La Rug Hooking Guild of Nova Scotia a été créée à l’origine pour promouvoir le crochetage de tapis dans notre province, mais aujourd’hui, s’est étendue au Nouveau-Brunswick et à l’Île-du-Prince-Édouard.
Son objectif est de favoriser le partage, l’inspiration et le dialogue. Tout crocheteur peut devenir membre de la Rug Hooking Guild of Nova Scotia. Actuellement, la Guilde compte plus de 700 membres qui représentent chaque province du Canada, ainsi que des membres aux Bermudes, au Japon, en Écosse et aux États-Unis.
La Guilde a été créée en 1979 et la première école de crochetage a ouvert ses portes à Church Point en 1980. Elle a ensuite été constituée en société en 1997 en Nouvelle-Écosse.
Plus encore qu’une association, la Rug Hooking Guild of Nova Scotia représente une communauté de membres engagés, allant des débutants aux contributeurs à vie.

Laurette Deveau avec un tapis fait par Marie Poirier il y a 40 ans.
La crocheteuse de tapis de Chéticamp, Betty Ann Cormier, est passionnée par l’art du crochet et s’est lancée dans une nouvelle aventure.
« Je suis devenue membre de la Rug Hooking Guild of Nova Scotia et il y avait différents aspects de l’association qui cherchaient des bénévoles, raconte-t-elle. Celui qui m’a vraiment attiré était le projet de registre des tapis patrimoniaux. Je me suis rendu compte qu’il serait difficile pour quelqu’un de l’extérieur d’arriver à Chéticamp et d’essayer de dénicher et de recueillir tous les renseignements sur les magnifiques tapis que nous avons ici dans nos communautés acadiennes. Sans hésiter, j’ai su que ce projet était pour moi et j’ai participé en tant que bénévole. »
« C’est par hasard que je suis tombée sur ce projet spécial qui me tient à cœur, explique-t-elle. Je n’étais qu’un jeune enfant lorsque j’ai appris l’art de la tapisserie. Je me souviens de nombreux après-midi passés avec ma tante Bella LeFort, qui me montrait comment crocheter des tapis. Lorsque j’avais environ dix-huit ans, elle m’a proposé sa boutique, mais à l’époque, je n’étais pas intéressée et je regrette profondément cette décision. »
« Je suppose que cela a toujours fait partie de moi. Le Tapis Hooké semble m’appeler, car il a fait partie intégrante de ma famille. C’est ainsi que nous payions certaines de nos dépenses. Je me souviens qu’un été, ma sœur Ginette et moi avons vendu des pièces pour acheter une télévision et une autre fois, un vélo que nous avons partagé. Autant d’histoires qui me ramènent au cadre et aux tapis crochetés. »
« Lorsque j’ai pris ma retraite et que je suis revenue vivre à la maison il y a quatre ans, j’ai rapidement réalisé qu’il y a beaucoup de femmes et d’hommes qui crochètent des tapis et qui n’ont jamais été reconnus ou qui ne sont même pas reconnus pour leur travail. Vous voyez, les gens n’ont pas toujours été fiers d’être des crocheteurs de tapis. Dans le passé, pour beaucoup, cela signifiait probablement que l’on avait besoin d’un revenu supplémentaire. C’est vraiment un art et il y a une étude à faire derrière cela. Nos crocheteurs ont créé de magnifiques tapis et leur sagesse, leurs connaissances et leur incroyable talent sont incommensurables ! »
« Pour clarifier, ce projet vise à enregistrer et à cataloguer les tapis qui ont été fabriqués il y a vingt-cinq ans ou plus. Une fois que toutes les informations auront été collectées et enregistrées, elles seront partagées publiquement sur leur site web. »
Mme Cormier ajoute : « Vous vous demandez peut-être pourquoi il est si important d’enregistrer ces tapis. Eh bien, il suffit de regarder les quelques photos que nous avons dans la publication L’histoire des tapis hookés de Chéticamp. On y voit d’incroyables tapis de toutes tailles, même les inimaginables créations de 36 x 18 pieds.
« Il est si important de documenter et de voir les magnifiques œuvres qui ont été créées par les hommes et les femmes de Chéticamp et de la région, qu’ils vivent ici ou ailleurs. Beaucoup de leurs histoires n’ont pas été enregistrées, certaines de ces personnes ne sont plus parmi nous ou leur mémoire leur fait défaut. J’ai lancé une invitation à tous les artisans de tapis crochetés à participer à ce projet, en reconnaissant leur bel art. »
« Pensez-y, les tapis vont être catalogués, comme une bibliothèque qui sera disponible sur Internet et que les gens pourront voir et apprendre qui a fait le tapis et d’autres détails relatifs à son histoire. »
« Jusqu’à présent, les choses se passent bien avec ma recherche. Je suis impliquée dans ce projet depuis le mois de juin avec les femmes de Halifax, mais je n’étais pas disponible pour commencer le processus ici avant le 1er septembre. J’ai contacté des personnes sur Facebook et d’autres médias. J’utiliserai d’autres méthodes pour entrer en contact avec les hookeuses de tapis à l’avenir, car beaucoup de gens ne sont pas sur les médias sociaux. »
« Lors de la première séance, en trois heures environ, nous avons enregistré 21 tapis. C’était tellement excitant et intéressant de rencontrer ces artistes et d’entendre leurs histoires, a exprimé Mme Cormier. Je me donne tout l’hiver pour réaliser ce projet. Personne n’a besoin de se précipiter. Nous devons donner aux gens le temps de se manifester et d’enregistrer leurs tapis. »
Cormier a expliqué le processus : « Nous voulons que les gens sachent que nous n’essayons pas d’acheter les tapis ou de les leur enlever. Ce n’est certainement pas le cas. Nous recherchons toutes sortes de produits de tapis crochetés, sous-verres, housses de chaises, tentures murales, grands tapis, etc. Ceux fabriqués avec de la laine, tressés, des tapis crochetés et ainsi de suite. Si quelqu’un a une pièce avec un numéro d’enregistrement de la Rug Hooking Guild of Nova Scotia au dos, et bien, je pense que cela ne peut qu’ajouter de la valeur à son tapis, car il est enregistré quelque part. »
Elle poursuit : « Lorsque les tapissiers arrivent avec leurs pièces, il y a deux formulaires à remplir. Ils ne sont pas difficiles, et je suis tout à fait disposée à les aider. Le premier est un formulaire d’autorisation me permettant de transmettre leurs informations à la Rug Hooking Guild of Nova Scotia afin qu’elles soient partagées publiquement. Le deuxième formulaire concerne les données historiques du tapis. Des questions telles que : qui a crocheté le tapis, les motifs, l’année de fabrication, la taille, la forme, qui a conçu la pièce et l’histoire liée au tapis. »
« Il est important que les gens viennent me voir avec leur travail afin que je puisse collecter autant d’informations que possible. Je termine par une photo de l’avant et de l’arrière de la pièce avec le billet de la Rug Hooking Guild of Nova Scotia. Tout cela sera catalogué par la suite. »
Mme Cormier a parlé du volume de travail : « Nous prévoyons que nous aurons beaucoup de tapis à cataloguer, y compris ceux du musée des Trois Pignons. Nous savons qu’il y a beaucoup de tapis dans les foyers d’artisans décédés, et nous espérons que leur famille ou leurs amis apporteront leurs tapis et nous permettront d’enregistrer ces magnifiques pièces de travail. Ils faisaient tous partie de l’industrie et ne sont pas tous mentionnés dans les livres. Voici leur chance. »
« Il est tellement intéressant de voir que chaque tapis a sa propre histoire, constate-t-elle. J’ai l’impression que nous dévoilons des trésors enfouis. »
Avec un petit rire, elle parle d’une histoire survenue récemment : « Je connaissais très bien Gérard et Annie Rose Deveau, mais c’est une histoire que Gérard n’avait jamais partagée avec moi. Apparemment, à l’époque, les hommes faisant du crochetage de tapis se promenaient avec un crochet dans leur poche. C’est comme ça que Gérard rencontrait ses petites amies. Il savait où les femmes travaillaient sur un grand tapis et venait leur donner un coup de main. C’est comme ça qu’il a rencontré Annie Rose. Imaginez ! J’adore ce genre d’histoires et bien d’autres encore. Bien entendu, aucune information ou histoire n’est partagée sans autorisation. »
« J’ai rencontré des gens qui ont des tapis avec beaucoup de sentiments attachés. Ils ont été faits pour un anniversaire ou d’autres occasions spéciales. Nous avons des tapis de Chéticamp qui sont dans des maisons dans tout le pays. Ceux qui sont loin et qui ont ces pièces dans leur maison n’ont pas besoin d’être ici. Nous avons trouvé un moyen de prendre contact par e-mail. Nous voulons enregistrer le plus de pièces possible et nous ne voulons pas que la distance soit un obstacle. »
La prochaine séance d’enregistrement des tapis aura lieu le 1er octobre aux Trois Pignons.
(Certaines de ces informations sont tirées d’une récente entrevue avec Daniel Aucoin, animateur de la radio CKJM, et Betty Ann Cormier – avec sa permission).