Ce type de nationalisme a atteint son paroxysme lorsque le président Emmanuel Macron a promis le 21 novembre 2021 à Antonine Maillet, Prix Goncourt 1979, de visiter l’Acadie lors de son prochain voyage au Canada.
Ce projet a été remis aux calendes grecques lorsque, le 9 juin dernier, l’Assemblée nationale a été dissoute pour former un arc républicain contre le nationalisme fondé sur la religion et l’origine des droites extrêmes en France et du Rassemblement national (RN).
Auquel n’a pas participé le parti Les Républicains (LR), 45 députés sur 577 de l’Assemblée nationale. Par la suite, le parti LR a été laminé par le départ d’Éric Cotti, président du parti LR, et des 16 députés LR ayant fait le choix de s’allier au RN.
Le cœur du problème actuel des Amitiés France-Acadie, suite à la visite d’Emmanuel Macron à Ottawa et Montréal du 25 et 26 septembre réside dans l’utopie postcoloniale du français en tant que langue universelle et de civilisation. C’est pourquoi le contact de langues, le bilinguisme et le plurilinguisme des pays francophones sont considérés comme la langue des héritiers de la culture du colonialisme français.
La cerise sur le sundae est le Sommet France-Afrique, qui aura lieu en 2025 au Kenya, un pays anglophone de l’Afrique de l’Est. Du fait que les programmes d’aide financière et d’assistance technique de la Chine en Afrique génèrent une valeur ajoutée plus importante que ceux du gouvernement français. Et le peu de résultats du Sommet de Paris du 3 au 5 octobre dernier de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) dans les domaines du web en français, l’intelligence artificielle, l’économie, l’enseignement, la recherche, l’innovation, l’entrepreneuriat et la jeunesse.
La conséquence en est une forte montée des tensions au sein de l’OIF comme dispositif institutionnel organisant les relations entre les pays francophones. Puisque désormais, la priorité des Amitiés France-Acadie doit être de construire une F/francophonie*, entre autres, comme une langue de la diplomatie, du droit et de la gouvernance.
À cet égard, des membres des Amitiés France-Acadie saluent les actions de la Cour pénale internationale (CPI) pour des raisons de réconciliation nationale et/ou de positionnement international. Tandis que d’autres assimilent la CPI à une justice au service d’une nouvelle hégémonie des droites extrêmes, pour agir dans le champ idéologique et culturel. Par exemple, lorsque appliquée à l’histoire de la diplomatie du Traité d’Utrecht de 1713 au Traité de Paris de 1763 et du droit international coutumier écrit concernant l’intention génocidaire comme génocide des déportations des Acadiens de 1755, des Canadiens de 1757 et des Français de 1763.
L’objectif principal étant d’obtenir un consensus sur les règles d’action et leurs limites concernant l’usage du français dans les politiques étrangères des pays francophones. Même si la F/francophonie est marquée par des perspectives historiques divergentes, des conflits violents et l’extrémisme idéologique.
Car l’idée n’est pas qu’il est facile de saisir les mutations et la complexité du lien entre la doctrine sociale de l’Église des fondateurs de l’Université de Moncton en 1963 et les Amitiés France-Acadie. Mais une rupture avec la sortie de la religion et l’avènement de l’individualisme qui pousse le mal français au bout de sa logique et la panoplie des schèmes cognitifs, des métarécits et des métaphores du nationalisme fondé sur la religion et l’origine.
Et la perspective écologique de Justin Trudeau, l’actuel premier ministre du Canada, que les mondes sociaux comme lieux se situent dans une étape postnationale de l’histoire. En raison de l’incompatibilité entre question nationale et question sociale.
Gilles Couture, Adm. A.
Diplômé de l’École de commerce de l’Université de Moncton
Ancien de la section spéciale de l’ENA de l’IEP de Grenoble
*On parle de francophonie avec un « f » minuscule pour désigner les locuteurs de français et de Francophonie avec un « F » majuscule pour figurer le dispositif institutionnel organisant les relations entre les pays francophones.