En Acadie aussi, la critique se fait entendre. Plusieurs artistes acadiens ont fait savoir leur mécontentement en ligne, soit via les réseaux sociaux ou sur leurs propres sites internet.
Parmi ceux-ci, l’écrivaine et illustratrice Édith Bourget s’est exprimée « Ce n’est certainement pas la gang de COP26 qui va faire avancer la cause pour la protection de la Terre! 400 jets privés ont transporté les délégués et il semble que plusieurs de ceux-ci ont des représentants propétrole et procharbon. Dire que nous sommes tous là à utiliser Zoom pour nos réunions et nos présentations […]. On demande au petit peuple de recycler, d’économiser l’énergie alors que les décideurs continuent de vivre sans tenir compte de la situation ».
L’artiste multidisciplinaire Daniel Dugas a, de son côté, publié un poème à ce sujet sur son site internet le 6 novembre. Avec une citation de Greta Thunberg en exergue, nous pouvons lire une forme de bref historique des COP : « Berlin, poudre de perlimpinpin / Genève, mièvre / Kyoto, désastre annoncé / écologie apologie / énergie zéro calorie / comme le coca-cola ». Surtout, le poème attaque directement l’inaction vague des gouvernements : « l’espoir microparticule / danse dans le cosmos / de notre volonté / il ressemble au soleil / qui ne doit jamais / être observé directement ». À la suite du poème, plusieurs liens à des articles provenant du journal L’Humanité, de FranceInter, ou directement des Nations Unies ont été ajoutés pour appuyer ses propos.
De nombreux autres artistes de nos régions se sont exprimés, ne serait-ce qu’avec une phrase, en partageant des articles ou même des critiques vis-à-vis de la COP26. Si c’est dans le monde entier que les individus deviennent de plus en plus conscients des dangers face aux changements climatiques, l’Acadie demeure particulièrement susceptible à ses effets immédiats. La montée des océans et l’érosion côtière se font de plus en plus sentir, allant jusqu’à soulever la question « Quand la Nouvelle-Écosse deviendra-t-elle une île? » (titre d’un article publié par CBC plus tôt cette année)1. Un reportage du réseau 24 heures dénote les changements dramatiques « visibles à vue d’œil » aux îles de la Madeleine, où certaines côtes ont déjà reculé de plus de 20 mètres depuis la fin des années 1970.
En 2019, la Nouvelle-Écosse a passé la Coastal Protection Act (Acte de Protection côtière), une loi qui force les nouvelles constructions immobilières à être plus loin de la côte, et qui cherche à protéger davantage les écosystèmes maritimes tels que les marais salés. Néanmoins, même lors de l’adoption de cette loi, le gouvernement en place soulignait la difficulté d’établir formellement la loi avec les municipalités, et le manque de connaissances sur les impacts de l’érosion sur nos côtes. En sommes, nos côtes ne paraissent pas assez menacées dans l’immédiat pour imposer des normes plus strictes, et pour protéger davantage l’environnement. Sans surprises, à ce jour, l’acte n’a pas été entièrement mis en pratique; une période de consultations publiques par rapport à l’acte était ouverte jusqu’au 30 septembre dernier.
En plus des marées, la Nouvelle-Écosse est particulièrement susceptible d’être victime de tempêtes; il est prévu que les changements climatiques démultiplient en fréquence et en force les tempêtes maritimes, et plus particulièrement les ouragans remontant depuis les Caraïbes.
Si les décisions prises par la COP26 demeurent insuffisantes, Édith Bourget célèbre « En tout cas, moi, je suis contente d’avoir planté des arbres et des fleurs, d’avoir créé un grand jardin, parce que ça, c’est un geste concret pour la nature. Plantons des arbres devant chaque maison. »