le Mercredi 11 septembre 2024
le Mercredi 21 août 2024 12:17 Photoreportage

Des retrouvailles au CMA 2024, 35 ans plus tard

L'histoire de Judy Comeaux Hoffmann et Jean-Douglas Comeau est digne d'un roman. Une première rencontre dans les années 70, une autre 20 ans après et finalement, des retrouvailles 35 ans plus tard au CMA 2024. Ce récit fait partie de ces petites histoires qui font la grande Histoire de la diaspora acadienne.
Des retrouvailles au CMA 2024, 35 ans plus tard
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Le début d’une histoire…

Tout a commencé par un message texte énigmatique d’une dénommée Judy Comeaux reçue sur le téléphone du Courrier de la Nouvelle-Écosse. Un appel s’en est suivi. Je n’étais pas bien certain de bien comprendre, mais j’avais l’intuition qu’il s’agissait d’une histoire qui méritait d’être racontée. Puis j’ai rencontré Judy Comeaux Hoffmann à L’Échange du CMA 2024 le 14 aout 2024… »

— Nicolas Jean

Judy Comeaux Hoffmann est venue me rendre visite au stand du Courrier le mercredi 14 aout 2024 à l’Échange du CMA 2024 au Mariners Center de Yarmouth. Nous en avons profité pour faire une photo. Elle tient ici la première édition de notre journal de 1937. Un moment privilégié pendant lequel Judy a partagé son histoire avec moi. J’ai eu la chance de pouvoir enregistrer son témoignage. 

Nicolas Jean

AUDIO – Le témoignage de Judy Comeaux Hoffmann (en anglais) recueilli à l’Échange du CMA 2024 le mercredi 14 aout 2024 et retranscrit plus bas en français.

En 1970, je travaillais à l’Expo 70 à Montréal, au Canada. Nous distribuions des brochures sur la Louisiane. Un homme s’est approché de notre stand et nous a demandé si nous étions vraiment de Louisiane. J’ai répondu par l’affirmative. Et il était content.

Il m’a demandé comment je m’appelais. J’ai répondu Judy Hoffman, Judy Comeaux en fait . J’étais célibataire à l’époque. Et il s’appelait Jean Comeau. Il m’a ensuite demandé d’où je venais. J’ai répondu que je venais de Church Point, en Louisiane. Il m’a répondu que lui aussi venait de Church Point, mais en Nouvelle-Écosse. J’ai répondu que je ne vivais pas vraiment à Church Point. J’habite à une douzaine de kilomètres. Il m’a répondu qu’il ne vivait pas vraiment lui aussi à Church Point et qu’il habitait à une quinzaine de kilomètres.

Puis j’ai demandé quel était le nom de son père. Il m’a répondu qu’il s’appelait Albert Comeau. J’ai dit, eh bien, c’est aussi le nom de mon père. Et sa mère s’appelait Aimée Babin. Et ma mère s’appelait Annie Babineaux. Les anniversaires de mes parents étaient le même jour et les anniversaires de ses parents étaient le même jour. Nous avons donc continué à parler et à partager. Et notre dialecte français était le même parce que je venais des Cadiens, de la même région. Nous sommes sortis ce soir-là.

Nous sommes restés jusqu’à 5 heures du matin à boire des litres de bière et à danser sur de la bonne musique cajun, que nous n’avions pas entendue depuis que nous étions là. Et puis en 1990, 20 ans plus tard, Church Point, en Nouvelle-Écosse, et Church Point, en Louisiane, se sont jumelées.

Il a donc pris l’avion avec sa femme et s’est rendu au 20e anniversaire. Il a cherché Albert Comeaux dans l’annuaire et a trouvé mes parents. Lorsqu’il est venu rendre visite à mes parents, j’étais mariée et je vivais dans une autre ville.

Il est entré et a dit : «Vous êtes Annie Babineaux?» Elle a répondu par l’affirmative. Il a dit : « J’ai rencontré votre fille il y a 20 ans à Montréal.» Et elle a dit: «Vous voulez dire que Judy n’a pas inventé toutes ces choses?».

Alors lui et sa femme sont venus à Houma, en Louisiane, à deux heures de route. Ils ont passé deux nuits avec nous et sont restés là-bas. Mon plus grand regret, c’est que j’avais trop peur de conduire ou de prendre un petit avion pour aller en Nouvelle-Écosse.

Et j’ai eu peur. Je l’ai vraiment regretté. Combien d’années plus tard, 34 ans après, il est venu me voir et je suis venue le voir. Nous sommes allés lui rendre visite avant-hier. Et j’ai pu voir où il vivait à la Pointe-de-l’Église, en Nouvelle-Écosse.

 

— Judy Comeaux Hoffmann

Jean-Douglas Comeau et sa femme Denise LeBlanc Comeau reçoivent la visite à leur domicile de Judy Comeaux Hoffmann, 35 ans plus tard après leur retrouvailles en Louisiane.

Judy Comeaux Hoffmann

En anglais, un article datant des années 70 retraçant la première rencontre de Judy avec Jean-Douglas et publié dans le cadre de l’exposition « Man and His World » en 1970 de Montréal qui a succédé à l’Expo 67.

Judy Comeaux Hoffmann posant au pied de la tombe des parents de Jean-Douglas Comeau en Nouvelle-Écosse.

Judy Comeaux Hoffmann

Dernières pensées

Pendant le CMA 2024, de nombreuses discussions ont eu lieu au sujet des frontières de l’Acadie. Pour beaucoup, ce fut la réalisation que nous avons plus en commun que ce que l’on pense. Que l’on soit en Louisiane, en France, en Acadie canadienne, au Québec, ou ailleurs dans le monde, il faut multiplier les liens entre les différentes communautés de la diaspora. Ce n’est pas une idée nouvelle, mais il semblerait qu’il y ait un momentum à saisir. L’histoire de Judy et Jean-Douglas est là pour nous le rappeler et cette histoire a commencé en 1970. 

— Nicolas Jean

Judy Comeaux Hoffmann au tintamarre de Yarmouth, le 15 aout 2024 dans le cadre du CMA 2024.

Nicolas Jean