Si la langue française est minoritaire dans cette région multilingue, elle est toutefois bien représentée par un ensemble d’organismes et surtout par des milliers de francophones et francophiles connus sous la nomination de Franco-Ténoise et Franco-Ténois.
Selon Statistiques Canada, en 2021, plus de 10,8 % de la population ténoise était capable de soutenir une conversation en français. Ce pourcentage représente 4 395 personnes.
D’après cette entité gouvernementale, plus de 71,3 % des résidents des Territoires du Nord-Ouest (TNO), qui avaient le français comme seule première langue officielle parlée en 2021, sont nés au Canada, mais à l’extérieur des Territoires du Nord-Ouest. Les municipalités de plus de 500 habitants, où il y a plus de Franco-Ténois, sont Yellowknife, Hay River, Inuvik et Norman Wells.
Par ailleurs, il existe depuis 2010 le Réseau en immigration francophone des Territoires du Nord-Ouest (RIFTNO), un regroupement d’organismes de cette région dont la mission est d’accroître la synergie, la cohérence, l’accueil, l’établissement, l’intégration et la rétention des immigrants et réfugiés francophones aux Territoires du Nord-Ouest.
Depuis sa création, le réseau offre des services en français aux nouveaux arrivants par l’entremise du financement d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC). Grâce à RIFTNO, les nouveaux arrivants francophones sont bien encadrés dans ce vaste territoire.
De plus, les TNO comprennent une Communauté francophone accueillante (CFA) à Yellowknife, sa capitale et sa plus grande ville. C’est à la CFA de favoriser non seulement la présence d’immigrants d’expression française sur les territoires, mais aussi la disponibilité de services en français.
L’implantation de ces organismes francophones aux TNO contribue au rehaussement de la francophonie en ce sens que le nombre de personnes pouvant soutenir une conversation en français passe de 2 725 en 1991 à 4 295 en 2021, soit une augmentation de plus de 36 %.
Outre les organismes susmentionnés, en 1997, le gouvernement du Canada a créé le Conseil scolaire francophone, qui devient en 2000 la Commission scolaire francophone (CSF). La première école du CSF, l’École Allain-St-Cyr, a été inaugurée en septembre 1999.
Un autre établissement francophone est ouvert en septembre 2005, sous l’initiative des parents de Hay River. De plus, il y a la Garderie Plein-Soleil, la Radio Taïga et un comité de développement économique.
Selon Julie Lavigne dans son article De la pluralité à la communauté: construction d’une identité franco-ténoise, en dépit du fait que l’usage de l’anglais domine largement dans les TNO et le taux d’assimilation y est fort élevé, « [l]a communauté franco-ténoise parvient néanmoins à se développer, grâce à une immigration constante qui lui permet de renouveler ses effectifs ».
Si cette communauté est récente et ne détient pas de racines historiques, la chercheuse croit qu’elle tente toutefois de se composer une identité propre sur des assises partagées qui lui sont caractéristiques.
En somme, la francophonie est non seulement présente, mais aussi en progression timide. Si cette francophonie ne fait pas l’objet d’une importante littérature comme c’est le cas de celle de l’Ouest canadien, de l’Ontario ou de l’Acadie, elle est toutefois connue par la majorité linguistique ainsi que par le gouvernement fédéral. D’ailleurs, si le français est devenu officiel dans cette région, c’est grâce aux pressions du fédéral dans les années 1980.