Complété en 1905, l’édifice, devenu la plus grande église bâtie en bois en Amérique du Nord, a été désacralisé le 23 novembre 2023. La dernière messe dans l’édifice date de 2019, à l’occasion de la Fête de Noël. Il demeure vide depuis. En attendant des réparations structurelles urgentes, l’édifice tombe en ruines.
Pendant trois ans avant ça, elle était seulement utilisée à l’occasion, les messes hebdomadaires ayant lieu au sous-sol de l’ancien presbytère juste à côté, qui a été vendu depuis lors.
Pendant presque 120 ans, l’église a servi ses fidèles de l’ancienne paroisse Sainte-Marie. Elle fait maintenant partie de la paroisse Notre-Dame-d’Acadie, qui regroupe toutes les anciennes paroisses de la municipalité de Clare.

L’édifice se détériore graduellement comme indiqué par les conditions des fenêtres.
Les familles des diplômées et diplômés de l’Université Sainte-Anne, dont le campus se retrouve juste à côté de l’édifice, ont pu jouir de la beauté et du patrimoine retrouvés dans l’édifice lors des collations des grades, au fil des ans.
La nouvelle Association est dirigée par un conseil d’administration (CA) avec l’appui d’un comité consultatif local et d’un comité d’experts en patrimoine, composé de membres qui œuvrent à l’échelle provinciale, nationale et internationale.
La création de l’ASMHD découle d’une annonce dans le bulletin paroissial, annonçant que l’archidiocèse de Halifax-Yarmouth a lancé un appel d’offres pour la démolition de l’ancienne église.
«Notre groupe a pour objectif de sauver cet important site patrimonial et d’en faire un atout économique pour la région, la province et le pays», peut-on lire sur le site Web de l’Association.
«La démolition pourrait avoir lieu dès l’été 2025. L’édifice est pourtant plus qu’une église paroissiale. C’est un lieu historique qui symbolise l’ingéniosité acadienne qui a déjà été reconnue comme bien patrimonial provincial en 2001 et inscrite au registre canadien en 2006.»
«De plus, nous croyons que Sainte-Marie est une ressource sous-estimée et sous-exploitée qui pourrait apporter une contribution importante à l’économie locale par le biais d’une réutilisation adaptée.»
Deux professeures de l’Université Sainte-Anne, Stéphanie St-Pierre et Gabrielle Bardall, sont les instigatrices du projet. L’Association fait suite au travail de l’ancienne Société Édifice Sainte-Marie de la Pointe (SÉSMP) qui a œuvré de 2013 à 2022 pour préserver l’édifice, sans avoir obtenu l’appui financier qui était nécessaire.
À mon sens, Sainte-Marie appartient au peuple acadien et aux gens de la communauté.

Un des quatre fleurons au-dessus du clocher (à droite) risque de tomber n’importe quand. Une clôture sera installée autour de l’édifice cette semaine afin d’éviter les dangers au public.
Personne ne s’avançait pour poursuivre la tâche. La nouvelle ASMHD continue de travailler avec l’ancienne Société qui a partagé ses données et suivis et offert de précieux conseils.
Un site Internet a été créé en vue de solliciter les premiers fonds nécessaires pour embaucher une firme d’ingénierie afin d’évaluer la condition de l’édifice, projet estimé à 10 000 $.
Cette évaluation, d’un ingénieur spécialiste en patrimoine, permettra d’évaluer les couts de rénovations de même que proposer un plan pour des réparations, selon un ordre de priorités.
À la mi-janvier, le montant de 4665 $ a déjà été recueilli. On peut contribuer en visitant le site et retrouver la plateforme GoFundMe.
Le travail de l’Association avance. Il y a eu de nombreuses rencontres avec des firmes d’ingénierie et d’autres acteurs du milieu patrimonial, qui offrent des modèles intéressants à suivre. Elle reçoit aussi de l’appui gratuit d’experts et de groupes professionnels qui souhaitent appuyer l’initiative.
Il y a eu deux rencontres du CA jusqu’à la mi-janvier afin de prendre les démarches pour s’inscrire auprès de Joint Stocks de la province et lancer le projet. Une rencontre était prévue entre le CA et le Comité consultatif, le vendredi 17 janvier, en vue d’échanger et de rêver ensemble sur l’avenir de l’édifice, a noté Mme St-Pierre.
Rien ne peut se faire pour l’édifice avant la décision prise par le Programme des propriétés du patrimoine de la province d’enlever la désignation patrimoniale de l’édifice. Donc, l’Association aura encore environ six mois pour faire son travail. Il n’y aura pas de démolition en attendant cette décision.
Le CA se prépare pour faire une présentation devant le conseil municipal de Clare afin d’expliquer son projet et le mettre à jour des développements.
En attendant son avenir, une clôture sera installée cette semaine autour de l’édifice pour fins d’assurances.
La bâtisse commence à montrer son âge, surtout puisqu’elle vieillit sans son maintien. Il y a notamment un fleuron au haut du clocher qui penche et risque de tomber.
La SÉSMP avait estimé à 10 millions de dollars les couts de réparations pour ramener l’édifice à son état original. «Il y aurait la possibilité de s’en servir à d’autres buts que la religion, estime André Valotaire, président fondateur de la SÉSMP et gardien de l’édifice pour les paroisses depuis plus de 25 ans. Mais il faudrait trouver une société capable de gérer un revenu d’au moins 100 000 $ par an pour couvrir les couts d’opération, tels que la chaleur du grand édifice, l’électricité, les assurances, etc.»
«L’église Sainte-Marie est d’une importance patrimoniale considérable, et c’est pourquoi nous l’avons incluse dans la liste des lieux menacés de la Fiducie nationale du Canada pour l’année 2024 qui vient de paraitre le 12 décembre, a déclaré Patricia Kell, directrice exécutive de la Fiducie nationale du Canada à Ottawa, selon un communiqué de l’ASMHD. Nous sommes ravis de voir la formation de cette Association et nous nous réjouissons de les aider à trouver une nouvelle utilisation durable pour ce point de repère extraordinaire de la communauté acadienne.»
Selon l’ASMHD, le Conseil international des monuments et des sites (ICOMOS), une organisation non gouvernementale mondiale comptant plus de 11 000 membres dans 132 pays et territoires, est également en état d’alerte. «L’ancienne église Sainte-Marie est un bâtiment patrimonial de grande importance, non seulement pour les communautés de Nouvelle-Écosse, mais pour l’ensemble du Canada et de l’Amérique du Nord. ICOMOS Canada s’engage à accompagner les efforts entrepris afin de trouver un usage pertinent au bâtiment et le conserver», a déclaré Mathieu Dormaels, président d’ICOMOS-Canada.
«À mon sens, Sainte-Marie appartient au peuple acadien et aux gens de la communauté, a déclaré Natalie Robichaud, directrice générale de la Société acadienne de Clare. Cet édifice a été construit avec les mains, le cœur et la vision de cette communauté, et il continue à inspirer la fierté.»
«L’édifice attire des touristes de partout, et il a un potentiel énorme pour l’économie locale. Je suis heureuse qu’une association soit en place pour honorer cet héritage et faire en sorte que les décisions concernant son avenir reflètent sa signification profonde.»
L’Association est d’avis que l’engagement du public et l’établissement de partenariats solides sont au cœur de la mission de l’Association. Elle est reconnaissante de l’appui de l’ancienne SÉSMP, qui a généreusement partagé son matériel et ses connaissances pour lui permettre de reprendre son travail, là où elle l’avait laissé.
L’Association est également désireuse de poursuivre ses relations constructives et de collaboration avec tous les partenaires, y compris l’archidiocèse de Halifax-Yarmouth, la Municipalité de Clare et tous les paliers de gouvernement.
«L’édifice Sainte-Marie est [un ambassadeur] de l’art et de l’ingéniosité de la population acadienne. Face à une œuvre aussi puissante, les visiteurs ne peuvent que s’émerveiller devant son architecture impressionnante et l’histoire humaine triomphante qu’elle raconte», selon Gabrielle Bardall.
L’équipe est composée de, au CA: Gabrielle Bardall, Stéphanie St-Pierre, Gilles Saulnier, Eve LeBlanc, Stéphanie Maillet et Marc LeBlanc; au conseil consultatif local: Natalie Robichaud et Mary Ann Gauvin (Société acadienne de Clare), Renée Blinn (CDÉNÉ), Lucie LeBouthilier (ancien Comité de sauvegarde de l’église de Bas-Caraquet), Adrien Comeau (Société Vieille maison), Gérald Boudreau (coprésident du Conseil consultatif responsable pour la désignation de Grand-Pré comme Patrimoine mondial à l’UNESCO) et Paul LeBlanc (spécialiste en construction); et au comité aviseur en patrimoine: Patricia Kell et Chris Wiebe (Fiducie nationale du Canada), Mathieu Dormael (ICOMOS), Emma Lang (Heritage Trust of Nova Scotia) ainsi que Marion Santana Quintero (professeur à la Carleton University).
L’Association compte aussi sur l’appui de bénévoles, dont Daphnée de Lamirande et Katya Kovalenko, qui ont prêté main forte avec le graphisme et les communications.