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Quoisse t’en penses : l’identité acadienne et la langue française sur la table

La conférence d'ouverture s’est tenue dans la Chapelle de l’Université Sainte-Anne.  — Crédit : Jean-Philippe Giroux 
La conférence d'ouverture s’est tenue dans la Chapelle de l’Université Sainte-Anne.
Crédit : Jean-Philippe Giroux 
L’évènement quinquennal des États généraux, autour de la grande question «Quoisse t’en penses», a attiré à l’Université Sainte-Anne plus d’une centaine de personnes de divers horizons pour se pencher sur l’avenir de l’Acadie.
Quoisse t’en penses : l’identité acadienne et la langue française sur la table
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Jean-Philippe Giroux

IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse

Sous la direction de la Société Nationale de l’Acadie, la conférence d’ouverture et les grandes consultations qui ont suivi ont permis aux participants d’explorer les préoccupations les plus communes auxquelles font face les communautés acadiennes aujourd’hui. 

Ce fut le bilan des dernières consultations de la SNA, qui a organisé une quinzaine de rencontres à travers la diaspora acadienne auxquelles plus de 150 personnes se sont prêtées au jeu. 

Deux inquiétudes majeures ont été évoquées, soit l’identité acadienne et le futur de la langue française, les thèmes de la conférence d’ouverture. 

À lire aussi : Conférences lors du Congrès mondial acadien sur l’avenir de l’Acadie avec la Société nationale de l’Acadie

Organiser une réflexion collective sur deux jours lors d’une occasion festive n’a pas été chose facile, a déclaré Martin Théberge, président de la SNA. «On nous a souvent reproché de vouloir réfléchir à notre avenir, au beau milieu d’une grande célébration. D’autres voudraient, au contraire, y consacrer plus de temps.» 

L’édition de 2024 est une façon de concilier ces deux divergences, a informé le président. 

Pour illustrer l’importance de sa langue et de son identité, Zachary Richard a raconté son histoire, de son «moment aha» à aujourd’hui. 

Crédit : Jean-Philippe Giroux 

L’inclusion au cœur du débat

L’invité d’honneur Zachary Richard, un défenseur du français en Louisiane, a souligné le fait que la notion de l’inclusion est fondamentale à l’Acadie et une piste importante pour son avenir. 

Selon M. Richard, «les Acadiens, par leur nature, par leur histoire, sont particulièrement bien équipés pour évoquer une histoire d’inclusion». Par exemple, en Louisiane, il y a un développement de l’identité franco-louisianaise, qui inclut les gens de diverses nationalités. 

Il a fait le parallèle avec son dernier voyage à Caraquet, durant lequel il a découvert une plus grande présence des Afro-Acadiens. «Il faut insérer les immigrants dans nos communautés et leur donner la notion de cette fierté qui nous fait vibrer.»

Les panélistes Mathieu Gingras, directeur du développement au bureau du recrutement étudiant à l’Université de Moncton, et Raymond Théberge, commissaire aux langues officielles du Canada. 

Crédit : Jean-Philippe Giroux 

Dans le cadre du travail du Commissaire aux langues officielles, au-delà de la promotion et de la protection du français, il y a divers engagements dans la Loi sur les langues officielles modifiée, dont l’épanouissement et le développement des communautés francophones et anglophones en situation minoritaire, de la petite enfance jusqu’au postsecondaire. 

«À tout moment, si les services ne sont pas offerts, si on n’a pas accès à des institutions, bien, c’est des moments où les gens décrochent», commente Raymond Théberge, commissaire aux langues officielles du Canada. 

Il est optimiste que ladite loi aura une influence positive sur les communautés, si elle est bien appliquée. Il est mentionné qu’on doit faire une révision périodique d’ici 10 ans. 

M. Théberge a recommandé au ministère du Patrimoine canadien de mettre en place un cadre d’analyse d’impact de la Loi sur les communautés minoritaires pour mieux comprendre son effet, mais aussi pour apporter des changements et des modifications pour combler les lacunes. 

Le français comme point rassembleur

Zachary Richard a mentionné à deux reprises que le maillon faible en Louisiane est la langue française, en danger auprès de la nouvelle génération. Si la musique et les traditions culinaires sont vivantes, il se questionne sur la façon de transmettre l’identité linguistique. 

Jean-François Roberge, ministre québécois de la Langue française et ministre responsable des Relations canadiennes et de la Francophonie canadienne. 

Crédit : Nicolas Jean

Le ministre québécois de la Langue française Jean-François Roberge, l’un des panélistes de la discussion, précise que la position du Québec, soit de défendre la promotion de la langue française sur son territoire, coïncide avec la place que prend l’Acadie dans les décisions de son gouvernement. 

«Même si le français est largement majoritaire au Québec, il l’est moins que l’an passé», a rappelé le ministre. 

Durant le panel, il a ajouté qu’il faut agir pour freiner le déclin du français au Québec. C’est pour cette raison qu’un groupe d’action a été créé afin de mettre en œuvre le Plan pour la langue française, dont l’un des objectifs est de renforcer et soutenir les communautés francophones du Canada. 

Lors d’un entretien avec Le Courrier, le ministre Roberge a mentionné que, durant son passage en Nouvelle-Écosse pour la Rencontre annuelle du Conseil des ministres sur la francophonie canadienne, les ministres ont travaillé sur, entre autres, la pénurie des enseignants de langue française et la découvrabilité pour les médias et les contenus culturels. 

L’année dernière, Statistique Canada a révélé des données linguistiques de chacune des provinces. En Nouvelle-Écosse, on a constaté une hausse du nombre de personnes pouvant converser en français, mais également une baisse de la population dont le français est la première langue parlée.

À lire aussi : La langue française est-elle en déclin en Nouvelle-Écosse?

Selon M. Roberge, chaque indicateur sur la langue mérite sa politique et ses actions. «Il y a des gens, je vais le dire sincèrement, qui essaie de nous endormir, qui essaie de dire, tout va bien, fais dodo, inquiète-toi pas”. C’est pas vrai. Il faut être vigilant.»

Le pouvoir politique 

L’une des consultations du 12 aout portait sur le pouvoir politique des Acadiens à l’échelle fédérale, en présentant un sommaire d’un rapport préliminaire. 

Accompagné des panélistes et chercheurs Michelle Landry et Rémi Léger, on s’est demandé de quelle manière l’on peut renforcer le pouvoir des peuples acadiens sur la colline parlementaire. 

Le sentiment était partagé par plusieurs participants dans la salle. «Je crois que les gens ont bien apprécié le fait qu’ils ont pu voir que, nous, on essaie de se donner des objectifs, mais qu’on veut que la communauté nous aide à établir des objectifs afin qu’on puisse aider nos communautés», explique Darrell Samson, député fédéral de Sackville—Preston—Chezzetcook. 

La discussion a été organisée par des parlementaires acadiens, dont le député fédéral de Nova-Ouest, Chris d’Entremont, qui a regroupé il y a quelques mois ses collègues acadiens, Mme Landry et M. Léger, afin de préparer l’étude pour la consultation. 

Le consensus est qu’il faudrait créer un caucus acadien transpartisan dont le but serait de faire avancer les intérêts des communautés acadiennes et de mieux représenter les Acadiens dans les structures fédérales. 

«On va vraiment regarder de proche la décision, les questions qui ont été remises à matin», déclare M. d’Entremont. 

«C’est le début d’une discussion d’un projet qu’on continue à Ottawa, entre sénateurs et députés, pour voir comment est-ce qu’on peut mieux travailler ensemble», renchérit le sénateur Réjean Aucoin. 

M. d’Entremont a mentionné qu’il espère qu’un plan plus concret sera prêt d’ici octobre. 

Les autres consultations des États généraux ont permis de toucher à d’autres problèmes soulevés lors des rencontres de cuisines de la SNA, dont l’immigration et l’intégration des nouveaux arrivants, l’inclusion des jeunes et l’insécurité linguistique. 

La discussion a été organisée par des parlementaires acadiens, soit le député fédéral de Nova-Ouest, Chris d’Entremont, le député fédéral de Sackville—Preston—Chezzetcook, Darrell Samson, le sénateur Réjean Aucoin ainsi que le sénateur René Cormier. Les panélistes étaient Michelle Landry, chaire de recherche du Canada sur les minorités francophones et le pouvoir, et Rémi Léger, directeur du programme de la cohorte française et professeur à l’Université Simon Fraser. 

Crédit : Jean-Philippe Giroux