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le Mardi 6 février 2024 9:00 Actualités nationales

Moins de neige en hiver, plus de feux au printemps

Le manque de neige actuel associé à un printemps chaud et sec pourrait provoquer des feux de forêt intenses et précoces. 
 — PHOTO : Second sight – Unsplash
Le manque de neige actuel associé à un printemps chaud et sec pourrait provoquer des feux de forêt intenses et précoces.
PHOTO : Second sight – Unsplash
FRANCOPRESSE – Le manque de neige pourrait être le signe d’une nouvelle saison des feux hors norme cette année. Tout dépendra des conditions printanières. Un autre phénomène inquiète les scientifiques : les incendies zombies qui couvent sous la neige tout l’hiver et peuvent se rallumer au printemps. La crise climatique favoriserait ce type d’évènements.
Moins de neige en hiver, plus de feux au printemps
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Les forêts canadiennes sont loin d’être tirées daffaire. Dest en ouest, le manque de neige pourrait se traduire par une saison des feux particulièrement intense au printemps. 

« Ce nest pas toujours le cas, mais si lon regarde les tendances du passé, les années El Niño à faible enneigement sont associées à une plus grande superficie brulée », révèle Ellen Whitman, chercheuse au sein du Service canadien des forêts de Ressources naturelles Canada, en Alberta. 

Selon la scientifique, dans le sud et louest des Territoires du Nord-Ouest, de même que dans le nord de lAlberta, l’épaisseur du manteau neigeux est inférieure de 10 à 20 centimètres à la moyenne.

« Nous avons un enneigement bien en deçà de la normale sur une assez large partie de louest du Canada. Cest même assez spectaculaire à certains endroits », constate la spécialiste. 

Les prévisions météorologiques ne rassurent pas Ellen Whitman : « Nous anticipons du temps très chaud au cours des prochaines semaines, avec plus de précipitations sous forme de pluie que de neige. »

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La «perte continue de neige dans un climat qui se réchauffe signifie que les feux de forêt bruleront pendant de nombreux jours supplémentaires chaque année au Canada», affirme Philippe Gachon, hydroclimatologue à lUniversité du Québec à Montréal. 

PHOTO : Courtoisie

Printemps chaud et sec hautement à risque 

Lensemble du pays se trouve dans une situation similaire. Philippe Gachon, professeur au Département de géographie de lUniversité du Québec à Montréal, parle d’« année exceptionnellement sèche, en particulier dans les territoires du nord ».

« Les conditions fluctuent énormément, mais cette année nous avons moins de neige que dhabitude », confirme lhydroclimatologue. 

Il rappelle que le mois de décembre 2023 a été le plus chaud jamais enregistré au Canada depuis le début des relevés météorologiques.

Philippe Gachon sinquiète de la sècheresse hivernale que traverse présentement le pays. Car plus la neige est abondante, plus le risque dincendie diminue. Inversement, moins il y a de neige, plus ce risque augmente. Au printemps, la fonte des neiges permet en effet dhumidifier les sols.  

L’épaisseur de la neige nest pas le seul facteur qui entre en ligne de compte. Tout va dépendre des précipitations et des températures de lair au printemps.

« Des températures élevées associées à un déficit de pluie pourraient entrainer une disparition rapide de la neige à partir du mois davril, ce qui donnerait lieu à des feux de forêt inhabituellement précoces », observe Philippe Gachon

« Il suffira dun peu de vent ou dun orage pour que les feuilles et les aiguilles [de conifères] senflamment. Cest un combustible extrêmement inflammable, car complètement déshydraté après avoir passé lhiver sous la neige », poursuit-il. 

Cest exactement le scénario catastrophe qui sest produit en 2023 lorsque 18 millions dhectares de forêt canadienne sont partis en fumée. 

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Ellen Whitman sinquiète des feux zombies qui persistent en ce moment dans les Territoires du Nord-Ouest. Ils sont difficiles à combattre et peuvent ressurgir au printemps. 

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Des feux qui refusent de mourir

Les chercheurs prévoient par ailleurs une saison denneigement plus tardive et plus courte dans les années à venir à cause du réchauffement climatique.

« Cette perte continue de neige dans un climat qui se réchauffe signifie que les feux de forêt bruleront pendant de nombreux jours supplémentaires chaque année au Canada, surtout dans le nord », affirme Philippe Gachon. 

Un autre phénomène préoccupe les scientifiques : les incendies zombies, surnommés ainsi car ils semblent ressusciter dentre les morts. 

Ces feux souterrains se déclarent durant l’été et couvent sous la neige pendant tout lhiver, même lorsque le thermomètre tombe à -40 °C. 

« Il y en a actuellement dans le sud des Territoires du Nord-Ouest, où la sècheresse est extrême et une accumulation de neige un peu réduite par rapport à la normale », détaille Ellen Whitman. 

Comment ces incendies peuvent-ils survivre au froid glacial de lhiver arctique ? Ellen Whitman explique que les tourbières des hautes latitudes contiennent beaucoup de matière organique, qui sert de combustible, et doxygène, qui entretient la combustion. 

« La neige et la litière de mousse et daiguilles constituent des barrières qui protègent ces feux des conditions hivernales défavorables, comme la pluie ou lexcès dhumidité, et limitent les pertes de chaleur », ajoute-t-elle. 

Compliqué à combattre 

Une étude parue dans la revue Nature en 2021 a montré que des températures estivales extrêmes, qui entrainent des sècheresses intenses et allongent la saison des feux, favorisent particulièrement les incendies zombies.

« Cest alarmant, car ils peuvent ressurgir en surface au printemps suivant si le temps est de nouveau chaud, sec et venteux », avertit Ellen Whitman. 

Ces feux, presque impossibles à repérer sur les images satellites et situés dans des zones éloignées et d’accès compliqué, sont difficiles à combattre. 

Daprès les résultats de l’étude, ils raseraient des superficies relativement restreintes. Ils seraient responsables, selon une moyenne établie entre 2002 et 2018, de moins de 1 % des surfaces brulées dans les Territoires du Nord-Ouest et en Alaska. Mais ce chiffre varie fortement selon les années – atteignant jusqu’à 38 %.

La hausse des températures pourrait entrainer une augmentation du phénomène à lavenir, alors que lArctique se réchauffe à un rythme plus de deux fois supérieur au reste du monde.

« Les incendies zombies sont étroitement liés à la sècheresse et aux années de grands incendies, pour lesquels nous observons une tendance prononcée à la hausse avec le dérèglement climatique », indique Ellen Whitman.

Pour linstant, le phénomène épargne lest du Canada, « mais les conditions pourraient devenir favorables sil y a toujours moins de neige et de précipitations », prévient Philippe Gachon. 

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