le Vendredi 14 février 2025
le Jeudi 23 janvier 2025 9:00 Nos communautés - Halifax

Utiliser le théâtre pour parler des relations à distance

Une photo prise lors de la présentation de NewfoundLanded, en novembre dernier. Santiago Guzmán était responsable de la mise en scène. 
 — PHOTO : Jeremy Harnum Photography
Une photo prise lors de la présentation de NewfoundLanded, en novembre dernier. Santiago Guzmán était responsable de la mise en scène.
PHOTO : Jeremy Harnum Photography
L’auteur et dramaturge Santiago Guzmán profite de sa résidence artistique au Musée canadien de l’immigration du Quai 21 afin de continuer à développer sa nouvelle pièce de théâtre portant sur les défis auxquels font face les migrants pour maintenir des relations à distance saines.
Utiliser le théâtre pour parler des relations à distance
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Santiago Guzmán, auteur et dramaturge de Terre-Neuve-et-Labrador. 

PHOTO : LVIMAGERY

Jean-Philippe Giroux

IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse

Long-Distance-Short, le titre non provisoire du projet, est inspiré de la vie de l’artiste et de l’expérience des migrants, comme lui, qui veulent faire durer leurs relations hors province et hors pays. 

La pièce de théâtre porte sur la peur à Guzmán, d’une part, des relations à distance entremêlées et, d’autre part, des araignées. Il raconte que ces dernières relations ont été avec des gens qui ne sont pas de Terre-Neuve ou proches de chez lui, source d’inspiration pour son œuvre. 

«J’essaie de les éviter, et je les crains, dans une certaine mesure, et j’ai une relation similaire avec les araignées», dit-il. 

En voyageant pour son travail, il a construit des relations avec des gens de partout au pays, créant ainsi un plus grand fil d’araignée, un plus grand réseau de relations à conserver. 

«Mais aussi, j’ai de la famille au Mexique, donc il y a beaucoup de relations à distance, lance-t-il. Et maintenir ces relations est très fatigant. C’est épuisant.» 

Le fil d’araignée sert d’analogie pour comprendre les connexions créées par les immigrants avec d’autres personnes dans leur vie. «Je me suis dit que c’était très intéressant comment ces deux choses peuvent intersecter.»

Une des choses que j’explore dans ce morceau, c’est comment nous communiquons.

— Santiago Guzmán

Santiago Guzmán dans la pièce Altar, dans le cadre du festival Prismatic Arts. 

PHOTO : De gracieuseté - Santiago Guzmán

Par l’entremise de sa nouvelle résidence artistique, il compte se familiariser davantage avec l’histoire de l’immigration canadienne, plus spécifiquement celle de Kjipuktuk (Halifax).

«Une des choses que j’explore dans ce morceau, c’est comment nous communiquons. La communication. Et je pense que, en ayant accès au Musée de l’Immigration, je peux aussi apprendre d’autres moyens de communication qui ont existé dans le passé, dans lesquels les immigrants ont utilisé pour parler à l’un à l’autre.»

Aujourd’hui, il y a la visioconférence, les lettres, les courriels et les appels téléphoniques pour garder contact avec sa famille. Mais Guzmán souhaite découvrir les formes de communication du passé, répète-t-il. «J’espère que, par la résidence, je pourrai apprendre des immigrants qui ont eu une expérience similaire à celle que j’ai eue.» 

Quel genre d’histoires?

Originaire de Metepec, Santiago Guzmán fait du théâtre et de l’art à Terre-Neuve-et-Labrador, sa terre adoptive, depuis 10 ans. «La plupart de mon travail parle de ses intersections, d’être queer, d’être un immigrant, d’être racialisé et d’être anglais langue seconde», explique l’auteur. 

L’art et la culture de son pays natal ont certainement eu une influence sur son travail. À l’âge de huit ans, il était déjà impliqué dans les pièces de théâtre de son école. Sept ans plus tard, ce fut des cours d’acteur et la comédie dans une troupe de théâtre scolaire qui le stimulait. 

Un cliché de l’atelier «LSD». 

PHOTO : De gracieuseté - Santiago Guzmán

«Il y a beaucoup d’art et de culture dans la communauté, mentionne-t-il, et je pense que j’étais très actif. J’ai pris mon travail très au sérieux.» 

Lorsqu’il est déménagé à St. John’s, son objectif était de devenir acteur et d’étudier la comédie. 

Mais il a vite constaté qu’il y avait un manque de représentation des personnes issues de la diversité. «Je ne voyais jamais vraiment les histoires de mes gens, de mes communautés, raconte le dramaturge. Alors, je pensais que ce serait si facile de juste écrire une pièce de théâtre.» 

Il a pour objectif de raconter des histoires qui se déroulent en Atlantique, avec des immigrants comme protagonistes. Il y a quelques années, il s’est attelé à la tâche en commençant par un spectacle solo, Altar, qui porte sur le racisme et le typecasting vécu par Guzmán. 

Avant de créer ses propres œuvres, il était prêt à jouer le jeu, à jouer n’importe quoi, mais les portes se fermaient, soutient le dramaturge. «Les gens n’étaient pas assez créatifs pour voir que la couleur de ma peau ou mon background culturel n’était pas limitatif. Je pense que l’idée de l’endroit d’où je viens, pour eux, de leur point de vue, était juste très figée.» 

Il dit que les gens faisaient des commentaires sur son accent ou sur la couleur de sa peau. On lui faisait savoir que le théâtre de l’ile se focalisait avant tout sur «l’histoire de Terre-Neuve». 

«Et j’ai pensé, mais quel genre d’histoires? se questionne-t-il. Parce que, vous savez, mon arrivée dans ce pays et dans cette communauté est une partie de [leur] histoire aussi, mais [ils choisissent] de ne pas raconter ces histoires.» 

Pour lui, il est important, comme dramaturge du Canada atlantique, d’élargir le répertoire. «Je pense que c’est important que, dans la compréhension culturelle de qui nous sommes, nos voix soient incluses», précise Guzmán. 

«C’est pourquoi je fais ça sans hésitation, parce que c’est important et parce que je veux créer cet espace pour tout le monde, pas seulement pour moi», conclut-il. 

Type: Actualités

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Jean-Philippe Giroux - Rédacteur en chef - Généraliste

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