En 1970, je travaillais à l’Expo 70 à Montréal, au Canada. Nous distribuions des brochures sur la Louisiane. Un homme s’est approché de notre stand et nous a demandé si nous étions vraiment de Louisiane. J’ai répondu par l’affirmative. Et il était content.
Il m’a demandé comment je m’appelais. J’ai répondu Judy Hoffman, Judy Comeaux en fait . J’étais célibataire à l’époque. Et il s’appelait Jean Comeau. Il m’a ensuite demandé d’où je venais. J’ai répondu que je venais de Church Point, en Louisiane. Il m’a répondu que lui aussi venait de Church Point, mais en Nouvelle-Écosse. J’ai répondu que je ne vivais pas vraiment à Church Point. J’habite à une douzaine de kilomètres. Il m’a répondu qu’il ne vivait pas vraiment lui aussi à Church Point et qu’il habitait à une quinzaine de kilomètres.
Puis j’ai demandé quel était le nom de son père. Il m’a répondu qu’il s’appelait Albert Comeau. J’ai dit, eh bien, c’est aussi le nom de mon père. Et sa mère s’appelait Aimée Babin. Et ma mère s’appelait Annie Babineaux. Les anniversaires de mes parents étaient le même jour et les anniversaires de ses parents étaient le même jour. Nous avons donc continué à parler et à partager. Et notre dialecte français était le même parce que je venais des Cadiens, de la même région. Nous sommes sortis ce soir-là.
Nous sommes restés jusqu’à 5 heures du matin à boire des litres de bière et à danser sur de la bonne musique cajun, que nous n’avions pas entendue depuis que nous étions là. Et puis en 1990, 20 ans plus tard, Church Point, en Nouvelle-Écosse, et Church Point, en Louisiane, se sont jumelées.
Il a donc pris l’avion avec sa femme et s’est rendu au 20e anniversaire. Il a cherché Albert Comeaux dans l’annuaire et a trouvé mes parents. Lorsqu’il est venu rendre visite à mes parents, j’étais mariée et je vivais dans une autre ville.
Il est entré et a dit : «Vous êtes Annie Babineaux?» Elle a répondu par l’affirmative. Il a dit : « J’ai rencontré votre fille il y a 20 ans à Montréal.» Et elle a dit: «Vous voulez dire que Judy n’a pas inventé toutes ces choses?».
Alors lui et sa femme sont venus à Houma, en Louisiane, à deux heures de route. Ils ont passé deux nuits avec nous et sont restés là-bas. Mon plus grand regret, c’est que j’avais trop peur de conduire ou de prendre un petit avion pour aller en Nouvelle-Écosse.
Et j’ai eu peur. Je l’ai vraiment regretté. Combien d’années plus tard, 34 ans après, il est venu me voir et je suis venue le voir. Nous sommes allés lui rendre visite avant-hier. Et j’ai pu voir où il vivait à la Pointe-de-l’Église, en Nouvelle-Écosse.