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le Mardi 8 août 2023 11:00 Actualités nationales

Combustibles propres : «Le règlement n’aura pas d’impact significatif sur les prix du carburant à court terme»

Carolyn Kim est directrice des communautés et de la décarbonisation pour l’Institut Pembina.  — PHOTO - Gracieuseté
Carolyn Kim est directrice des communautés et de la décarbonisation pour l’Institut Pembina.
PHOTO - Gracieuseté
Les Premiers ministres des provinces de l’Atlantique s’opposent à l’entrée en vigueur du Règlement fédéral sur les combustibles propres. Ils prédisent des hausses importantes du prix de l’essence et du diesel. Un groupe de réflexion sur les enjeux énergétiques ne partage pas ces préoccupations, et parle au contraire d’une mesure bonne pour l’économie.
Combustibles propres : «Le règlement n’aura pas d’impact significatif sur les prix du carburant à court terme»
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Marine Ernoult / IJL – Réseau.Presse – La Voix acadienne

Les Premiers ministres des quatre provinces de l’Atlantique demandent à Ottawa de retarder la mise en œuvre du Règlement fédéral sur les combustibles propres, qui est entré en vigueur le 1er juillet. 

Cette réglementation oblige les producteurs et les importateurs de gaz et de diesel à réduire progressivement la teneur en carbone des carburants qu’ils vendent. 

D’ici à 2030, l’intensité en carbone devra diminuer d’environ 15 % par rapport aux niveaux de 2016. La mesure permettra de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 26 millions de tonnes sur sept ans.

Dans une lettre adressée au Premier ministre Justin Trudeau, le Conseil des Premiers ministres de l’Atlantique évoque des «répercussions importantes et disproportionnées de cette politique fédérale sur les Canadiens de l’Atlantique». 

Dennis King (Île-du-Prince-Édouard), Tim Houston (Nouvelle-Écosse), Blaine Higgs (Nouveau-Brunswick) et Andrew Furey (Terre-Neuve-et-Labrador) se disent préoccupés par des «pressions inflationnistes supplémentaires». 

En discussion depuis sept ans 

Les leaders provinciaux vont jusqu’à parler de «fardeau inéquitable» qui donnera lieu à «des hausses importantes du prix de l’essence et du diesel». 

Ils réclament ainsi de retarder l’application des règles «jusqu’à la réalisation d’une analyse plus approfondie et la mise en œuvre des mesures d’atténuation».

Carolyn Kim, directrice des communautés et de la décarbonisation pour l’Institut Pembina, un groupe de réflexion sur l’énergie propre, ne partage pas ces inquiétudes : «Le règlement n’aura pas d’impact significatif sur les ménages et les prix du carburant à court terme.» 

En mai, le directeur parlementaire du budget, Yves Giroux, avançait, lui, que la nouvelle réglementation pourrait coûter plus cher aux Canadiens à faible revenu qu’aux citoyens plus riches au moment de sa mise en œuvre complète en 2030. 

Des règlementations similaires sont d’ores-et-déjà en application en Colombie-Britannique et dans l’état américain de Californie. 

«Au-delà des conséquences bénéfiques pour le climat, ces mesures se sont avérées bonnes pour l’économie de ces régions. Elle ont permis de stimuler les investissements dans les énergies propres et de créer de nouveaux emplois», assure Carolyn Kim.

La spécialiste des enjeux énergétiques explique par ailleurs que le règlement fédéral est en discussion depuis sept ans, laissant suffisamment de temps aux provinces et à l’industrie pour se préparer. 

Développer des programmes d’aide

«Les pétrolières et les gazières, comme Irving Oil, avaient le temps de trouver des moyens pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de leurs produits sans avoir à répercuter les coûts sur les consommateurs», insiste-t-elle. 

Carolyn Kim estime que la position des gouvernements de l’Atlantique est probablement liée à l’entrée en vigueur concomitante de la taxe carbone fédérale : «Je suppose qu’ils s’inquiètent de l’effet cumulé des deux réglementations sur les revenus des foyers.»

À cet égard, elle recommande aux autorités provinciales d’adopter une approche globale. Elle évoque notamment la mise en place de programmes d’aide pour l’installation d’équipements à haute efficacité énergétique, comme les pompes à chaleur. 

«C’est le meilleur moyen de protéger les familles à faible revenu d’éventuelles augmentation du coût de l’énergie», souligne-t-elle.

À l’Île-du-Prince-Édouard, un programme provincial offre déjà une pompe à chaleur aux ménages dont le revenu annuel est inférieur à 75 000 dollars. La province propose également des prêts à taux zéro aux foyers qui veulent installer des équipements de chauffage électriques.