Farida Agogno
IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse – Atl
Selon M. Smith, des milliers de livres de homard sont récoltés chaque jour en violation de la réglementation en vigueur. Le 14 septembre 2023, un an après sa nomination, le ministre provincial des Pêches et de l’Agriculture a révélé que la pêche illégale était l’une des premières questions qui lui avaient été soumises lors de son entrée en fonction.
M. Smith avance que malgré de nombreux échanges avec le gouvernement fédéral, notamment une rencontre avec la ministre fédérale des Pêches, le 1er octobre 2023, suivie d’une lettre envoyée le 17 octobre 2023, exposant clairement le problème, la situation est restée largement inchangée.
Une nouvelle lettre a été envoyée, le 22 aout, exprimant la gravité de la situation et demandant des mesures immédiates. Plus de trois semaines après son envoi, encore du silence. «Le manque de réponse du gouvernement fédéral est incroyablement décevant», ajoute-t-il.
La pêche illégale prospère en grande partie en raison de la forte demande pour le homard, une ressource naturelle prisée tant sur les marchés locaux qu’internationaux. «La demande est très élevée, et il y a un marché pour cela», explique le ministre.
En l’absence de surveillance adéquate qui relève de la responsabilité du ministère des Pêches et Océans Canada, cela entraine une augmentation du nombre de bateaux qui pêchent illégalement.
«Ce que j’entends des pêcheurs, des associations de pêcheurs et des membres de l’équipe du ministère des Pêches et de l’Agriculture, c’est qu’il y a une grande activité criminelle dans les régions de Saulnierville, Baie Sainte-Marie, Clare et Meteghan, et tout cela découle de la pêche illégale de homard, souligne M. Smith. Il n’y a pas de surveillance sur l’eau», renchérit-il.
La pêche illégale au homard a aussi des répercussions importantes sur la sécurité publique. M. Smith rapporte que la criminalité liée à cette activité illégale est en hausse dans les régions concernées. «Nous entendons parler d’incendies criminels, de vandalisme et même de fusillades en voiture», précise-t-il.
Contactée pour obtenir des informations sur le sujet, la GRC a orienté Le Courrier vers le ministère des Pêches et de l’Aquaculture de la Nouvelle-Écosse.
Dans certains cas, les tensions autour de la pêche illégale se sont traduites par des menaces violentes envers les membres des communautés locales. M. Smith révèle qu’un résident de Meteghan a même vu sa maison être la cible de tirs à deux reprises, illustrant la gravité des incidents qui se multiplient sur le terrain.
D’ailleurs, les acheteurs et les transformateurs à terre sont sous la responsabilité provinciale. M. Smith confirme que des lettres ont été envoyées à ceux-ci pour leur rappeler leurs obligations en vertu de leur accord avec la province, à savoir qu’ils doivent disposer de produits récoltés légalement dans leurs installations.
La province a également pris des mesures, doublant les effectifs de la GRC dans la région de Meteghan et augmentant les amendes pour possession de homard illégalement pêché, passant de 100 000 $ à 1 000 000 $.
Face à la passivité d’Ottawa, les autorités provinciales encouragent les citoyens à rester vigilants et à signaler toute activité suspecte. M. Smith précise que son département a intensifié ses efforts pour sensibiliser le public aux dangers de la pêche illégale, invitant les témoins d’actes illicites à contacter ou signaler ces activités aux autorités compétentes.
Cependant, selon le ministre provincial, ces efforts ne peuvent suffire à eux seuls. «Nous faisons ce que nous pouvons, mais nous ne pouvons pas tout faire seuls», conclut-il, d’où la nécessité d’une intervention fédérale pour résoudre cette crise.
Le Courrier a contacté le ministère de la Justice, mais n’a pas reçu de réponse avant la date de tombée de cet article.