le Jeudi 12 septembre 2024
le Lundi 21 août 2023 9:00 Nos communautés - Halifax

Une programmation musicale 100 % franco dès septembre à C98

  PHOTO - Alexey Ruban - Unsplash
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La radio communautaire de Halifax s’apprête à lancer une programmation musicale totalement francophone, du lundi au vendredi de 6 h à 18 h, pour répondre à une demande dans le secteur radiophonique de l’Atlantique.
Une programmation musicale 100 % franco dès septembre à C98
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Jean-Philippe Giroux – IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse

Le groupe C médias, qui est responsable de C98, la radio francophone pour la région de Halifax, souhaite se démarquer par cette programmation aux genres musicaux variés, mais dont le point commun est la langue française. 

Le directeur général Laurent de Lavenne est arrivé à C médias il y a cinq ans. Il lui est souvent arrivé de se faire demander quel type de musique passait en ondes. Face à cette question, il était incapable de répondre. « Je ne savais pas si on diffusait du rock, de la pop, du folk, de la musique acadienne, de la musique québécoise, du rap … je ne le savais pas parce qu’on était capable de passer d’un morceau traditionnel acadien de 1755 par exemple à Michael Jackson juste après », raconte-t-il. 

Il a regardé ce que font les radios anglophones, souvent axés sur un genre musical ou une image particulière, pour voir de quelle façon les radios de C médias peuvent se distinguer. Il s’est également inspiré d’autres radios francophones, dont CFRH à Penetanguishene qui est entièrement consacré à la musique en français. 

Rappelons que le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) exige que les radios communautaires jouent un minimum de 65 % de musique francophone et un maximum de 35 % de musique anglophone. 

C médias souhaite que les auditeurs, tant anglophones que francophones, puissent les reconnaitre facilement. « On va donner aux gens une vraie identité 100 % francophone, au niveau de la musique », affirme de Lavenne. 

Le studio de la radio communautaire francophone de la région de Halifax, C98. 

PHOTO - Henri Dominique-Paratte

Protection de la langue

C médias veut aussi favoriser l’épanouissement de la langue française et appuyer les artistes acadiens et francophones par cette nouvelle programmation. 

Mais il est difficile de plaire à tout le monde, précise Laurent de Lavenne, car chaque génération a ses préférences. « Mettre tout ça dans une programmation, ça devient très complexe. »

Grâce à cette nouvelle direction musicale, C médias sera en mesure d’adapter les choix musicaux en fonction des heures de la journée. À partir de la rentrée scolaire, il y aura différents « blocs musicaux ». Tôt le matin et après l’école, les radios vont jouer de la musique populaire et émergente pour capter un public plus jeune. Vers 16 h, ce sera plutôt des nouveautés dans l’univers du rap franco. 

Les autres créneaux horaires seront consacrés à d’autres styles musicaux qui touchent le reste des auditeurs. « Dans ce 100 % francophone, il y aura aussi des espèces de séquences un peu particulières dans la journée qui permettront à ce que tout le monde puisse s’y retrouver puis puisse se dire : bah, voilà, moi je préfère la musique “traditionnelle”, “acadienne”, tout ça, bah, je vais plutôt écouter entre 11 h le matin et 14 h », offre-t-il comme exemple. 

Au bout du compte, le but est « de toucher tout le monde, mais toujours en français ». D’ailleurs, la prochaine grille de programmation comprend environ 35 % de musique acadienne, 35 % de musique franco-canadienne ainsi que 30 % de musique francophone d’autres pays, dont le Maroc, la Tunisie, la Belgique, la France et la République démocratique du Congo. 

Cette ouverture est une manière de mettre en lumière les artistes d’ailleurs, mais aussi les jeunes artistes acadiens. 

Laurent de Lavenne, directeur général de C médias. 

PHOTO - C médias

Après 18 h 

Le fonctionnement des radios de C médias dépend aussi de la contribution de bénévoles afin d’animer les émissions en soirée et durant la fin de semaine. D’ailleurs, dès la rentrée, quatre personnes de la région de Halifax seront à l’antenne. 

Après 18 h, les animateurs bénévoles ont carte blanche, dans le cadre de leur émission, pour présenter des chansons en anglais et en français. « On s’est dit qu’on allait pas le faire à 100 % [francophone] toute la semaine, pour pouvoir offrir aussi à des gens qui voudraient faire du bénévolat la possibilité de diffuser la musique qu’ils ont envie », explique le directeur général. 

L’accent sera toujours mis sur la musique francophone, mais il y aura plus de liberté quant aux choix de chansons pour créer des listes de lectures personnalisées, selon le thème de leur émission. 

Avec les communautés scolaires

Les éducateurs des écoles francophones et les programmes d’immersion pourront aussi se fier à la nouvelle programmation afin de se brancher lors des heures de classe, selon Laurent de Lavenne. 

À long terme, C médias souhaite faire entrer la radio dans les murs des écoles du Conseil scolaire acadien provincial et des écoles du Nouveau-Brunswick ainsi que dans les autobus scolaires. 

Il s’agit d’une stratégie pour encourager les gens à faire vivre la francophonie en dehors de l’école, annonce le directeur général. « Comment éduquer un enfant à une langue si, dès qu’il sort de l’école, on le nourrit avec une autre langue ? En fait, ça marche pas. »

Il envisage de travailler sur ce dossier au cours de la prochaine année, et ce, pour la prochaine rentrée scolaire. 

« Les jeunes d’aujourd’hui sont les auditeurs de demain », lance de Lavenne. Il est d’avis que le déclin de la francophonie dans la région ne cessera de s’accentuer, si rien n’est fait afin de susciter l’intérêt des jeunes pour la musique francophone.