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le Vendredi 21 juin 2024 11:00 Actualités nationales

Des centaines de poissons morts découverts dans une rivière

300 poissons morts ont été retrouvés dans la rivière Cardigan, à l’est de l’Île-du-Prince-Édouard. Des analyses sont en cours.  — PHOTOS: Ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de l’Action climatique
300 poissons morts ont été retrouvés dans la rivière Cardigan, à l’est de l’Île-du-Prince-Édouard. Des analyses sont en cours.
PHOTOS: Ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de l’Action climatique
La Voix acadienne - 300 poissons morts ont été retrouvés dans la rivière Cardigan, à l’est de l’Île-du-Prince-Édouard. La cause reste pour le moment inconnue. Selon les spécialistes, la hausse de la température de l’eau ou les ruissellements agricoles pourraient expliquer cette mortalité massive.
Des centaines de poissons morts découverts dans une rivière
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Mi-juin, des agents de protection de la nature de l’Île-du-Prince-Édouard ont retrouvé quelque 300 poissons morts dans la rivière Cardigan, à l’est de la province. Il s’agissait notamment d’ombles de fontaine, de truites arc-en-ciel et de saumons juvéniles. 

«Un agent de conservation m’a appelée et nous nous sommes rendus sur les lieux pour constater l’incident», rapporte Rosanne MacFarlane, biologiste de la province, spécialiste des poissons d’eau douce. 

Pour le moment, l’origine de l’événement demeure inexpliquée. Le ministère fédéral Pêches et Océans Canada a pris le relais de la province et mène l’enquête. 

C’est loin d’être la première fois qu’un tel événement se produit. Régulièrement, des poissons d’eau douce sont retrouvés morts dans les cours d’eau de l’île. 

«Il s’agit généralement de causes anthropiques, mais cela peut également être dû à des phénomènes naturels», observe Heather Laiskonis, directrice générale de PEI Watershed Alliance. 

Heather Laiskonis est directrice générale de PEI Watershed Alliance.

Les pratiques agricoles s’améliorent 

La responsable évoque pêle-mêle les phénomènes d’anoxie, les températures de l’eau trop élevées, les ruissellements de produits chimiques agricoles, la pollution industrielle, les sécheresses ou encore les maladies infectieuses. 

L’anoxie signifie qu’il n’y a plus d’oxygène dans l’eau à cause de la prolifération d’algues bleues. Les poissons ne peuvent donc plus respirer et meurent.

«À l’île, c’est très fréquent l’été dans les estuaires», relève Heather Laiskonis. 

À la fin des années 1990 et au début des années 2000, l’usage de certains pesticides en agriculture a également entraîné le décès de nombreux poissons.  

«Des produits chimiques très toxiques s’écoulaient des champs et se retrouvaient dans les rivières», détaille Rosanne MacFarlane. 

Mais, selon la biologiste, la situation s’est améliorée grâce à des pratiques agricoles plus respectueuses de l’environnement. 

«C’est devenu de moins en moins fréquent au fil du temps, il y a eu une prise de conscience de la communauté des fermiers, ils utilisent des substances moins toxiques», assure-t-elle. 

Depuis 2020, les groupes de bassins versants insulaires travaillent main dans la main avec les agriculteurs dans le cadre du programme PEI Agri Watershed Partnership, financé par la province. 

Multiplication des menaces 

«Il s’agit d’une réponse directe à la mortalité des poissons. On essaie d’associer les agricultures à la protection des cours d’eau et d’apporter une réponse adaptée à chaque ferme», explique Heather Laiskonis. 

Replanter de l’herbe, laisser des terres en jachère, maintenir une zone tampon le long des rivières, autant de solutions pour éviter tout écoulement nocif dans l’eau. 

Si la situation s’arrange sur le front agricole, «l’énorme menace» du changement climatique inquiète particulièrement Heather Laiskonis. 

«Un poisson aurait pu évoluer pendant des centaines de milliers d’années pour réussir à vivre dans des températures plus chaudes. Mais lorsque les températures atteignent des niveaux record en 20 ou 30 ans, ils n’ont pas assez de temps pour s’adapter.»

La multiplication des menaces préoccupe également la spécialiste : «En plus de la température de l’eau, les poissons doivent apprendre à vivre avec des espèces envahissantes agressives.»

En attendant, le gouvernement provincial a décrété une fermeture de la pêche dans la rivière de Cardigan jusqu’à nouvel ordre.