Aujourd’hui, l’Ontario français a ses propres institutions, son drapeau et son jour de célébration. Depuis 2010, le 25 septembre, soit le jour où s’est tenu le premier lever de leur drapeau dans la ville de Sudbury (1975), est considéré comme le jour des Franco-Ontariens.
Louis-Jacques Dorais définit l’identité comme « la façon dont l’être humain construit son rapport personnel avec l’environnement ». Selon l’auteur, l’identité est appréhendée comme phénomène individuel.
Ainsi la question qui anime cette chronique est la suivante : chaque Franco-Ontarien possède-t-il sa propre conscience identitaire qui le rend différent des Québécois, des Acadiens et tout autre francophone du Canada ?
L’Ontario français devient de plus en plus connecté à la langue française. D’ailleurs, au même titre que le Québec (officiellement francophone) et le Nouveau-Brunswick (officiellement bilingue), l’Ontario est membre de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) depuis 2016, lors du Sommet de la Francophonie à Madagascar. Mais contrairement aux deux provinces susmentionnées, qui en sont des membres à part entière, Ontario est un membre observateur.
Lors de l’obtention de l’Ontario à l’OIF, Kathleen Wynne, première ministre d’alors, a déclaré que « [l]’Ontario a pris l’engagement de protéger et de promouvoir la langue française ainsi que l’identité francophone ». Elle a ajouté que la communauté franco-ontarienne fait partie intégrante du passé, du présent et même de l’avenir de cette province.
Il est utile de souligner qu’outre l’identité franco-ontarienne, « l’identité francophone » même soulignée par la première ministre parait floue dans la mesure où le français en tant que « langue plurielle » varie d’un espace francophone à l’autre.
Si les Franco-Ontariens sont les descendants des colons français, qui se sont installés en Ontario du 17ème au 19ème siècle, les francophones des autres provinces du Canada sont toutefois des descendants de ces mêmes colons français.
Qu’est-ce qu’il y a de particulier chez les Franco-Ontariens sur le plan ethnique ? Sur le plan culturel et national, ils ont plusieurs choses en commun.
Dans un article sur les origines de l’identité franco-ontarienne, l’historien Gaétan Gervais, professeur à l’Université Laurentienne, a souligné que rien ne singularise assez cette communauté pour l’élever au rang de « société distincte ».
L’historien ajoute que la rupture des liens culturels entre l’Ontario français et le Québec explique l’urgence culturelle d’affirmer une nouvelle identité franco-ontarienne. Il va sans dire que cette identité est une construction.
Grâce à cette dernière, nombreux sont les francophones en Ontario qui développent un sentiment d’appartenance à la communauté franco-ontarienne. À cet effet, les écoles de langue française dans cette province, les universités, les médias et des organismes culturels font en sorte que cette communauté soit de plus en plus soudée. Cependant, ce sentiment d’appartenance n’ouvre pas la voie automatiquement à une identité ethnique chez les Franco-Ontariens.
Aujourd’hui, les Franco-Ontariens ne partagent pas une même ascendance. Nombreux sont des immigrants francophones qui s’installent dans cette province. Ils n’ont pas toujours des caractéristiques et des expériences socioculturelles communes.
Le Réseau de soutien à l’immigration francophone de l’est de l’Ontario (RSIFEO) a pour mission d’accroître le nombre d’immigrants francophones et d’assurer la réussite de leur intégration dans cette province, particulièrement dans la région de l’Est. Une fois que ces immigrants ont été établis, ils sont entrés dans le cercle des Franco-Ontariens.
Par ailleurs, plusieurs chercheurs comme Gervais croient que l’identité franco-ontarienne à l’instar de l’identité québécoise n’est que le prolongement de l’identité canadienne-française. Cette dernière est elle-même le prolongement de l’identité française.
En somme, les Franco-Ontariens n’ont pas tous une identité ethnique. D’ailleurs, il n’y a pas qu’eux n’ayant pas cette identité. L’immigration a un impact considérable sur cette forme d’identité partout au Canada. Néanmoins, si l’on tient compte de la vitalité culturelle, de la résilience et de la ténacité de leur communauté, les Franco-Ontariens sont forts et puissants.
Un autre trait culturel qui les rassemble est la présence des différents festivals francophones, à savoir le Festival franco-ontarien, la Franco-Fête et la Nuit sur l’étang, pour ne citer que ceux-là.