Farida Agogno
IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse – Atl
Le directeur de l’Union des pêcheurs des Maritimes (UPM) tire la sonnette d’alarme sur la nécessité d’une intervention gouvernementale renforcée.
D’après lui, «les défis pour faire respecter les règlements sont en constante augmentation, et il est impératif que les autorités prennent des mesures pour protéger la ressource et garantir la sécurité des pêcheurs».
La situation a atteint un point critique, où le manque d’application des lois favorise, selon lui, le développement de réseaux criminels organisés, notamment dans le secteur de la pêche.
Il évoque également les défis liés aux droits des communautés autochtones, rappelant que le jugement Sparrow de 1990 accorde aux Premières Nations des droits de pêche à des fins alimentaires, sociales et cérémonielles. «Cependant, cet accès ne doit pas être utilisé à des fins commerciales», précise-t-il.
Malheureusement, certaines communautés semblent exploiter cette situation, en utilisant des centaines de casiers à homards hors saison pour vendre illégalement des produits.
En réponse à ces préoccupations, Doug Wintzell, directeur du ministère des Pêches et Océans Canada pour la zone maritime, a confirmé que des réunions régulières avec les pêcheurs et les autres parties prenantes ont lieu pour aborder ce problème.
D’après M. Wintzell, «des actions d’application de la loi, comme des arrestations et des saisies d’équipements, ont été effectuées».
Cependant, il souligne que certains aspects de la gestion de la pêche sont plus complexes qu’auparavant, nécessitant une collaboration continue entre les différents niveaux de gouvernement pour garantir la conformité aux lois et la sécurité publique.
Toutefois, lors d’une rencontre récente, les pêcheurs ont quitté la salle après que leur demande d’inclure une discussion sur la pêche illégale a été refusée.
«Les associations en ont ras-le-bol du laisser aller du gouvernement fédéral actuel par rapport au règlement de la loi sur la pêche», déplore M. Mallet.
Le Courrier a contacté le ministère des Pêches et Océans de la Nouvelle-Écosse, qui a envoyé des commentaires.
Le 3 octobre dernier, la ministre fédérale des Pêches et Océans, Diane Lebouthillier, a rencontré Kent Smith, ministre des Pêches et des Océans de la Nouvelle-Écosse, pour discuter de la crise.
Au cours de cette réunion, la province a réitéré ses appels à un renforcement des mesures d’application des lois concernant la pêche illégale, une problématique persistant dans la région de Clare et au-delà.
M. Smith a exprimé sa frustration face à l’inefficacité des actions menées par le gouvernement fédéral, qui semble davantage préoccupé par des enjeux éloignés, comme ceux observés dans l’océan Pacifique.
Il souligne que «la responsabilité de la surveillance des eaux incombe principalement au gouvernement fédéral», ce qui met en lumière le déséquilibre entre les efforts locaux et les actions fédérales.
M. Mallet insiste sur le fait que les communautés de pêcheurs vivent dans la peur en raison de la hausse des activités illégales. «Certains pêcheurs subissent des menaces et des représailles pour avoir osé dénoncer ces pratiques», dit-il.
Dans un communiqué du ministère des Pêches et Océans Canada (MPO), le ministère exprime sa préoccupation des comportements violents et menaçants envers les agents des pêches.
Par exemple, des agents ont fait l’objet d’une tentative d’acte d’agression, le 19 septembre à la Baie Sainte-Marie, alors qu’ils effectuaient leurs activités régulières d’application de loi en mer.
Un autre incident s’est produit le 25 septembre dans la même région quand les agents ont tenté d’inspecter un bateau. Le conducteur a tenté d’effectuer des manœuvres entrainant le contact entre les deux navires.
Face à cette situation critique, M. Mallet appelle à une action immédiate : «Il est impératif que des mesures fortes soient mises en place rapidement pour inverser cette tendance.»
Il insiste sur la nécessité d’une intervention plus stricte des autorités en ce qui concerne l’application des règlements de pêche. Il appelle à une augmentation des efforts des agents de conservation, des forces de l’ordre et des deux gouvernements pour assurer une surveillance efficace et punir les contrevenants.
La province et les pêcheurs espèrent que l’approche collaborative avec le gouvernement fédéral portera ses fruits, mais l’incertitude demeure quant à la capacité des autorités à faire face à cette crise.