le Vendredi 14 février 2025
le Vendredi 25 octobre 2024 7:00 Lettre à l'éditeur

Les Amitiés France-Acadie: une synthèse critique

Sur la photo, Antonine Maillet, prix Goncourt en 1979 pour son roman Pélagie-la-Charrette, élevée le 21 novembre 2021 au grade de Commandeur de la Légion d'Honneur, Emmanuel Macron, président de la République française, et des membres de la Société nationale de l'Acadie, des Amitiés France-Acadie, du parti Les Républicains, de la Fondation de France, du ministère français des Affaires  étrangères, etc., plantant, le 24 novembre 2021, dans un jardin de l'Élysée, un chêne qui rappelle que l’Acadie, fondée sur la religion et l'origine comme héritier du colonialisme français, est née en France.   
 — PHOTO : Gilles Couture Ltée, le 14 octobre 2024, et Yoan Valot de l'AP et RDI Matin, le 24 novembre 2021
Sur la photo, Antonine Maillet, prix Goncourt en 1979 pour son roman Pélagie-la-Charrette, élevée le 21 novembre 2021 au grade de Commandeur de la Légion d'Honneur, Emmanuel Macron, président de la République française, et des membres de la Société nationale de l'Acadie, des Amitiés France-Acadie, du parti Les Républicains, de la Fondation de France, du ministère français des Affaires étrangères, etc., plantant, le 24 novembre 2021, dans un jardin de l'Élysée, un chêne qui rappelle que l’Acadie, fondée sur la religion et l'origine comme héritier du colonialisme français, est née en France.
PHOTO : Gilles Couture Ltée, le 14 octobre 2024, et Yoan Valot de l'AP et RDI Matin, le 24 novembre 2021
Les Amitiés France-Acadie ont été fondées en 1976 par des gaullistes et conservateurs français, devenus en 2002 parti Les Républicains. Depuis, leur nationalisme s'appuie sur la religion et l'origine avec le support du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères et la Fondation de France.
Les Amitiés France-Acadie: une synthèse critique
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Ce type de nationalisme a atteint son paroxysme lorsque le président Emmanuel Macron a promis le 21 novembre 2021 à Antonine Maillet, Prix Goncourt 1979, de visiter l’Acadie lors de son prochain voyage au Canada. 

Ce projet a été remis aux calendes grecques lorsque, le 9 juin dernier, l’Assemblée nationale a été dissoute pour former un arc républicain contre le nationalisme fondé sur la religion et l’origine des droites extrêmes en France et du Rassemblement national (RN). 

Auquel n’a pas participé le parti Les Républicains (LR), 45 députés sur 577 de l’Assemblée nationale. Par la suite, le parti LR a été laminé par le départ d’Éric Cotti, président du parti LR, et des 16 députés LR ayant fait le choix de s’allier au RN.  

Le cœur du problème actuel des Amitiés France-Acadie, suite à la visite d’Emmanuel  Macron à Ottawa et Montréal du 25 et 26 septembre réside dans l’utopie postcoloniale du français en tant que langue universelle et de civilisation. C’est pourquoi le contact de langues, le bilinguisme et le plurilinguisme des pays francophones sont considérés comme la langue des héritiers de la culture du colonialisme français. 

La cerise sur le sundae est le Sommet France-Afrique, qui aura lieu en 2025 au Kenya, un pays anglophone de l’Afrique de l’Est. Du fait que les programmes d’aide financière et d’assistance technique de la Chine en Afrique génèrent une valeur ajoutée plus importante que ceux du gouvernement français. Et le peu de résultats du Sommet de Paris du 3 au 5 octobre dernier de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) dans les domaines du web en français, l’intelligence artificielle,  l’économie, l’enseignement, la recherche, l’innovation, l’entrepreneuriat et la jeunesse. 

La conséquence en est une forte montée des tensions au sein de l’OIF comme dispositif institutionnel organisant les relations entre les pays francophones. Puisque désormais, la priorité des Amitiés France-Acadie doit être de construire une F/francophonie*, entre autres, comme une langue de la diplomatie, du droit et de la gouvernance. 

À cet égard, des membres des Amitiés France-Acadie saluent les actions de la Cour pénale internationale (CPI) pour des raisons de réconciliation nationale et/ou de positionnement international. Tandis que d’autres assimilent la CPI à une justice au service d’une nouvelle hégémonie des droites extrêmes, pour agir dans le champ idéologique et culturel. Par exemple, lorsque appliquée à l’histoire de la diplomatie du Traité d’Utrecht de 1713 au Traité de Paris de 1763 et du droit  international coutumier écrit concernant l’intention génocidaire comme génocide des déportations des Acadiens de 1755, des Canadiens de 1757 et des Français de 1763.

L’objectif principal étant d’obtenir un consensus sur les règles d’action et leurs limites concernant l’usage du français dans les politiques étrangères des pays francophones. Même si la F/francophonie est marquée par des perspectives historiques divergentes, des conflits violents et l’extrémisme idéologique. 

Car l’idée n’est pas qu’il est facile de saisir les mutations et la complexité du lien entre la doctrine sociale de l’Église des fondateurs de l’Université de  Moncton en 1963 et les Amitiés France-Acadie. Mais une rupture avec la sortie de la religion et l’avènement de l’individualisme qui pousse le mal français au bout de sa logique et la panoplie des schèmes cognitifs, des métarécits et des métaphores du nationalisme fondé sur la religion et l’origine. 

Et la perspective écologique de Justin Trudeau, l’actuel premier ministre du Canada, que les mondes sociaux comme lieux se situent dans une étape postnationale de l’histoire. En raison de l’incompatibilité entre question nationale et question sociale.  

Gilles Couture, Adm. A.
Diplômé de l’École de commerce de l’Université de Moncton
Ancien de la section spéciale de l’ENA de l’IEP de Grenoble

*On parle de francophonie avec un « f » minuscule pour désigner les locuteurs de français et de  Francophonie avec un « F » majuscule pour figurer le dispositif institutionnel organisant les relations entre  les pays francophones.