En effet, durant cette causerie, l’originaire de Clare a présenté avec minutie les résultats d’un nouveau projet de recherche sur le français acadien de Clare. Le professeur à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) a éclairé les lanternes des assistants sur ce qui change et ce qui reste inchangé.
«Le parler de la Baie Sainte-Marie a-t-il changé depuis les années 1980? Si oui, comment?» C’est la question qui a animé toute la présentation de M. Comeau.
Par ailleurs, cette causerie a suscité beaucoup d’interactions. Les assistants, plus vieux que jeunes, se sont montrés hyper intéressés aux recherches sur leur parler. Des questions pleuvaient tout au long de la présentation.
Pourquoi tant de différences entre variétés de français acadien? Pourquoi analyser le parler de Clare? Pourquoi le français de Clare n’a-t-il pas changé comme les autres dialectes de français? Autant de questions ont nourri la présentation de M. Comeau.
Selon le chercheur, le français acadien varie en raison de son contact avec d’autres variétés de français comme, entre autres, le français québécois et le français européen.
Le sociolinguiste a ajouté que les variétés du français de Clare résultent de plusieurs facteurs. Il a souligné que, d’une part, le taux de scolarité dans la région est très élevé, ce qui ouvre la voie à un contact intense avec le français standard et, d’autre part, l’établissement du Conseil scolaire acadien provincial dans la région.
Selon le chercheur, la plupart des études des variétés acadiennes du sud-ouest de la Nouvelle-Écosse sont à partir d’entrevues recueillies dans les années 1980 et 1990.
Pour les besoins de cette présentation, le chercheur a fait un survol diachronique sur l’évolution du parler de la baie. Il a porté un regard non seulement sur le taux de « je…-ons » dans les années 1980 par rapport à 2016, mais aussi sur le taux de «point» et «pas» pour les mêmes années.
Au cours de sa présentation, M. Comeau n’a pas hésité de relever les apports du français acadien à la population de Clare. «La langue est souvent intimement liée à l’identité socioculturelle», a-t-il précisé.
«Le parler d’une région fait souvent partie du patrimoine culturel de la communauté», a-t-il ajouté.
Dans une courte entrevue que le chercheur a accordée au Courrier après sa présentation, il a avoué qu’il avait été totalement surpris par plusieurs résultats que révèle sa recherche. «Ce qui m’a surpris notamment dans les deux formes que j’ai analysées [«je…-ons» / «point» et «pas»], c’est que les jeunes de cette génération s’en servent plus que les générations antérieures.»
Soulignons que M. Comeau mène des recherches sur le français acadien depuis plus de 15 ans. Il s’intéresse notamment à l’évolution du français acadien et cherche à comprendre ce que le français acadien peut nous dire sur comment les langues humaines (toutes les langues) changent à travers le temps.
Selon M. Comeau, sa recherche réussit grâce au soutien des participant(e)s du Corpus Clare 2016, la Société acadienne de Clare et surtout le Conseil des recherches en sciences humaines et sociales. «Je me sens fier et honoré de partager ma recherche avec les Acadiennes et Acadiens de ma région natale», a-t-il conclu.