Jean-Philippe Giroux
IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse
La Réserve de la biosphère de Southwest Nova est au service de cinq comtés, soit Annapolis, Digby, Yarmouth, Shelburne et Queens.
C’est grâce au travail d’un groupe de gens, qui s’est formé pour que la région soit reconnue par l’UNESCO, une reconnaissance qu’elle a obtenue en septembre 2001, que la réserve est aujourd’hui l’une des 19 biosphères du pays.
«Cette zone a été reconnue en raison du niveau élevé de biodiversité, du grand nombre d’habitats intacts, ainsi que de notre patrimoine et de notre culture», développe David Sollows, coprésident de la Réserve de la biosphère de Southwest Nova.
Pour obtenir cette reconnaissance, il fallait prévoir une zone tampon à l’extérieur de la principale zone de conservation, pour s’assurer que l’activité qui se déroule sur le territoire n’ait pas une influence sur les écosystèmes et les habitats dans les principales zones protégées.
Un accord final a été conclu avec la province en 2017 pour considérer les terres de la couronne autour du parc national Kejimkujik comme zone tampon, faisant partie d’une «zone de protection et de gestion durable des ressources».
L’association a réussi à exécuter de nombreux projets qui ont été instrumentaux à l’avancement des efforts de protection et de restauration du sud-ouest et au soutien du développement durable dans les communautés.
Par exemple, elle travaille avec les municipalités et des organisations locales dont la protection de la biosphère fait partie de son mandat pour conserver les terres acquises, mais aussi pour étendre les terres protégées. Les sites incluent les endroits prisés par les oiseaux migrateurs et des espèces à risque.
M. Sollows insiste sur le fait que l’association n’est pas antiforesterie. Il faut du bois, mais il faut également trouver un équilibre, selon lui. «Nous protégeons la sylviculture, à condition que le processus soit durable. Cela signifie qu’il existe un mélange de pratiques forestières dans le paysage qui soutiendra la sylviculture, mais qui protègera également la faune et la flore que nous avons.»
Restaurer les forêts
Des organismes locaux sont toujours à l’œuvre afin d’aider le gouvernement fédéral à planter 2 milliards d’arbres, et l’association les épaule. Quelque 570 000 arbres ont été plantés jusqu’à maintenant à travers la province, selon le gouvernement de la Nouvelle-Écosse.
La Southwest Nova Biosphere Region Association pensait qu’elle aurait eu de la difficulté à trouver des sites idéaux pour planter la mixture de plantes. Au lancement de l’initiative, plusieurs municipalités et propriétaires de terrains, y compris des terres agricoles abandonnées et d’anciens sites de déforestation, ont consenti à l’accès
L’initiative de l’Association devrait se terminer en 2026, mais on anticipe une expansion jusqu’en 2031. On cherche à faire pousser une variété de plantes, surtout à partir de graines d’arbres et d’arbustes indigènes, et non à développer une monoculture.
«L’objectif du projet est de restaurer ce qui aurait été la wabanaki, également appelé la forêt acadienne mixte, un mélange de feuillus et de résineux originaires de cette partie de la Nouvelle-Écosse», précise David Sollows.
Il ajoute que le retour de plantes indigènes dans l’écosystème mène à la réintroduction d’espèces indigènes dans l’écosystème, comme l’orignal continental, qui n’y étaient pas depuis longtemps.
Le Centre des sciences géographiques du Nova Scotia Community College de Middleton, en collaboration avec l’Association, a créé la première version d’un atlas scientifique interactif. Cette version comprend une carte interactive et vise à présenter aux élèves et citoyens les caractéristiques géographiques du sud-ouest de la Nouvelle-Écosse et depuis récemment du reste de la province.
Il s’agit, selon le coprésident, d’un «excellent outil» pour n’importe quel individu, mais surtout pour les éducateurs qui veulent encourager les élèves à mieux connaitre la géographie de leur province, dont les types de sols ou les niveaux de mer, et les défis environnementaux auxquels elle fait face.
La version 2.0 de l’atlas virtuel devrait être dévoilée bientôt.
Le bord des lacs
Un autre projet sur lequel l’Association travaille porte sur la restauration des bandes de terre qui bordent les cours d’eau et les lacs. Elle cherche des endroits où le littoral des lacs a été «amélioré de manière inappropriée».
Avec la hausse des projets de développement au bord des lacs, il y a de la sensibilisation à faire concernant la menace de ces projets, souligne David Sollows. «Le développement de votre propriété aura un impact sur votre lac», avertit le coprésident.
Par exemple, avec les propriétaires qui font de l’enrochement et qui fertilisent leur terrain, l’eau de la pluie contenant des éléments nutritifs s’écoule à travers les pierres marines et se retrouve dans le lac ou le cours d’eau, une recette magique pour la croissance des algues bleu-vert, lorsque la clarté de l’eau et les températures sont idéales pour la floraison.
«Une grande partie des algues bleu-vert que nous commençons à observer produisent des toxines extrêmement dangereuses, explique M. Sollows. Elles vont tuer votre chien. Elles peuvent rendre les gens malades. Certaines sont cancérigènes.»
«Par conséquent, si vous construisez le chalet de vos rêves au bord de ce lac pour en profiter, mais que vous détruisez au passage la raison même pour laquelle cette propriété était si importante pour vous… nous devons réfléchir à la manière dont nous procédons.»
La solution est de se focaliser sur l’éducation autour de la protection du littoral, répète M. Sollows, et d’encourager la restauration, notamment en plantant des arbustes. Ces derniers capturent le phosphore, qui favorise la croissance des algues bleu-vert, dans une plus grande proportion que les plantes herbacées.