Selon Natalie Robichaud, directrice de la Société acadienne de Clare (SAC), la vision de son organisme est de faire de la Baie Sainte-Marie un endroit où l’on peut vivre pleinement la langue et la culture acadienne et francophone dans tous ces aspects.
Ce faisant, la visibilité du français dans le paysage linguistique de cette région est importante pour cette société. «C’est important que l’affichage reflète l’identité de la région», précise-t-elle.
Selon la directrice de la SAC, contrairement à ce que l’on pourrait penser, les résidents de la Baie se préoccupent de la présence du français dans le paysage linguistique de leur région.
Elle souligne que la dominance de l’anglais choque les Acadiens de la Baie. «Je pense que plusieurs résidents de la Baie se préoccupent de la présence du français de la région. Je l’ai ressenti quand le terrain de camping Scallywags a installé leur nouveau panneau, se rappelle Mme Robichaud. Il s’agit sans aucun doute d’un sujet brulant et d’une question importante, car des personnes ont appelé notre bureau pour se plaindre ou pour savoir si nous pouvions faire quelque chose à ce sujet.»
La directrice de la SAC a vu de nombreux commentaires sur les médias sociaux. «J’ai entendu des gens en parler au sein de la communauté, souligne-t-elle. Encore une fois, je pense que de l’affichage bilingue est attendu, mais unilingue anglophone, ça choque un peu certaines personnes.»
Dans le discours de Mme Robichaud, elle ne s’oppose pas à la langue anglaise, encore moins aux anglophones de la région. «Il y a toujours eu des résidents anglophones à la Baie, et aussi beaucoup de touristes qui passent, donc c’est tout à fait normal, selon nous, d’avoir de l’affichage bilingue, précise-t-elle. Mais faire que de l’affichage unilingue anglophone ne passe pas un bon message, surtout que nous sommes une communauté francophone accueillante, et qu’il y a des étudiants sur le campus de l’Université Sainte-Anne qui ne maitrisent pas l’anglais.»
Par ailleurs, la Municipalité de Clare ne souhaiterait pas imposer un affichage bilingue au secteur privé de la région. Ce que Mme Robichaud admet. D’ailleurs, elle croit que ce sera compliqué d’imposer une loi et de la développer. Toutefois, elle souligne que les autorités locales devraient utiliser d’autres stratégies pour favoriser la présence de la langue française dans le paysage linguistique de la région.
Si la Municipalité de Clare se trouve dans l’impossibilité d’imposer une loi sur l’affichage, d’autres municipalités de l’Acadie l’ont déjà fait ou envisagé. En 2010, la Municipalité de Dieppe, au Nouveau-Brunswick, a adopté une règlementation sur les langues utilisées dans l’affichage. Les habitants de Dieppe voient le français dans l’affichage depuis.
La directrice de la SAC croit que les autorités locales peuvent non seulement sensibiliser et encourager le secteur privé afin d’utiliser le français dans l’affichage, mais aussi de rendre cette langue accessible, possiblement avec du microfinancement. «C’est quelque chose que l’APÉCA ou Patrimoine canadien, ou même l’Office des affaires acadiennes, pourraient rendre disponible, des fonds pour encourager les entreprises à faire de l’affichage bilingue», mentionne-t-elle.
«Maintenant que le Congrès mondial acadien est derrière nous, la Société acadienne de Clare a un peu plus de temps à consacrer à ce dossier. C’est une de nos priorités pour la prochaine année», conclut Mme Robichaud.