le Samedi 14 septembre 2024
le Jeudi 20 juin 2024 11:00 Actualités politiques

La violence scolaire : un problème persistant

Un écolier dans le couloir d’une école. 
 — PHOTO: hutterSnap - Unsplash
Un écolier dans le couloir d’une école.
PHOTO: hutterSnap - Unsplash
À la suite d’enquêtes concernant les incidents dans les écoles, la vérificatrice générale a publié un rapport sur les mesures de prévention et de lutte contre la violence, dans le but d'assurer la sécurité des éducateurs et des élèves.
La violence scolaire : un problème persistant
00:00 00:00

Kim Adair, vérificatrice générale de la Nouvelle-Écosse. 

PHOTO: Site officiel du Bureau du vérificateur général de la Nouvelle-Écosse

Farida AgognoIJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse – Atl

Lors de la conférence de presse, Kim Adair, vérificatrice générale de la Nouvelle-Écosse, a expliqué les raisons de la publication de son rapport. 

La montée de la violence dans les écoles est un phénomène préoccupant qui ne peut être ignoré. Mme Adair a mentionné qu’au cours des sept dernières années, les incidents contre les éducateurs et les élèves ont augmenté de 60 %. 

Ryan Lutes, président du Syndicat des enseignants de la Nouvelle-Écosse, soutient que ses collègues et lui ont «observé une augmentation constante de la violence scolaire au cours de la dernière décennie. De plus, nous avons constaté une augmentation de la gravité des incidents, y compris la violence contre le personnel scolaire, ce qui était auparavant inédit.» 

Selon M. Lutes, diverses causes expliquent ce problème, notamment les difficultés des élèves à réguler leurs émotions, le manque de soutien pour les personnes handicapées, et les besoins en santé mentale des élèves qui sont parfois négligés. 

Les pressions sociales, les problèmes économiques et les exigences académiques aggravent parfois la situation. En résumé, ce manque de ressources contribue à la frustration et peut conduire à des comportements violents.

Ryan Luttes, président du Syndicat des enseignants de  la Nouvelle-Écosse. 

PHOTO: Facebook - Ryan Luttes, président du Syndicat de la Nouvelle-Écosse

Mme Adair a également révélé que la collecte des données sur la violence scolaire présente des lacunes. Sans des données précises et complètes, il est difficile de comprendre pleinement l’ampleur du problème et de mettre en place des mesures de prévention et d’intervention efficaces. 

Par exemple, le rapport dit que plus de 18 %, soit 26 000 des incidents violents signalés au cours des sept dernières années, n’ont fait l’objet d’aucune action de la part de l’administration scolaire. 

Mme Adair précise que, selon l’UNESCO, la violence scolaire engendre des conséquences graves et durables sur la santé mentale, le bien-être et l’éducation des enfants. 

Pour réduire les violences, le président du NTSU souligne l’importance de mettre en œuvre des conséquences cohérentes et appropriées afin de communiquer clairement que de tels actes ne sont pas acceptables. Ces répercussions peuvent dissuader d’autres personnes et favoriser un environnement plus sécuritaire et respectueux. 

«Par exemple, si un élève frappe un enseignant un mardi et qu’il est de retour en classe le mercredi sans soutien supplémentaire ou conséquence perçue, alors je pense que cela envoie le mauvais message aux autres élèves», raconte-t-il.

Sam Côté, consultant en prévention de la violence dans les écoles et en citoyenneté numérique, avance que l’identification des comportements précurseurs de violence pourrait offrir une opportunité de prévention. 

Face à ce défi, la vérificatrice générale recommande cinq mesures qui reposent sur la responsabilité du ministère de l’Éducation et du Développement de la petite enfance. 

«L’intervention gouvernementale est nécessaire pour mettre en œuvre des changements systémiques et allouer des ressources pour traiter la violence scolaire», soutient M. Lutes. 

Premièrement, il est important que le ministère développe une stratégie en collaboration avec les éducateurs pour gérer la violence scolaire, incluant la définition de la terminologie de la violence dans les écoles, des objectifs, des rôles et l’utilisation de PowerSchool pour la collecte des données. 

Deuxièmement, le code de conduite mérite une mise à jour avec des directives sur la gestion des comportements inacceptables, les conséquences appropriées et la communication régulière aux élèves et aux parents. 

Troisièmement, il faut améliorer les processus de collecte de données sur le sujet. Quatrièmement, il faut un suivi des incidents de confinement, c’est-à-dire d’exiger aux centres régionaux pour l’éducation et au Conseil scolaire acadien provincial un suivi et des analyses régulières. 

Enfin, Mme Adair préconise la mise en place de plans de gestion de situation d’urgence. 

M. Lutes indique que la violence scolaire a des impacts significatifs sur la santé mentale des professeurs. Assurer leur sécurité est essentiel pour maintenir un environnement d’apprentissage efficace et soutenir la réussite des apprenants. 

Pour M. Côté, avoir une approche collective de la responsabilité est à prendre en compte. Il explique qu’impliquer les élèves dans la responsabilité de la sécurité scolaire favorise un sentiment d’appartenance et d’engagement. 

«En encourageant la collaboration entre élèves, enseignants, parents et personnel scolaire, on crée un réseau de soutien efficace pour la prévention de la violence», dit-il.

Sam Côté, consultant en citoyenneté numérique pendant une séance sur la citoyenneté numérique devant un groupe de jeunes.  

PHOTO: Sam Côté - consultant en citoyenneté numérique pour enfants, adolescents, parents, personnes âgées, adultes et personnel scolaire

Par ailleurs, les réseaux sociaux, selon le président du syndicat, impactent le comportement des jeunes. Ainsi, il suggère la nécessité d’engager des conversations et des directives sur l’utilisation de ces plateformes aux élèves, mais aussi à toute la société. 

«En sensibilisant les jeunes aux conséquences de leurs actions en ligne, on favorise une utilisation responsable et réfléchie de la technologie, déclare M. Côté. En encourageant les comportements respectueux et éthiques en ligne, on contribue à créer un environnement numérique positif et bienveillant pour tous.»

En ce qui concerne les parents, M. Côté met l’accent sur leur rôle, qui est celui de la gestion à l’accès de la technologie. En leur fournissant des conseils pratiques et des stratégies de gestion, ils peuvent créer un environnement numérique plus sûr et équilibré pour leurs enfants. 

En fin de compte, M. Côté pense que la promotion de la citoyenneté numérique doit être un effort qui implique tous les niveaux de la société. «En travaillant ensemble, les familles, les écoles, les centres régionaux et le gouvernement peuvent créer un changement significatif dans la culture en ligne, favorisant ainsi l’utilisation plus sécuritaire, respectueuse et responsable de la technologie», relève-t-il. 

«Dans l’ensemble, la sécurité dans les écoles est une responsabilité collective, et il est impératif que tous les acteurs travaillent ensemble pour résoudre ce problème urgent», conclut le président du Syndicat des enseignants de la Nouvelle-Écosse.