Melissa : Bonjour Louise ! Comment ça va ? Je ne sais pas si t’es familier avec Le Courrier, mais on essaie de créer du contenu diversifié et moi, je m’intéresse surtout à la musique. Ce segment a été créé pour présenter de la musique francophone à nos lectures ! Alors, merci de participer et de me parler aujourd’hui !
Louise : Bonjour ! Oui, c’est mon plaisir ! Bein, ces jours-ci, je reste à Terre-Neuve. Je suis couramment en Ontario parce que je visite ma maman. Mais ça fait 14 ans que j’habite à Terre-Neuve. Je suis Franco-Ontarienne, d’un petit village qui s’appelle Corbeil. Pis on a grandi dans une petite communauté francophone et on apprenait l’anglais en même temps. Ma mère était fixée, qu’on garde notre français. C’était très important pour elle. Pis après ça, j’ai travaillé comme comédienne à Toronto pendant 25 ans, donc je n’ai pas poursuivi la musique tout de suite ! Et 14 ans passés, moi pis mon mari, on a déménagé à Terre-Neuve avec notre petite fille pis c’est là que je m’ai dit : je veux laissé en arrière de moi ma carrière de comédienne. J’avais toujours joué un petit peu la musique, mais j’ai vraiment mis mon focus là-dessus. Je jouais dans des cabarets et des choses comme ça et, finalement, je dirais à peu près cinq ans passés, j’ai commencé à travailler avec des musiciens pour monter mes chansons, mes compositions. J’avais déjà plusieurs compositions d’écrit, mais j’imaginais toujours, Melissa, qu’il fallait que je joue la guitare en premier ! Fallait que je joue la guitare avant que je puisse être chanteuse/compositrice ! Mais, c’était slow pour moi, la guitare, so, j’ai décidé de connecter avec des musiciens pour voir si eux autres pouvaient m’accompagner à la place. Et pis ç’a vraiment bien travaillé. J’ai fini par gagner deux prix avec Arts NL pour la meilleure chanson, non seulement francophone, mais sur l’île ! So, je me suis dit, OK, I got something.
M : Wow, ça, c’est amazing ! Ça fait que t’as grandi en Ontario avec ta famille, t’as parlé le français toute ta vie, t’as resté à Toronto pendant longtemps, faire la comédie. Qu’est-ce qui vous a apporté à Terre-Neuve ?
L : Enfin, on avait la petite fille qu’avait sept ans, pis c’était très dispendieux d’acheter une maison à Toronto pis mon mari est metteur en scène, moi comédienne. On pensait qu’on n’allait jamais pouvoir s’acheter une maison ici. Quand mon mari a commencé à enseigner dans les universités, il a commencé à faire une recherche plus expansée au Canada pour voir s’il pouvait se trouver un contrat à temps plein pis Terre-Neuve, c’est la première place qui s’est présentée. C’était un contrat de huit mois, alors on est allé pis on a trouvé ça super. Je me suis dis, OK this is the land of music, or one of the lands of music in Canada. Je l’aime. Et on a décidé de rester !
M : Ça, c’est vraiment formidable. Pis t’as dit que tu jouais dans les cabarets pis ça. Est-ce que tu chantais ? Avais-tu un autre instrument que tu jouais ?
L : Je chantais pis j’étais toujours accompagné par un pianiste, soit Louis McDonald ou Allison Crowe. Y’a beaucoup de bons musiciens, évidemment, à Terre-Neuve. Donc, moi, je faisais du drame, des choses d’Édith Piaf, de Leonard Cohen, pis je jouais dans des musical reviews d’artistes, donc j’ai commencé à me faire reconnaître comme chanteuse. Ensuite, j’ai commencé à chanter mes chansons à moi. J’ai commencé à les enregistrer. Ensuite de ça, j’ai appliqué pour des fonds pour enregistrer un album et j’ai pris des cours d’un parolier, qui s’appelle Frédérick Baron, de Montréal. Pis là, lui m’a connecté avec une musicienne à Montréal – ça, c’est une très grande partie de tout ceci. Lucie Cochon est très talentueuse pis elle a beaucoup travaillé dans les cirques pis Frédérick pensait que moi et Lucie, on allait vraiment connecter. Donc, c’est elle et un gars de Terre-Neuve, Phil Churchill du groupe The Once, qui on fait une co-production pour faire mon album. Ils ont travaillé ensemble, même si Phil ne comprenait pas un mot de français et que Lucie comprenait à peine l’anglais ! C’était quelque chose ! Et on s’est rassemblé les trois à Terre-Neuve et on a enregistré pendant 10 jours.
M : Wow. Et c’était quoi, être la conductrice dans le studio pour ton projet ? Au lieu d’être la personne qui participe dans un projet à quelqu’un d’autre, mais vraiment être la personne qui prend les décisions ?
L : Ça, c’est une bonne question parce que même avant le studio juste avec Lucie, on a créé les arrangements pour les chansons. On révisait souvent les chansons ensemble pis Lucie, elle, est Montréalaise. Sa mère est professeure de langue française, donc c’est vraiment juste et correct, son français. Pis moi, comme Franco-Ontarienne avec ma mère qui est Acadienne, j’écrivais des choses dans mes chansons qui n’étaient pas exactement grammaticalement correctes. Donc, on avait des petites discussions où elle me disait, OK, ça, faut que ça change, Louise. Pis moi je disais, Lucie, ça, ça ne changerait pas ! On a trouvé un compromis dans tout ça que j’étais confortable avec.
Ensuite, dans le studio, c’était Phil qui faisait l’enregistrement. C’était son studio à lui. Pis il est tellement gentil. C’était une personne qui me disait, Louise, this is your album. Toujours, il revenait à ça. Pis moi, je lui demandais parfois, bein, qu’est-ce que t’as pensé de ce take ? Et lui me demandais, well, what did you think ? Et moi je disais, I liked that one et il me confirmait que lui l’aimait aussi. So, il était vraiment exceptionnel et il m’a vraiment invité à faire le boss dans le studio, et Lucie aussi. Elle me supportait en tant que band leader, parce que je ne suis pas musicienne. Donc, elle parlait à tous les autres musiciens : piano, cello, accordéon, percussions, contrebasse… elle était la clé pour travailler avec eux autres. Par contre, elle me demandait souvent mon avis sur les détails, comme si un instrument était trop ou pas assez. J’avais un instinct un petit peu que j’ai découvert et que j’ai venu à truster.
M : Vraiment cool. Est-ce que ça t’as pris du temps à écrire tes chansons françaises ou c’est toujours quelque chose que tu faisais même avant de t’essayer dans tes compétences de guitare ?
L : Oui, exactement. J’avais environ une trentaine de chansons sur mon ordi – des chansons en anglais, des chansons en français – mais j’avais 10-15 chansons en français pis je trouvais que mes chansons en français étaient plus intéressantes, donc je me suis fixé sur elles. Je les trouvais plus poétiques. Ensuite, je comprenais aussi que j’étais une minorité à Terre-Neuve et que j’aurais peut-être plus de chance de recevoir des fonds, que j’aurais plus d’appui. Donc c’était les deux raisons : mes chansons françaises étaient plus belles et je recevais plus d’appui, et ça s’est tout bien placé.
M : Ah, OK. Et, toi tu trouves ton inspiration de chansons de tes expériences ou une idée te vient une journée ?
L : Les deux. Si qu’il y a des grosses choses qui se passent dans ma vie, j’en écris. Comme, j’ai une chanson à propos de ma mère qu’a l’Alzheimer, de sa perspective, de ma perspective. J’ai une chanson à propos de mon père qui est décédé en 2019. J’ai écrit cette chanson quand j’étais dans l’avion pour North Bay, pour me rendre lui voir. Des fois, des chansons s’écrivent en mots pis, des fois, je les compose sur la guitare ou le piano. La chanson pour mon père, par exemple, j’ai écris les mots dans l’avion pis, ensuite, quand j’ai revenu après les funérailles, j’ai embarqué sur le piano pis j’ai composé la mélodie.
Ça m’a beaucoup aidé aussi, a passé à travers le deuil. La musique, ça aide beaucoup avec des choses comme ça.
M : Complètement. Mon diplôme est en musicothérapie et j’ai déjà travaillé avec des gens qui utilisaient l’écriture et la création de musique comme méthode pour passer à travers d’un moment difficile dans la vie. Ça peut vraiment aider à lâcher des émotions qu’on ne sait pas quoi en faire.
L : Ah, c’est tellement vrai, ça. Ça t’amène à une place où on ne peut pas tout le temps aller juste en conversation. Tu peux vraiment traiter tes émotions et en faire quelque chose de beau, aussi… ça, ça fait du bien ! C’est aussi une façon de célébrer la personne. Chaque fois que je chante sa chanson, je pense à lui.
M : C’est vraiment cool, ça. Et si qu’on veut écouter ta musique, on peut la trouver où ?
L : C’est sur iTunes et Spotify !
M : Awesome ! Et as-tu une date pour les lancements à Terre-Neuve ou une tournée de planifiée ?
L : Le lancement à Terre-Neuve s’est déjà passé dans le mois de juin, quand l’album était complété. On a fait un beau lancement pendant un festival, qui a eu lieu à Corner Brook. Mais, un lancement est planifié pour Montréal, au mois de février !
M : Ça, c’est awesome ! Et te vois-tu écrire d’autre musique dans le futur ?
L : Ouais ! J’ai déjà commencé à écrire. J’ai d’autres chansons qui s’en viennent. J’ai aussi toujours vraiment aimé le country. J’essaie, mais mes habitudes de créations ne vont pas là naturellement. Lucie avait beaucoup répondu à mon amour pour Francis Cabrel pis Édith Piaf, mais là, j’aimerais travailler avec quelqu’un qu’a un influence un peu plus country – d’apporter de la mandoline et des choses comme ça.
M : Ah, ouais, j’adore le country. C’était-il du bluegrass et de la country que t’écoutais en grandissant ?
L : Absolument. Mon père allait se coucher le soir en écoutant son bluegrass !
Merci Louise d’avoir pris le temps de discuter avec Le Courrier ! Trouver les billets pour son lancement d’album à Montréal ICI.
Trouver son site Web ICI : www.louisegauthier.ca