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Une nouvelle association se mobilise pour restaurer la rivière de Magré

Une carte topographique de la rivière de Magré. 
 — PHOTO: Canada Topo Maps
Une carte topographique de la rivière de Magré.
PHOTO: Canada Topo Maps
La Margaree River Association, établie en juillet, souhaite restaurer la rivière de Magré, qui s’est détériorée au fil des années, en grande partie à cause des effets des changements climatiques.
Une nouvelle association se mobilise pour restaurer la rivière de Magré
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Jean-Philippe Giroux – IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse

Denis Cormier, président de la Margaree Rivers Association, affirme «qu’on est 15 à 20 années en retard sur ce problème». 

Les grands évènements climatiques des dernières décennies ont entrainé des changements dévastateurs à la forme et la structure de la rivière, qui s’élargit, mais devient aussi moins profonde. 

La rivière a même perdu des fosses à saumon au cours des dernières décennies. «C’est vraiment une perte énorme pour notre région», lance M. Cormier. 

L’une des causes majeures est la hausse des fortes pluies sur de courtes périodes de temps, ce qui a fait monter le niveau de l’eau et changé l’écoulement des cours d’eau, menant, de fil en aiguille, à une érosion des berges ainsi qu’une destruction et une perte de la flore et de la faune. 

La truite et le saumon ont besoin de naviguer dans des eaux plus profondes, surtout quand il fait chaud. Lorsque l’eau n’est pas creuse, la rivière se réchauffe davantage, car la lumière du soleil se reflète sur le gravier au fond des cours d’eau, créant ainsi des zones trop chaudes pour les poissons. 

Au-delà de la perte écologique, il y a eu une perte économique pour les entreprises près de la rivière, fait remarquer le président, car le changement des cours d’eau a réduit de plusieurs mètres la taille de certains ruissèlements. «Ç’a été un véhicule économique pour beaucoup d’années, et présentement, c’est en train d’être détruit.»

La rivière de Magré est reconnue mondialement pour sa pêche au saumon. Les changements au régime d’écoulement auront des effets négatifs à long terme pour la rivière et ses pêcheurs.

PHOTO: Facebook - Tammy Aucoin

Une étude de 2017 produite par la Margaree Salmon Association avait identifié des endroits de moyenne et de haute priorité, où il était nécessaire de faire du travail de restauration. Seulement un endroit était considéré comme étant stable. 

Selon le rapport, la partie la plus instable de la rivière faisant partie de l’étude était la région entre Portree et le pont de Cranton Crossing. 

«[La section] s’est avérée être excessivement dégradée et elle s’enfonçait profondément dans le lit du cours d’eau, peut-on lire dans le rapport. L’importance de la dégradation du lit indique que cette section est instable et contribue à l’apport de sédiments en aval.»

M. Cormier se désole que le rapport n’a pas mené à des travaux de restauration plus systématiques, à grande échelle et de manière immédiate. «Présentement, ces endroits-là qui étaient de haute priorité et moyenne priorité […] ont été complètement détruits», au dire du président. 

Le Courrier a contacté la Margaree Salmon Association pour faire une entrevue avec un membre de l’Association, sans retour avant la date de tombée de cet article. 

La Margaree River Association cherche à effectuer une deuxième évaluation de la géomorphologie fluviale de la rivière pour cibler les endroits endommagés et les priorités en 2024. 

Pour ce faire, l’Association est en train de persuader les gouvernements de tous les niveaux à leur avancer les fonds nécessaires pour faire l’évaluation. L’intention serait, par la suite, d’élaborer et suivre un plan d’amélioration. 

Mais les évaluations de la géomorphologie fluviale sont couteuses, à la hauteur de plusieurs dizaines de milliers de dollars, d’où les efforts récents de l’Association. D’autres fonds existent pour mitiger les dommages des changements climatiques, une autre piste dans leur travail de restauration. 

À l’heure actuelle, l’Association met son énergie dans la quête d’argent, mais également dans le travail de sensibilisation. Elle a préparé une campagne de promotion pour informer la population de l’état de la santé de la rivière de Magré. 

Cet été, elle a organisé une réunion annuelle, qui a attiré une quarantaine à une cinquantaine de citoyens. «Pour nous, le monde est en train de réagir d’une façon très positive, en disant, ah, finalement, il y a quelque chose qui va arriver», mentionne M. Cormier. 

Depuis les dernières semaines, l’Association a eu la chance de rencontrer le député d’Inverness Allan MacMaster, qui a proposé des suggestions pour aller de l’avant. Elle souhaite travailler avec le député afin de trouver les fonds nécessaires. 

Il y a aussi eu une rencontre avec le député fédéral pour Cap-Breton-Canso, Mike Kelloway, afin de dresser une liste d’objectifs, dont l’établissement de contacts avec le ministère des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne, où M. Kelloway est secrétaire parlementaire, pour faire approuver les travaux. 

De plus, l’Association a demandé au député s’il serait possible de former des contacts avec d’autres départements fédéraux pour élargir son réseau. 

«Quand on est une petite association qui vient de commencer, on n’a pas de contacts, donc c’est très important d’essayer de former les contacts parce que le type de financement qu’on est en train de demander, c’est pas quelque chose qu’on va [obtenir] en collectionnant cinq dollars ici et là de la population de Magré, précise le président. Ça va prendre des centaines de milliers de dollars.» 

La rivière de Magré est reconnue pour diverses raisons, notamment la pêche au saumon, qui attire des gens de partout dans le monde chaque année. Elle est considérée comme l’un des bijoux du pays, faisant partie du réseau des rivières du patrimoine canadien depuis 1998.