En 1970, les résidents d’Africville, une communauté perçue comme un bidonville (slum) peuplé de « squatters » qui y vivaient encore, ont été expulsés de leurs maisons. Ces dernières ainsi que l’église ont été démolies par des bulldozers au milieu de la nuit. Par la suite, de nombreuses familles ont été placées dans des projets de logements sociaux.
Africville était le centre spirituel et social de la communauté noire qui prospérait, malgré les obstacles presque insurmontables. En dépit du paiement de taxes municipales et des années à faire circuler des pétitions, les résidents ont vécu sans les services que d’autres tenaient pour acquis, notamment l’accès à l’eau, les égouts, les routes pavées, le service de police, les ambulances et les pompiers.
Des installations dont les autres communautés ne voulaient pas, comme la prison, l’abattoir, l’hôpital pour les maladies infectieuses et la décharge municipale, se trouvaient dans les environs d’Africville. Alors que d’autres parties de la ville recevaient des investissements pour se moderniser et se renouveler, la communauté noire était isolée et laissée à l’abandon.

Juanita Peters du Musée d’Africville.
Après une longue lutte pour la reconnaissance de ses torts en 2010, le maire Peter Kelly a présenté publiquement des excuses officielles. La ville accorde alors un terrain de 2,5 acres et 3 millions de dollars pour la reconstruction de l’église, achevée en 2012.
Juanita Peters, directrice générale du musée, explique que « le musée est une copie de l’église baptiste de Seaview, où nous partageons les histoires de la communauté d’Africville. C’est un lieu où les anciens résidents et leurs descendants peuvent se reconnecter, apprendre leur histoire et reconstruire un sentiment d’appartenance et de fierté. »
« Nous organisons de nombreux événements au cours desquels nous invitons le public à s’asseoir à la table pour discuter des choses qui nous concernent également, mentionne-t-elle. Nous partageons notre histoire par des lectures de livres et des présentations sur des sujets spécifiques comme la santé et les arts des noirs, en mettant l’accent sur les points communs et les différences entre nous. Le plus important est de faire parler les gens, en se concentrant sur une diversité de sources d’information pour éduquer les gens et les aider à se faire leur propre opinion. »
« La conversation sur le racisme n’a pas de maison ou d’adresse, précise Mme Peters. Elle est partout et nous avons donc établi des partenariats pour combattre [le racisme]. Le problème est souvent que les gens ne peuvent pas voir la discrimination. Les gens n’ont pas l’occasion de découvrir à quoi ressemble le racisme et ses effets s’ils ne sont pas touchés personnellement. »
« J’espère que le musée continue non seulement à raconter l’histoire d’Africville, mais aussi à aider les gens à comprendre leur place dans cette histoire et dans d’autres histoires semblables, dit-elle. Les gens devraient reconnaître cela et ensuite se dire… que dois-je faire ? »
Chaque année depuis la destruction d’Africville, les gens continuent à venir pour se souvenir du passé de cette communauté. Ils chantent, ont des services religieux, et parlent de la valeur et de l’esprit d’Africville qui vit toujours dans leurs cœurs.