers de main l’idée que la philosophie de l’Acadie n’est pas inclusive et que le terme « Acadien de souche » ouvre la voie à l’exclusion.
L’originaire de Pubnico-Ouest croit dur comme fer que l’Acadie est ouverte à toutes et tous. « Dans ta liste de ceux qui vivent en Acadie, il faudrait, selon moi, ajouter les francophiles. Comme acadien et comme président du COCMA 2024, je/nous vise/visons l’inclusivité », précise-t-il, comme la composition de la communauté universitaire à l’Université Sainte-Anne.
« Autrement dit, tous les gens sont [les bienvenus pour] participer au CMA. Nous ne nous posons pas la question de la façon qu’elles/ils s’identifient », ajoute-t-il.
Dans le cadre de mes échanges, je n’ai pas rencontré seulement les responsables des organismes. Des Acadiens connaissant bien leur histoire étaient aussi dans mon viseur.
Ainsi j’ai rencontré Dan LeBlanc, qui est né à la Baie en 1948. Selon ses dires, ses ancêtres, les familles LeBlanc et Doucette, sont arrivés en Acadie depuis 1772.
Il va sans dire qu’il connait la philosophie de l’Acadie comme le fond de sa poche. « En tant qu’Acadien, je suis pro-anglais, pro-français. En fait, je suis pro-humanitaire parce qu’on est tous des humains, précise-t-il. Tout le monde est inclus dans l’Acadie, selon moi. »
Les Canadiens francophones et immigrants vivant dans les régions acadiennes ne sont-ils pas invités aux activités ? La philosophie de l’Acadie n’est-elle pas inclusive ? Les affaires de l’Acadie concernent-elles exclusivement les Acadiens ? Ce sont ces questions auxquelles je voulais répondre pour cette chronique.
Si Natalie Robichaud de la SAC avoue que ce sujet est délicat, elle considère toutefois comme Acadien toutes les personnes qui s’impliquent dans les affaires acadiennes. Cependant, nombre d’organismes et personnalités en Acadie utilisent à n’en plus finir le terme « Acadien de souche ».
Quant à Allister Surette, il déclare que tous les gens sont les bienvenus en Acadie, mais il reste à savoir les stratégies utilisées par les organismes afin d’inviter les immigrants et les autres Canadiens à participer aux activités acadiennes.
S’ils sont souvent absents dans des activités importantes comme Leyla Sall, professeur de sociologie à l’Université de Moncton, et moi faisons le constat, il parait qu’il y a anguille sous roche dans cette affaire.