D’entrée de jeu, par « années 1968 », il faut entendre la période comprise entre la fin des années 1960 jusqu’au début des années 1980, qui était grandement marquée par le militantisme intense et le changement culturel rapide partout dans le monde.
En mai 1968, la France a été bouleversée par une alliance entre étudiants et ouvriers, qui ont manifesté pour exprimer, entre autres, contre des inégalités sociales. Plus de 10 millions de personnes ont arrêté le travail au cours de cette année.
Cependant, selon Michael Poplyansky, le directeur principal de l’ouvrage en question, les événements les plus significatifs à ses yeux et pour lesquels lui et ses collègues ont écrit le livre, sont ceux du Canada, particulièrement de l’Acadie.
D’ailleurs, Joel Beliveau, l’un des codirecteurs de l’ouvrage, a publié en 2014 dans les Presses de l’Université d’Ottawa, Le « moment 68 » et la réinvention de l’Acadie.
Le milieu acadien n’oubliera jamais cette année-là. Le 20 janvier 1968, une délégation acadienne s’est rendue à Paris, pas comme un cheveu sur la soupe. C’était à la suite de l’invitation du général de Gaulle, président français de l’époque.
Cette année a aussi été marquée par les manifestations des étudiants de l’Université de Moncton. Plus de 2 000 personnes manifestaient dans les rues de Moncton, scandant « on veut du français ! ». C’était contre le maire de Moncton, Leonard Jones, un francophobe notoire.
La Baie Sainte-Marie a aussi été touchée par ces événements majeurs. En décembre 1968, les étudiants du Collège Sainte-Anne (actuellement Université Sainte-Anne) manifestaient en vue d’empêcher le gouvernement provincial de déménager leur campus à Yarmouth, une ville anglophone.
En dépit du fait que les médias parlent encore de ces événements majeurs, les co-directeurs de l’ouvrage en question croient qu’un aspect important de ce mouvement demeure mal compris : les revendications collectives des minorités nationales dont la présence sur un territoire précède l’existence de l’État. « Notre ouvrage innove aussi d’une autre façon. Plusieurs textes tentent de lier les mouvements nationalitaires des années 1968 à d’autres mouvements sociaux, notamment le féminisme de la deuxième vague », a-t-on lu dans l’introduction dans ce livre, et réitéré par Popylansky lors de la grande première. Effectivement, le contenu de cet ouvrage ne se limite pas au Canada, encore moins aux francophones.
Les co-auteurs, dont trois étaient présents lors de la grande première, laissent croire que les origines de ce livre remontent à un colloque du Réseau de la recherche sur la francophonie canadienne, qui a eu lieu à La Cité universitaire francophone de l’Université de Regina dans la province Saskatchewan, en juin 2018.
En dépit du plomb qu’il y avait dans l’aile du projet, surtout avec la COVID-19, l’ouvrage voit le jour grâce à une subvention du Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH), ainsi qu’une aide financière de la Chaire pour le développement de la recherche sur la culture d’expression française en Amérique du Nord (CEFAN) de l’Université Laval.
Outre les co-directeurs susmentionnés, d’autres auteurs ont utilisé leur plume pour la rédaction de l’ouvrage. Ils sont Ingo Kolboom, Ignacio M. García, Jérôme Melançon, Daniel Poitras, Sarah Nickel, Lucie Terreaux, Nicole Boudreau, Jean-Marie Nadeau, Laurier Gareau et David Cheramie.
Ils vivent tous dans le milieu universitaire à titre de professeurs et chercheurs. Michael Poplyansky, historien de formation et auteur de plusieurs livres et articles, est actuellement professeur agrégé à La Cité universitaire francophone de l’Université de Regina.
Clint Bruce est professeur à l’Université Sainte-Anne et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en études acadiennes et transnationales, logée à la même université.
Joel Belliveau, professeur émérite à l’Université Laurentienne, a été aussi professeur à l’Université de Moncton. Anne-Andrée Denault, qui est aussi docteure, est professeure de sociologie au Cégep de Trois-Rivières depuis 2001 et chargée de cours à l’Université du Québec à Trois-Rivières.
Enfin, Stéphanie St-Pierre était chargée de cours à l’Université Laurentienne et à l’Université de Sudbury, avant de s’installer à la Baie Sainte-Marie, où elle enseigne à l’Université Sainte-Anne.